Défilé Christian Dior printemps-été 2015 : virage futuriste

Raf Simons opère un retour vers le futur pour la collection Dior printemps-été 2015. Comme s'il n'avait plus besoin de prouver sa légitimité à la direction artistique de la maison de l'avenue Montaigne... Après avoir revisité avec un certain talent les pièces iconiques telles que la veste Bar, le créateur belge a décidé de s'affranchir des classiques pour ce défilé qui manie les allers-retours temporels avec brio. Car ne pas se plonger dans les archives d'une grande maison ne veut pas forcément dire ne pas regarder en arrière. Bien au contraire. Surtout quand ce regard se pose avec une incroyable modernité pour mieux se réinventer. Raf Simons s'amuse avec les volumes : les robes prennent de l'ampleur et évoquent les jupons à panier du 18e, les cols montants s'élargissent, les blousons flirtent avec le bomber et les manches se font évanescentes quand les poches prennent une dimension XXL. Chaque modèle recèle une multitude de détails. L'art subtil d'apposer des petits riens pour en faire un grand tout prend ici tout son sens. Le créateur joue avec le ruban qui vient fermer les manteaux et ceinturer les bermudas, les coutures se voient rebrodées et des oeillets viennent souligner les poches quand le bouton devient plus décoratif. Contrastes et superpositions viennent construire et réinventer la silhouette de la femme Dior tout comme les coupes et les découpes qui structurent les manteaux. Toujours sur le fil, le directeur artistique oscille entre passé et futur pour la forme mais reste fidèle aux étoffes et tissus qui ont fait le succès de la maison. Un exercice périlleux donc, qui fait prendre un virage à la griffe mais qui lui permet aussi de révéler le savoir-faire de l'un des stylistes les plus doués de sa génération. La preuve, avec lui, pas de querelle de l'Ancien et du Moderne, juste un mariage heureux entre deux-temps qui nous fait aborder avec sérénité le présent.

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