Chantal Thomass, dessous à tout prix

Le retour du porte-jarretelle ? C'est à la créatrice française qu'on le doit ! Retour sur son travail, qui a révolutionné à tout jamais le monde de la lingerie.

Chantal Thomass, dessous à tout prix
© Zabulon Laurent/ABACA

Chantal Genty voit le jour le 5 septembre 1947 à Malakoff, en banlieue parisienne. Fille de couturière, elle prend très vite le chemin, elle aussi, de la création. À l'école, elle se fait remarquer en altérant régulièrement son uniforme — elle étudie à l'époque dans un collège religieux. Après avoir abandonné le lycée après la seconde, elle intègre une école de dessin. C'est à la fin des années 60 qu'elle démarre réellement sa carrière dans la mode : la jeune femme intègre alors la griffe Dorothée Bis avant de lancer avec Bruce Thomass, son époux de l'époque, sa première marque de prêt-à-porter, Ter et Bantine. Pour se différencier des autres griffes, elle mise sur des matériaux originaux délaissés par les autres maisons de mode, tels que le lurex et la toile cirée. Une prise de risque qui séduit notamment Brigitte Bardot.

La lingerie ? C'est oui !

En 1975, elle lance une marque éponyme; son premier show aura lieu l'année suivante. Elle présente alors une collection de prêt-à-porter et fait défiler de la lingerie en même temps — c'est une grande première. Fini les coupes fonctionnelles, Chantal Thomass propose des lignes ultra flatteuses et des matières autrefois destinées aux dessous masculins. Figure majeure de la lingerie dans les années 80, elle remet au goût du jour le soutien-gorge, la guêpière, le porte-jarretelle, le corset ou encore le collant en dentelle. "J'ai joué des dessous comme des dessus en dévoilant et en voilant avec des dentelles et des transparences sensuelles", expliquera-t-elle avec la poésie qui la caractérise. En 1981, le célèbre publicitaire Benoît Devarrieux lui créé un logo sur mesure : on y voit une Chantal Thomass de profil, façon ombre chinoise, avec un carré qui la caractérise (et qu'elle porte toujours aujourd'hui). Elle dépose le bilan en 1985, avant de renflouer ses caisses grâce à des capitaux japonais. Son nouvel investisseur prend alors la majorité des parts et une courte idylle débute. Mais dix ans plus tard, nouveau coup de massue : la créatrice est licenciée pour faute grave par son principal actionnaire. En 1996, la marque est mise en liquidation volontaire. Un procès de trois ans plus tard, elle récupère finalement la griffe qui intègre le groupe Sara Lee (également propriétaire de DIM à cette époque). Elle fait alors scandale, en 1999, en mettant en scène de vraies mannequins dans les vitrines des Galeries Lafayette.

De la créativité dans tous les domaines

Elle passe à la diversification, technique à la mode chez les grands créateurs : elle lance un parfum, des lunettes de soleil puis une ligne de mobilier. Elle ouvre une boutique à l'esprit boudoir dont les murs ont été recouverts de soie rose rue Saint Honoré à Paris. Philanthrope, elle contribue régulièrement à des associations caritatives comme l'UNICEF, Action contre la faim ou encore UNESCO, en designant tour à tour des voitures, des poupées, des assiettes et des tutus. DIM se sépare, en 2011, de Chantal Thomass et revend la marque à Chantelle — qui détient déjà un certain nombre de griffes de lingerie. En 2017, elle sort son autobiographie, qu'elle baptise Sens dessus dessous.