Mort tragique de Kate Barry, fille de Jane Birkin et grande photographe

Kate Barry, la fille de l'actrice et chanteuse Jane Birkin et du compositeur John Barry, est morte mercredi après avoir chuté du 4e étage d'un immeuble parisien. Elle aurait décidé de mettre fin à ses jours et laisse derrière elle, un fils, et les femmes du "clan Birkin", désemparées.

Le drame est survenu vers 18h30. Selon des témoins, un bruit sourd a retenti dans la cour intérieure d'un immeuble de la rue Claude Chahu, dans le XVIe arrondissement de Paris. Kate Barry habitait depuis peu de temps ce quartier du XVIe arrondissement proche du Trocadéro. Elle n'avait que 46 ans.
Un geste fatal ? Seule à son domicile, Kate Barry s'est défenestrée et les premières constatations de l'enquête accréditent la thèse du suicide. Des antidépresseurs ont été retrouvés dans l'appartement qui était fermé de l'intérieur.
Un brillant parcours. Kate Barry voit le jour à Londres le 8 avril 1967. Jane Birkin et John Barry, auteur de la bande originale de nombreux James Bond, se séparent l'année de sa naissance. Le nouveau compagnon de Jane Birkin, Serge Gainsbourg, élève la ravissante gamine jusqu'à l'âge de 13 ans. Séparation, encore, et tristesse. Jacques Doillon prend le relais, mais l'ado se rebelle.
Ecorchée vive, à fleur de peau, elle s'imagine juge pour enfants, puis véto. Passionnée par les animaux, c'est finalement dans la mode que cette dyslexique choisit de s'exprimer. Kate Barry est, dès l'âge de 16 ans, diplômée de l'école de la Chambre syndicale de la haute couture de Paris. Styliste en herbe, celle qui soulignait la "mélancolie profonde" de son père traverse alors une période difficile marquée par la consommation d'alcool et de drogue. Puis la jeune femme réussit "à transformer ces problèmes d'addiction en problèmes de sens", comme elle le raconte au JDD. Cela la conduit à créer APTE (Aide et prévention des toxico-dépendances par l'entraide), un centre pour les toxicomanes près de Soissons, dans l'Aisne, dans lequel elle s'investit activement.
Pudeur, pureté, simplicité, la moins médiatisée des filles Birkin ne supporte pas le feu des projecteurs : "C'est sans doute gratifiant d'être aimé des gens, ça vous porte, mais c'est aussi extrêmement fragilisant. Je n'en avais pas le goût et n'en aurais pas eu la force."
Dix ans plus tard, Kate, devenue maman d'un petit Roman de Kermadec (né en 1987), semble apaisée, assagie. Plus à l'aise dans l'ombre de son appareil que sous les lumières du showbiz, elle se révèle dans la photographie. "J'ai commencé enfant avec le Polaroid de Serge. Il était très maniaque, mais on avait le droit d'y toucher. Pour moi, il y avait quelque chose de miraculeux, l'image apparaissait presque tout de suite. Longtemps, je n'ai pas compris que la photographie était un métier, cela restait de l'ordre du jeu", explique-t-elle.

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Mort de Kate Barry © MORRIS RAYMOND/SIPA

Kate Barry aime sublimer les femmes, souvent en noir et blanc. Douce, réservée, elle pose un regard plein de sensibilité sur ses modèles. Sa première commande vient de France Gall. Kate collabore avec ensuite Vogue, Elle, Libération, Paris Match, Le Figaro Madame ou encore le Sunday Times Magazine, expose au Japon, en Italie et réalise les pochettes d'albums de nombreux artistes comme Lara Fabian, Raphaël, Piers Faccini, Calogero ou Carla Bruni. 
Sa carrière s'envolait et l'artiste trop tôt disparue venait d'exposer jusqu'à fin novembre à la galerie Cinéma de la productrice Anne-Dominique Toussaint. Son travail intitulé "Point of view. Portraits. Natures mortes" représentait d'illustres stars de cinéma et des employés anonymes de Rungis.
"C'était aussi une femme engagée et généreuse", a déclaré à l'AFP Franck Chaumont, ancien responsable de la communication de l'association Ni Putes Ni Soumises et actuellement au cabinet de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. Kate Barry avait réalisé gracieusement l'emblème de l'association. "Elle venait aux réunions de quartiers. Elle a participé activement aux débuts de l'association", a-t-il ajouté.

Demi-sœur des comédiennes Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon dont elle était très proche, Kate Berry avait été un précieux soutien ces derniers mois pour sa maman, Jane Birkin, atteinte d'une grave maladie auto-immune : "Si je devais choisir un mot pour chacune d'elles, je dirais mystère pour Charlotte, empathie pour Kate, curiosité pour Lou. J'ai vraiment trois filles qui sont maintenant reconnues pour les talents particuliers qu'elles ont (...) Elles ne vivent pas à travers quelqu'un, elles prennent leur destin en main. Elles ont plus d'audace que moi. Et puis elles forment une bande de filles. S'il arrive un pépin, elles ne seront jamais seules, elles accourront les unes pour les autres", avait récemment confié l'ex-fan des sixties au magazine Gala.
Kate, la discrète, le roc, l'aînée, l'aimante, celle qui immortalisait les autres à travers son objectif, a rejoint les étoiles, sans laisser le temps de la retenir.