Mort tragique de Robin Williams

Hollywood pleure le performeur qui l'a fait rire pendant quatre décennies. Robin Williams est décédé. L'acteur américain aurait mis fin à ses jours par asphyxie. Car l'énergie qui animait ce génie de la comédie, c'était celle du désespoir.

Père travesti, Peter Pan vieillissant, nounou excentrique, DJ militaire irrévérent, tueur de sang froid ou professeur de littérature rebelle, Robin Williams a joué en virtuose toute la partition du rire aux larmes. Adulé par le public comme par l'industrie du cinéma, décrit immanquablement comme un homme "doux", "adorable", amenant toujours le sourire aux lèvres de ceux qu'il rencontrait, cet artiste talentueux, ultra-doué même, était aussi un homme sensible et profondément torturé. Il souffrait d'une "sévère dépression" selon son attachée de presse
Robin McLaurin Williams, 63 ans, résident de Tiburon, près de San Francisco, en Californie, s'est suicidé par pendaison selon la police qui a précisé que l'acteur avait été retrouvé en position assise, une ceinture fermée autour du coup, un poignet entaillé par un couteau.
Sa femme Susan Schneider, épousée en troisièmes noces en 2011, a déclaré : "Ce matin, j'ai perdu mon mari et mon meilleur ami, et le monde a perdu l'un de ses artistes les plus aimés". "Mon coeur est totalement brisé", a-t-elle ajouté, demandant que "l'accent ne soit pas mis sur son décès, mais sur les moments de joie innombrables et de rire qu'il a donnés à des millions de gens".

Hommage à l'un des interprètes les plus brillants de sa génération

Extrêmement physique, doté d'un regard perçant et d'un visage à l'impressionnante plasticité, à l'aise dans le grotesque comme dans les tirades philosophiques, Robin Williams a exploré avec brio le registre des émotions humaines jusqu'à être emporté par ses démons...
Né en juillet 1951 à Chicago, Robin Williams racontait qu'il était un garçon timide qui pouvait faire rire sa mère en imitant sa grand-mère. Après avoir étudié l'art dramatique à la prestigieuse Julliard School, il débute sa carrière par des spectacles dans des night-clubs. Révélé par un épisode de la série télévisée "Happy Days" en 1974, ce gentil trublion s'installe dans les foyers grâce à son rôle d'extraterrestre dans la sitcom "Mork & Mindy". Au cinéma, Robert Altman le choisit pour son adaptation de "Popeye" (1980) puis Barry Levinson en fait la tête d'affiche de "Good Morning Vietnam". Mais c'est avec son interprétation poignante de professeur inspiré face à des adolescents influençables que Robin Williams rencontre le succès dans "Le Cercle des poètes disparus" (1990), avant de connaître la gloire sous les oripeaux de "Mrs Doubtfire" (1993), film dans lequel il incarne un comédien divorcé déguisé en gouvernante britannique pour se rapprocher de ses enfants.
S'il savait danser avec un balai, cet acteur comique était aussi capable d'une grande subtilité comme dans "Will Hunting", pour lequel il a remporté l'unique Oscar de sa carrière, récompensant son interprétation d'un psychologue qui saura comprendre et aider un jeune homme surdoué mais en difficulté psychique.

Hyperactif, Robin Williams avait également prêté sa voix et son intensité aux films d'animation Disney. Ces dernières années, il était le président Teddy Roosevelt dans la série des "Nuits au musée", avec Ben Stiller.

Un homme pressé et blessé

Lors de ses séances quotidiennes de footing sur le Golden Gate Bridge, Robin Williams regardait dans le vide, une partie de lui-même reculait de peur, l'autre insistait pour voler. Ce bourreau de travail avouait consommer des substances illicites pour tenir le rythme et supporter les affres du métier. Alcoolique, accro aux paradis artificiels, il avait suivi plusieurs cures de désintox, dont une ultime chance d'un retour à la normalité en juin dernier. Confronté à ses dépendances, il ne perdait jamais le sens de la dérision : "Je suis allé me faire traiter là où il y a du vin. Je veux garder toutes mes options", lançait-il pendant sa dernière tournée ou encore :"la cocaïne est une manière pour Dieu de vous faire comprendre que vous gagnez trop d'argent".
 

Ce "capitaine oh mon capitaine" enjoignait ses élèves de profiter de la vie avec la devise carpe diem. Usé, à bout de souffle, il a décidé de mettre un terme à la sienne et de rejoindre les étoiles, laissant dans le deuil trois enfants et des millions de fans.

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Mort tragique de Robin Williams, ici à Beverly Hills en 2011 © Dan Steinberg/AP/SIPA