Pourquoi l'enfant devient turbulent Quelques pistes pour l'éducation

Ma fille est turbulente et même provocatrice. Elle se moque complètement de ce que je lui dis. Elle m'adresse alors un sourire narquois et continue. Pourtant, je la punis, mais rien n'y fait. Que faire ?

C'est difficile de répondre sans connaître l'âge. Tous les enfants s'opposent à partir de 18 mois, et la réponse éducative n'est pas la même en fonction de l'âge. Je crois que comme adulte, il est important de négocier mais jusqu'à certaines limites. Ce qui concerne la politesse, l'obéissance sur des points importants, n'est pas négociable. La question c'est : Faut-il tout le temps être aimé par son enfant ? Si on veut vraiment faire son métier de parent, il faut y renoncer. On peut envoyer l'enfant dans sa chambre ou lui crier dessus.

Et la fessée ?

Certains enfants narguent l'adulte jusqu'à recevoir une fessée. Contrairement à ce qu'on essaie de dire de manière exagérée en ce moment, la fessée n'est pas une maltraitance lorsqu'elle est rare, que l'enfant a été prévenu, et si possible quand elle est donnée de manière non impulsive. Cela peut être le seul moyen pour l'enfant de constater les limites qu'il ne peut pas dépasser. La plupart des adultes ont reçu une ou deux fessées pendant leur enfance et disent ne pas en avoir été traumatisés. Cela ne fabrique pas des petits dictateurs pour autant. Mais il faut qu'à côté de cela, la relation avec l'enfant soit chaleureuse et qu'il y ait des moments de jeux partagés. Par contre, je suis opposé à la gifle qui est trop humiliante. De plus, je connais beaucoup de psychanalistes qui ont donné quelques fessées à leurs enfants.

"Ce qui concerne la politesse et l'obéissance, n'est pas négociable avec l'enfant"

Et leurs parents dans tout ça ? Ils sont forcément mauvais ?

Les parents qui soumettent leur bébé à des traumatismes relationnels précoces sont responsables mais pas coupables. La plupart du temps, ils ont eu eux-mêmes une enfance désastreuse qui les empêche de comprendre les besoins élémentaires de leur enfant petit. Ces traumatismes sont des coups, des attouchements sexuels mais plus souvent des négligences graves concernant l'alimentation, le rythme de vie, l'imprévisibilté. Les enfants ne peuvent jamais prévoir ce que les parents vont faire et c'est parce qu'il peut anticiper, qu'un bébé peut construire sa pensée.

J'ai entendu dire que la violence au sein de la famille pouvait engendrer ce comportement...

Oui, d'ailleurs il y a aussi l'exposition aux scènes de violence conjugale. C'est un point d'actualité puisqu'on sait qu'il y a beaucoup de femmes battues. En Seine-Saint-Denis, une femme sur deux qui est tuée par son ex-compagnon, l'est au moment de l'exercice du droit de garde. Donc, l'enfant est présent. Et on sait maintenant que voir sa mère frappée a autant d'impact pour un bébé que s'il est frappé lui-même, c'est-à-dire qu'il met à l'intérieur de lui l'image violente du père. Certains juges disent qu'un mauvais mari peut être un bon père. C'est faux lorsqu'il y a des violences conjugales. Un homme qui tape sa femme devant son enfant, perd toute préoccupation parentale à ce moment.

Bonjour Dr. J'ai lu dans un livre que la vie précoce en collectivité développait l'agressivité chez les enfants. C'est vrai ?

Je n'ai pas lu ça. Je dirai que cela dépend beaucoup du nombre d'adultes qu'il y a pour s'occuper des enfants mais de toute manière, tout enfant a une certaine violence en lui. D'ailleurs, Freud a dit que l'enfer serait de vivre dans un monde dirigé par des enfants de quatre ans.

Sommaire