Journée du refus de l'échec scolaire : entre peur de l'avenir et inégalités

A l'occasion de la Journée nationale du refus de l'échec scolaire, l'UNICEF publie les résultats d'une consultation nationale menée auprès des 6-18 ans. Ces jeunes ont été interrogés sur leur vie quotidienne, et en particulier sur leur perception de leur scolarité et leurs apprentissages.

Journée du refus de l'échec scolaire : entre peur de l'avenir et inégalités
© lev dolgachov

En 2018, la consultation nationale des 6-18 ans avait porté sur les inégalités et les relations entre filles et garçons. Cette année, à l'occasion de la journée nationale du refus de l'échec scolaire qui a lieu ce mercredi 22 septembre, cette consultation menée par l'UNICEF s'est intéressée à l'éducation et aux apprentissages. Elle a été réalisée entre octobre 2020 et mars 2001 dans toute la France et ses conclusions, sont issues des 25.300 questionnaires validés. 68,9 % des enfants interrogés avaient entre 6 et 12 ans, 53,6 % étaient des filles et 70 % vivaient avec leurs deux parents. Une grande partie d'entre eux (39,6%) vivaient dans une ville moyenne et seuls 5,2 % des enfants interrogés étaient en situation de handicap. Des enfants de profils, sexes et origines variés qui donnent donc une vision assez représentative de la jeunesse française. 

Les élèves ont envie d'apprendre, mais ont peur de l'avenir

Première observation de cette consultation, analysée par par cinq chercheurs du programme Enjeu[x] – Enfance & Jeunesse de l'Université d'Angers, les jeunes estiment que c'est la famille, et non l'école, qui accompagne le mieux le chemin vers la vie d'adulte. 85.2 % des enfants valorisent le milieu familial en matière d'apprentissage. Seul un enfant sur deux estime que l'école lui apprend vraiment des choses pour plus tard et les 13-18 ans sont les moins optimistes en la matière. "L'école est visiblement d'abord appréciée comme espace de sociabilité et de pratiques ludiques avant d'être un lieu d'apprentissage disciplinaire", pointe le rapport.

Les élèves souhaitent apprendre des choses utiles pour leur vie future

Les élèves sont nombreux à regretter que certains apprentissages soient absents de l'école, ou pas assez mis en avant : les langues étrangères, la cuisine, l'informatique, la vidéo etc. Lorsqu'on leur demande ce qu'ils apprécient le moins à l'école, le français, les mathématiques et l'histoire arrivent en tête. La consultation a montré que les enfants souhaitaient acquérir des compétences concrètes qui leur seront utiles dans leur vie future, aussi bien personnelle que professionnelle. 

La question de l'alphabétisation émotionnelle est également centrale. Là encore, c'est la famille qui semble autoriser la créativité et est plus propice à l'expression des émotions. "L'école n'est pas (encore) le lieu où les adolescents peuvent trouver des réponses à leur questionnement existentiel, charnel, sexuel et amoureux", observe le rapport. Seule un peu plus de la moitié des répondants ont reçu "au moins une séance d'éducation à la vie affective et sexuelle chaque année en classe". Une thématique qui est donc encore peu incluse au collège et au lycée. 

Le milieu familial creuse les inégalités entre élèves

Le milieu familial (niveau de revenus, de formation, situation familiale etc.) a un impact sur les enfants. Les privations (activités, sociabilité amicale ou santé) pèsent davantage sur l'éducation à la maison que sur l'éducation à l'école. Les élèves issus des milieux populaires seraient par conséquent plus nombreux à faire l'objet du décrochage scolaire (28 % contre 7 % pour les enfants de cadre en 2010).

  • 5 % des enfants et des jeunes ne peuvent jamais être aidés pour faire leurs devoirs
  • 23,8 % des enfants et des jeunes n'ont pas accès à un ordinateur ou une tablette pour faire leurs devoirs
  • 2,7 % n'ont jamais et 4,8 % n'ont que rarement pu continuer à travailler et faire leurs devoirs chez eux pendant le confinement

En fonction des milieux de vie des enfants et des jeunes, les occasions de s'ouvrir sur le monde (voyage, culture, sport, balade en ville) ne sont pas identiques.

"Cette nouvelle Consultation montre qu'en matière d'éducation, il reste de nombreux défis à relever et que l'urgence est de remédier aux écarts d'apprentissage que cette pandémie a creusés. Etat, parents, enseignants, acteurs éducatifs locaux, il nous appartient de nous rallier à la cause des enfants et des jeunes avec ce sentiment d'urgence, afin de créer pour eux des possibilités d'animer leurs rêves et de les épauler à chaque étape de leur vie ", appelle Ann Avril, directrice générale adjointe d'UNICEF France.