Mère Bordel : "Bloguer, pour moi, n'a rien de virtuel "

Avec ce titre résolument affirmé sonnant comme un SOS, on suppose déjà, avant même d'en avoir parcouru la prose, que ce blog renferme de sacrés coups de gueule. Le sentiment est confirmé à la découverte d'un univers graphique décalé - une jeune femme dégustant un cocktail et prête à subir une attaque de spermatozoïdes – et le choix des thèmes comme "Sauver son couple après une naissance" ou "Tout ce qu'on ne nous a pas dit avant".

Mais contre tout attente, c'est avec douceur et légèreté que cette "Mère Bordel", comme l'appellent ces lecteurs nombreux à réagir et la soutenir, nous entraîne dans les méandres de ses pensées, souvent profondes, toujours pimentées de second degré et mises en musique par une écriture sensible et entraînante.

Comment je suis devenue "Mère Bordel"

Mère Bordel est manager dans un secteur qu'elle veut garder secret et tient dur comme fer à son anonymat. Elle vit en couple avec le papa, rencontré 4 ans plus tôt, et élève Miss Bordel, sa fille d'un an. "Nous voulions cet enfant tous les deux, je suis tombée enceinte tout de suite et j'ai fait une fausse couche 15 jours plus tard." Ils en avaient déjà parlé à leurs familles : forcés d'annoncer la mauvaise nouvelle, expliquer, pleurer, le couple se jure d'attendre "que tout aille bien" avant de rendre la nouvelle publique.

"Quand je suis vraiment tombée enceinte, j'ai eu envie d'ouvrir un blog pour extérioriser mes angoisses, me lâcher, évoquer des sujets tabous, lutter contre la pensée unique des mères bien-pensantes". Puisqu'elle doit attendre les 3 mois réglementaires, autant partager ses questions et ses peurs avec d'autres mamans qui vivent ou ont vécu la même chose. Le blog lui offre cette liberté, et c'est bien par l'humour qu'elle a le plus de facilité à les désamorcer.

A la naissance de sa fille, elle prolonge son congé maternité de 6 mois. "Je le recommande à tout le monde à condition d'être solide et d'avoir du réseau", prévient-elle. Et c'est là que "le blog a sauvé (sa) vie sociale". Pour elle, bloguer n'a rien de virtuel : "On se connaît toutes et tous, on est invités aux mêmes évènements, on se retrouve, on échange les fringues de nos enfants, bref, ce sont des amis !" La différence avec les amis d'enfance ? "Je partage plus avec mes amis blogueurs car nous avons 3 passions en commun : le web, l'écriture, et notre condition de parent".

Une écriture légère et profonde à la fois

Journaux intimes, notes, listes en tout genre... Depuis toute petite, notre Mère Bordel couche ses idées et ses pensées sur les pages de ses cahiers. Plus grande, elle écrit des saynètes puis deux pièces de théâtre, dont une sera jouée au Festival d'Avignon. Puis, un jour, elle tombe amoureuse. "Je voulais cet enfant, viscéralement, mais pourquoi ?" Qu'est-ce qui fait qu'une femme a, à un moment de sa vie, l'envie, le besoin, de devenir mère : c'est la question qu'elle ne cesse de poser entre les lignes de ses billets.

"Heureuse et apaisée", c'est aujourd'hui que Mère Bordel commence à sentir l'équilibre dans son corps, sa vie de couple, sa vie sociale et professionnelle. Nommée récemment aux Golden Blogs Awards à la seconde place de la catégorie Lifestyle, sa route est couronnée de succès et semble lui donner de l'inspiration. Nous suivrons donc la suite de ses aventures avec intérêt, surtout si un petit Mister Bordel pointe un jour le bout de son nez.
 

Merci à Mère Bordel, rencontrée lors de la visite du plateau des Maternelles, l'émission des parents et futurs parents sur France 5.