Christian Dior libère la femme dans une commémoration de 1968

Mardi 27 février, Christian Dior a fait défiler des femmes libérées et engagées pour sa collection automne-hiver 2018-2019. Un show articulé autours de 1968, permettant ainsi de souffler les 50 bougies de cette année qui a vu la jeunesse s'affirmer, entre autre à travers la mode, et la femme s'émanciper. Zoom.

Christian Dior libère la femme dans une commémoration de 1968
© Kamil Zihnioglu/AP/SIPA

Pour l'hiver prochain, la directrice artistique de la griffe, Maria Grazia Chiuri, continue dans sa lancée et propose une fois encore un défilé Christian Dior engagé et mettant sur le devant de la scène la femme et son rôle dans la société. Après un défilé printemps-été 2018 questionnant le statut de la femme-artiste à travers l'œuvre de Niki de Saint Phalle, Dior reprend sa machine a voyager dans le temps direction 1968.
50 ans plus tard, quand d'autres se demandent s'il est pertinent de commémorer une telle année, Maria Grazia s'engouffre dans les souvenirs d'une période révolutionnaire, estimant qu'il est plus important que jamais en 2018 de se remémorer la façon dont ont commencé la lutte pour les droits des femmes et le mouvement féministe"L'égalité des droits et des devoirs demeure la grande conquête de cette époque", explique la note d'intention du défilé.
Pour sa collection automne-hiver 2018-2019, la maison de couture s'est donc penchée sur cette année qui a vu les balbutiements de l'émancipation de la femme et la libération de la jeunesse, entre autre à travers ses codes vestimentaires. Ainsi, la directrice artistique se souvient à quel point 1968 a marqué une révolution des attitudes mais aussi des règles de la mode, bouleversées et réinventée par une jeunesse pleine de vitalité et de créativité ne demandant qu'à s'affranchir. On pense évidemment à l'arrivée de la très symbolique minijupe (présente bien sûr dans cette collection) mais aussi à une multitude de matières, de coupes, de pièces phares, d'associations typiques de cette période que Chiuri s'est réappropriée et a su réinventer.

Plongées dans un décor de collages d'affiches, de couvertures de magazines mode et de slogans tels que "Women's rights are human rights" ("Les droits de la femmes sont les droits de l'Homme"), on a ainsi pu découvrir des silhouettes rétro, accessoirisées de casquettes gavroche (elles sont de toute évidence le nouveau béret, la nouvelle casquette de marin, bref, la nouvelle marotte de Maria Grazia), de lunettes mouche à verres colorés, de cuissardes et bottes motardes mais aussi de sacs besaces portés en bandoulière dans le dos.
Côté tissus, Dior remet au goût du jour plus que jamais le patchwork en diverses couleurs ou en camaïeu de bleus façon denim imprimé (tous issus des archives de la maison). Ces patchworks se déclinent sur des jupes courtes et midi, des vestes, des robes et même des bottes. Un autre imprimé voit sa côte remonter en flèche : le carreau. Il est proposé en différents tartans sur des jupes, des costumes pantalon et uniformes mais surtout sur des kilts (habits traditionnellement réservés aux hommes et symbole de lutte et d’émancipation pour les Écossais) très présents dans la collection.
Les matières sont, elles aussi, très sixties avec du cuir (en gabardine, pantalon ou encore bermuda), de l'organza et de la dentelle associés à des pièces en grosses mailles, et de la laine de mouton pour les manteaux.
La femme n'a plus peur de dévoiler son corps qui devient alors pour elle une véritable arme politique et sociale. Hormis par le biais de la minijupe, elle se montre et se permet enfin la transparence. Une transparence que Maria Grazia Chiuri propose ici en chemisier plumetis et en robes colorées ceinturées.

Enfin, en ce qui concerne le combat des femmes, les années 60 ayant entrepris d'ouvrir une brèche que les années 70 ont fini de creuser, ces dernières sont également suggérées dans ce défilé hivernal. Lamé argenté, imprimés psychédéliques, broderies à profusion ou encore symbole "peace and love" : la génération hippie et sa liberté exacerbée ressuscitent également sous nos yeux grâce à la griffe française.

La génération des "youthquakers" (ndlr : hommage à Diane Vreeland - rédactrice en chef de Vogue dans les années 60 - ayant nommé ainsi les jeunes de cette décennie, avides de changements dans divers domaines culturels et artistiques) semble avoir encore de beaux jours devant elle, toute de Dior vêtue ! 

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