Fausse couche : quand, causes, quels sont les signes ?

Fausse couche : quand, causes, quels sont les signes ?

Les fausses couches concernent en moyenne une grossesse sur cinq. Comment savoir que l'on fait une fausse couche ? Quels sont les signes ? Combien de temps ça dure ? Réponses avec les Dr Thierry Harvey, gynécologue-obstétricien et Adélie Michau, gynécologue spécialiste des grossesses à risques.

Une femme enceinte peut subir un arrêt naturel de grossesse, qu'on appelle aussi fausse couche, le plus souvent avant ses 3 mois de grossesse. Ce phénomène, qui est malheureusement très courant, peut survenir aussi tardivement, au cours du deuxième trimestre de grossesse. Les causes de la fausse couche sont multiples. Certains facteurs sont plus à risques que d'autres. Pour y voir plus clair sur ce phénomène, les Dr Thierry Harvey, gynécologue-obstétricien et Adélie Michau, gynécologue spécialiste des grossesses à risques répondent à nos questions. 

Qu'est-ce qu'une fausse couche ?

Une fausse couche est une grossesse qui s'arrête spontanément. La grossesse cesse de se développer et l'activité cardiaque de l'embryon s'arrête. 

Quand survient le plus souvent une fausse couche ?

On distingue d'une part les fausses couches du premier trimestre de la grossesse, dites précoces (avant 3 mois), et d'autre part les fausses couches du deuxième trimestre (avant 5 mois) appelées fausses couches tardives. Généralement, une fausse couche "a lieu le plus souvent entre la 8e et la 9e semaine d'aménorrhée", détaille le Dr Harvey, soit entre 6ème et la 7ème semaine de grossesse. "On la détecte souvent lors de la première échographie de grossesse, sans qu'il y ait de symptômes", ajoute-t-il. 

"Une fausse couche a lieu le plus souvent entre la 8e et la 9e semaine d'aménorrhée."

Signes et symptômes, comment savoir qu'on fait une fausse couche ?

► Une fausse couche se manifeste souvent par des saignements vaginaux en début de grossesse, légers ou abondants, même s'ils sont assez courants que la grossesse se passe bien ou non.

► De même, en cas de fausse couche, certaines femmes peuvent ressentir des douleurs ou des crampes pelviennes au niveau du bas du ventre, d'autres non...

Quelles sont les chiffres et les statistiques sur les fausses couches ?

Les fausses couches concernent environ 20% des grossesses, à savoir qu'une grossesse sur cinq s'achève ainsi. "C'est donc un événement extraordinairement fréquent", nous explique le Dr Thierry Harvey, gynécologue-obstétricien et chef du service maternité de l'hôpital des Diaconesses, à Paris. Par ailleurs, au cours de sa vie, une femme sur dix serait touchée par une fausse couche.

► Les fausses couches du premier trimestre sont fréquentes, notamment lors de la première grossesse, mais sans gravité pour la femme. "Sans nier la fausse couche, il n'est pas nécessaire de faire des tonnes d'examens après une seule fausse couche", précise le Dr Harvey. 

► Les fausses couches du second trimestre sont elles plus rares. "Dans ce cas, des examens peuvent avoir lieu pour chercher une cause, mais après une seule fausse couche ce n'est pas systématique, ajoute le gynécologue. Tout dépend aussi de la femme, de sa personnalité, de son âge, etc." 

Combien de temps dure une fausse couche ?

Entre l'arrêt du développement de l'embryon et son élimination, il peut se passer plusieurs jours avant son expulsion volontaire. Pour la provoquer rapidement, une activité physique, telle que la marche ou la course à pieds peut être opportune. 

Quelles sont les causes et les facteurs de risques d'une fausse couche ?

Certains facteurs accentuent les risques de faire une fausse couche, comme :

L'âge des futurs parents

L'âge de la mère est généralement la cause des fausses couches entraînées par des anomalies génétiques de l'embryon, nous explique la Docteure Adélie Michau, gynécologue et spécialiste des grossesses à risques. Si les femmes très jeunes, c'est à dire de moins de 30 ans, ont un faible risque de fausse couche, entre 10 et 15%, ce dernier passe à 30% à 39 ans et atteint même 75% pour les femmes âgées de 42 ans. Pourquoi ? Car les ovocytes se sont de plus en plus détériorées au fur et à mesure des années. Sur la durée, "la structure qui organise le matériel génétique des ovocytes restantes se dégrade". "Pour diminuer le risque de fausses couches il faut que les femmes sachent que la meilleure période pour avoir un enfant est entre 25 et 35 ans, et qu'après 40 ans c'est plus difficile. C'est physiologique, leur corps fonctionne de façon optimale entre 25 et 35 ans, le risque de fausse couche est donc plus faible", complète le Dr Thierry Harvey.

Le poids

Un indice de masse corporelle (IMC) très faible (- de 18) ou trop élevé (25 et plus) peut aussi empêcher la grossesse d'être menée jusqu'à son terme.

