Jean-Charles de Castelbajac : interview d'un créateur aux multiples casquettes

Le créateur Jean-Charles de Castelbajac nous a reçues dans son showroom. L'occasion de (re)découvrir un homme qui multiplie les casquettes entre ses fameuses robes colorées, ses chaussures originales et son travail d'artiste.

Jean-Charles de Castelbajac : interview d'un créateur aux multiples casquettes
© Le Cam Romain

"Monsieur arrive dans une minute". Monsieur, c'est Jean-Charles de Castelbjac. Il nous reçoit dans son showroom du 11e, un bâtiment atypique à l'image du personnage, au bord du canal Saint-Martin. Sous la verrière, les créations originales habillent les portants et se confondent, dans un joyeux mélange de couleurs, avec les œuvres d'art et autres affiches des défilés imaginées par le créateur. Car Jean-Charles de Castelbajac multiplie les casquettes et refuse de se cantonner au terme de "couturier" qu'il trouve "trop réducteur". "A l'origine, j'étais programmé pour être artiste. Ma mère m'a mis un crayon dans la main et je suis devenu créateur de mode... J'ai toujours gardé cette envie de transversalité.". Une bonne raison de ne pas se cantonner au domaine de la mode. "J'ai le sentiment d'être un artiste qui utilise la mode comme un médium. Quand on fait de l'art, on est là pour poser des questions et interpeller. Mais j'aime les deux cordes que j'ai à mon arc".
Celui qui a habillé trois ou quatre générations est donc un "touche-à-tout" qui n'hésite pas à explorer les domaines des possibles et qui ne s'interdit aucune envie. Un jour, créateur de mode, le lendemain artiste-graffeur dans les rues de Paris avec ses fameux anges ou encore performeur pour Lille 3000 avec Mr Nô, il n'est jamais là où on l'attend. Toujours en mouvement, Jean-Charles de Castelbajac vit avec son temps. Présent sur Facebook ou Instagram, il utilise les moyens que lui offre le 21e siècle pour partager son travail.

Un univers multiple et visuel

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Un modèle de la collection printemps-été 2013, parfait exemple du travail du créateur : visuel et coloré © SdP Jean-Charles de Castelbajac

Ses défilés s'imposent comme de vrais shows avec des performances signées Woodkid par exemple. D'ailleurs, Jean-Charles de Castelbajac aime les rencontres coups de cœur et habille des personnalités aussi excentriques que son univers à l'image de Lady Gaga ou de Katy Perry. Et le cinéma dans tout cela ? Lui qui a signé les costumes d'Un prince à New York avec Eddie Murphy ou habillé Farrah Fawcett y pense. Mais c'est plus à la Comédie-Française, à l'opéra et surtout à la mise en scène que cet artiste curieux aimerait s'essayer : "aller chercher l'émotion chez les gens, la provoquer, chercher les fantômes...".
Et la mode dans tout cela ? Qu'on se rassure, elle continue de tenir une place majeure dans le travail de l'artiste. Intemporelle, la mode de Castelbajac, qui a commencé à 17 ans, a réussi à traverser les modes et les générations. "Je trouve ça amusant de voir que des adolescentes portent mes vêtements alors que leur grand-mère ont quelque part un vieux manteau en couverture qu'elles ont gardé comme quelque chose d'affectif ".
Le livre "My Way" que le créateur s'apprête à sortir devrait nous aider à faire le point au cours de ses 400 pages sur une carrière prolifique. Des robes-tableaux aux accumulations, Castelbajac a su surprendre, faire de l'art dans la mode et quelque part donner à chacune de ses créations un rôle de manifeste. "Toutes les pièces que je vois passer aujourd'hui aux enchères sont encore des ovnis 30 ans après". Aujourd'hui, il le reconnaît, son travail se fait plus précis, sa mode évolue, se fait plus féminine. "J'ai envie que ma mode soit plus accessible, plus en phase avec l'époque et qu'elle soit réellement portée... Revenir à mes premières armes comme à mes débuts où je faisais des vrais manteaux pour protéger". Une envie qui s'est clairement ressentie lors de sa collection prêt-à-porter printemps-été 2013 et qui devrait se retrouver dans le prochain défilé automne-hiver 2013-2014. Et qui se traduit également par sa collection JCDC ou encore avec ses différentes collaborations comme avec Mellow Yellow ou Rossignol.
Le secret d'une telle carrière et de ce succès ? Peut-être son côté visionnaire. "J'ai toujours eu l'impression d'être en avance sur mon temps avec des co-branding comme avec Cachou La Jaunisse... Ce n'était pas du tout dans le sens des années 80 alors qu'aujourd'hui tout est comme ça." Castelbajac aurait-il trouvé l'époque qui lui convient ? Une chose est sûre, il était là, hier, il l'est toujours aujourd'hui et qui sait ce qu'il nous réserve pour demain.

 Retrouvez l'interview en intégralité et en vidéo

"Rencontre avec Jean-Charles de Castelbajac"