100 ans après, Edith Piaf nous enchante toujours

Edith Piaf aurait célébré son centenaire le 19 décembre 2015 et après tant d'années, sa voix unique continue de résonner dans le monde entier. Petit bout de femme d'1m47, midinette en robe noire, diva terrorisée par la solitude, la môme a passé sa - courte - vie à chanter l'amour et à le vivre. Hommage en images.

Contrairement à ce qu'elle a toujours affirmé, Edith Gassion n'est pas née dans la rue le 19 décembre 1915, mais à l'hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement de Paris. Fille d'une chanteuse et d'un contorsionniste, elle a bien été confiée à ses grand-mères, mais n'a sans doute pas été nourrie au vin rouge. Son enfance n'a pas été non plus marquée par quatre ans de cécité comme elle l'a dit, avant d'être guérie soi-disant miraculeusement grâce à Sainte-Thérèse-de-Lisieux, vénérée pendant toute sa vie par la chanteuse."En fait, elle a eu simplement des problèmes de vue pendant quelques semaines", certainement à la suite d'une infection virale, selon Robert Belleret.
L'auteur met aussi en doute le récit fait par Piaf selon lequel elle aurait fait passer de faux papiers à des prisonniers lors de ses visites à des camps en Allemagne pendant la guerre. Il évoque plutôt une chanteuse désinvolte, sans conscience politique, qui n'hésite pas à emménager en 1942 dans les locaux "bien chauffés" d'une maison close à deux pas du siège de la Gestapo.
L'auteur fait aussi la chronique amoureuse d'une "Don Juan au féminin", "briseuse de ménages" qui multiplie les conquêtes.
S'il n'occulte pas ses côtés sombres (ses caprices, ses addictions, ses mesquineries...), l'ouvrage n'écorne pourtant pas le mythe, mettant en avant la force de travail et les multiples talents de Piaf.
Ses qualités d'auteur d'abord, qui la conduiront à écrire près de 90 chansons, dont "La vie en rose" et"L'hymne à l'amour"Un talent d'écrivain d'autant plus remarquable que les lettres montrent que Piaf a longtemps dû batailler avec les mots. La correspondance de La Môme, qui n'a que brièvement fréquenté l'école, est au départ truffée de fautes d'orthographe et de syntaxe, avant de s'affirmer progressivement. Piaf la gouailleuse y confie faire des dictées, prendre des cours d'anglais et d'espagnol, évoque Socrate et Racine, rêve de courir les bouquinistes.
Robert Belleret souligne aussi son formidable flair, son magnétisme sur scène, son talent pour dénicher les chansons qui feront le tour de monde et son talent de pygmalion, qui façonne et promeut inlassablement ceux qu'elle découvre, de Montand, aux Compagnons de la chanson, en passant par Charles Aznavour.
Le 10 octobre 1963, la voix d'Edith Piaf s'éteignait à 47 ans, au terme d'une existence hors du commun. 50 ans après, la "Môme" reste "LA" chanteuse française de référence à l'aura inégalée.
Première Française à conquérir l'Amérique, connue dans le monde entier pour "La vie en rose", Piaf a captivé le public. "Une idole, certes, mais pourquoi a-t-on si souvent brodé, exagéré ou carrément affabulé à propos de Piaf ?", s'interroge Robert Belleret dans le prologue de son ouvrage "Piaf, un mythe français" (éd. Fayard). Des mensonges et demi-vérités véhiculées par son entourage, mais que Piaf a elle-même abondamment fait circuler, afin d'alimenter la légende, souligne l'auteur.