Les fausses couches antérieures

Malheureusement, avoir vécu une fausse couche dans le passé peut présager d'un risque accru d'en avoir d'autres. En effet, le risque augmente d'environ 10% pour chaque fausse couche supplémentaire, atteignant 42% chez les femmes ayant eu trois fausses couches ou plus.

Le tabac et l'alcool

Consommer du tabac ou de l'alcool durant la grossesse multiplie les risques de fausse couche. De même qu'une consommation excessive de café. 

L'environnement

D'autres facteurs environnementaux impactent également. Une femme sujette à un stress important, travaillant de nuit, fortement exposée à la pollution de l'air ou aux pesticides peut également être victime d'une fausse couche. 

Les anomalies chromosomiques et embryonnaires

Des anomalies chromosomiques telles que la trisomie autosomique sont retrouvées dans 60% des fausses couches mais, dans moins de 1% des naissances vivantes. De même, des anomalies au niveau du développement des embryons sont fréquemment observées lors de fausses couches.

Une maladie

Les maladies auto-immunes par exemple, mais aussi un diabète ou une maladie de la thyroïde, mal contrôlés peuvent être des facteurs de risques. De même, un défaut de coagulation (thrombophilie) non traité, ou une infection cervico-vaginale bactérienne (vaginose, infection sexuellement transmissible).

Les infections bactériennes

Les infections bactériennes telles que l'herpès, le papillomavirus, le VIH, la dengue, les hépatites B et C, la rubéole, la Covid-19, le paludisme ou encore la toxoplasmose multiplient également les risques de fausse couche.

Une mauvaise hygiène de vie

Il existe aussi des facteurs exogènes, favorisant les fausses couches. Ainsi, une l'hygiène de vie et l'alimentation sont à surveiller de près, en optant au plus tôt pour des repas sains et équilibrés, tout comme des  en terme d'hygiène de vie sont à adopter dès l'annonce de la grossesse. La surconsommation quotidienne de café est à revoir, surtout si elle est couplée à  la prise d'aspartame, et évidemment, pas de fromage au lait cru non pasteurisé. Et encore plus que de raison, le tabagisme, l' alcool, ou la prise de drogue sont à bannir totalement. En cas d'addiction, ne pas hésiter à en parler à son gynécologue, pour un suivi et un accompagnement sur mesure, propice au bon déroulement de la grossesse. A noter aussi que l'environnement peut aussi être un facteur de risques, comme un contact répété avec le bisphénol A.

Des maladies non traitées 

En plus de l'âge et de l'hygiène de vie qui sont des facteurs importants, la prise en charge des infections bactériennes peut aussi aider : "Le dépistage est important. En traitant la vaginose par exemple, on peut éviter qu'elle n'induise plus tard une fausse couche", explique le Dr Harvey. D'autres infections, comme la toxoplasmose - que l'on contrôle chaque mois de grossesse en cas de non immunité - ou la listériose, peuvent être à l'origine d'une fausse couche. Par ailleurs, il n'existe aucun traitement médical à l'efficacité prouvée pour diminuer le risque de fausse couche spontanée. Une étude a comparé l'effet de l'aspirine, qu'on a souvent dit efficace, avec un placebo ; résultat : aucune diminution ou augmentation du nombre de fausses couches.

Comment calmer les douleurs d'une fausse couche ?

Les douleurs liées à la fausse couche sont multiples. En général, elles se manifestent par des saignements, des douleurs utérines comme des contractions, des lombalgies ou des crampes dans le bas-ventre. Si les douleurs sont intenses, il est recommandé de se rendre directement aux urgences le plus proche, où l'équipe médicale prendra en charge le reste du processus. Autrement, et pour beaucoup de fausses couche précoces, celles-ci sont asymptomatiques, ou dites silencieuses. Pour beaucoup de femmes, elles se produisent aux toilettes, et même si les douleurs physiques sont modérées, le phénomène peut être traumatisant.

​​​Que se passe-t-il après une fausse couche ?

En vivant une fausse couche, le "après" peut être difficile pour certaines femmes. En général, c'est une autre douloureuse étape à vivre. Quel suivi psychologique après une fausse couche ? Quand peut-on retomber enceinte ?

Une femme qui fait une fausse couche peut-elle avoir un congé maladie ?

Le gouvernement a annoncé la mise en place d'un congé maladie sans délai de carence en cas de fausse couche. Ce dispositif devrait concerner aussi bien les femmes salariées que les fonctionnaires et devrait être mis en place au plus tard le 1er janvier 2024.

Quel est le suivi lors d'une fausse couche tardive ?

En cas de fausse couche tardive, qui survient souvent au cours du deuxième trimestre de grossesse, un bilan médical complet sera réalisé à travers un interrogatoire, pour connaitre les antécédents gynécologiques, un examen clinique, une échographie ou IRM pelvienne pour détecter d'éventuelles malformations utérines, et un prélèvement vaginal pour une investigation bactérienne.

Merci aux Dr Thierry Harvey, gynécologue-obstétricien à Paris et au Dr Adélie Michau, gynécologue spécialiste des grossesses à risques à Paris. 
Autour du même sujet