Résidence alternée : comment aborder la séparation avec son enfant ?

Votre enfant a bien compris que ses parents allaient se séparer. Mais comment aborder avec lui tous les changements du quotidien qu'implique la résidence alternée ? Hélène Romano, psychologue, répond à nos questions.

Résidence alternée : comment aborder la séparation avec son enfant ?
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Garde alternée : à partir de quel âge ?

Pour Hélène Romano, psychologue, il est important de privilégier un environnement stable, particulièrement pour les tout-petits. "Entre 6 mois et un an, l'enfant a besoin de stabilité, et avant l'âge de 3-4 ans, il est dépendant d'une figure d'attachement et a besoin de repères", explique-t-elle. Certaines études psychologiques et pédo-psychologiques ont d'ailleurs montré que la résidence alternée (souvent une semaine chez la mère et une semaine chez le père) n'était pas adaptée aux tout-petits au risque que celui-ci développe des troubles du sommeil ou un retard dans sa scolarisation. La psychologue déconseille donc ce mode de garde pour les enfants de moins de 5-6 ans.

Garde alternée : quels avantages ?

En revanche, à partir de 6 ans, ou lorsque l'enfant est en primaire, la résidence alternée peut présenter des avantages. Le fait que les parents soient dans le même quartier ou dans la même ville permet à l'enfant de garder ses repères, de voir ses amis ou de continuer ses activités sportives. Mais cet avantage ne peut être ressenti qu'à condition que les parents s'entendent bien et qu'il n'y ait aucun conflit entre eux, afin de permettre à l'enfant de "naviguer sereinement d'une maison à l'autre", rappelle Hélène Romano.

Inclure l'autre parent

Voici une règle essentielle pour que la séparation se passe au mieux pour l'enfant. Qu'il s'agisse d'une résidence alternée et bien plus encore en cas de résidence principale chez la mère par exemple, celle-ci ne doit surtout pas exclure le père de la vie de l'enfant. La psychologue conseille par exemple de tenir un calendrier des activités de l'enfant, ou un livre de vie afin d'avoir un historique de son évolution et de tenir l'autre parent informé de ce qui s'est passé lorsqu'il n'était pas là. Il est donc essentiel de garder continuellement le contact avec le père ou la mère. "Cela peut passer par un coup de téléphone en fin de journée, ou par Skype.

Résidence alternée : comment lui expliquer les changements ? 

Hélène Romano conseille aux parents d'expliquer la séparation à son enfant le plus simplement possible tout en rassurant l'enfant : "Papa et maman se sont aimés, mais aujourd'hui ce n'est plus le cas, alors on a décidé de se séparer. Parfois, les adultes ne s'aiment plus, mais toi, on continuera toujours de t'aimer". Il est important également de ne pas culpabiliser l'enfant qui pourrait penser que c'est à cause de lui que ses parents divorcent, mais aussi de le préserver des procédures difficiles, qui ne le concerne pas. Rien ne sert non plus d'idéaliser les choses ou de lui mentir en avançant par exemple qu'il aura deux maisons, deux télévisions... Il s'agit plutôt de lui faire comprendre que cette situation est la meilleure solution pour tous, mais qu'elle ne sera pas pour autant facile. 

Enfin, établissez un relai entre votre enfant et une personne de votre entourage (oncle, tante, grands-parents...) pour qu'il puisse se confier si besoin. Les parents doivent se rendre disponible pour lui, mais parfois, les enfants ne souhaitent pas toujours raconter ce qui ne va pas pour ne pas les décevoir. Une tierce personne pourra alors avoir une oreille attentive pour mieux le rassurer et le conseiller ensuite.

Comment éviter le conflit avec l'autre parent ?

"Il doit y avoir une continuité entre les deux maisons", explique la psychologue. L'enfant doit pouvoir amener ses affaires sans problème chez son père et sa mère. "Évitez donc les conflits et soyez souple sans fixer d'interdits pour les affaires matérielles de votre enfant", conseille-t-elle. "Les objets de transition" sont aussi très importants, comme le doudou ou le foulard de maman pour le rassurer ou lui rappeler son odeur. Enfin, les parents doivent savoir se raisonner en évitant tout conflit, pour le bien de l'enfant, et se mettre d'accord sur les grands principes de l'éducation. "En discutant et en créant du lien avec l'autre parent, vous apaiserez l'enfant et évacuerez les tensions qui se ressentent". La psychologue rappelle aussi que "la qualité du temps passé prime sur la quantité". Ainsi, un parent qui aurait fait des pieds et des mains pour obtenir la garde principale de l'enfant mais qui le confie à une nounou faute de temps pour s'en occuper, peut avoir des effets négatifs sur l'enfant.

Hélène Romano est psychologue, auteure de "L'enfant face au traumatisme", aux éditions Dunod, et du livre "Je suis victime" aux éditions Philippe Duval.

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