Pourquoi l'enfant devient turbulent Quelques mots sur l'ouvrage

le dr berger veut sensibiliser le grand public aux enfants violents
Le Dr Berger veut sensibiliser le grand public aux enfants violents © Le Journal des Femmes / Cécile Debise

Comment vous est venue l'idée d'écrire un livre sur ce thème ?

Tout d'abord, on ne choisit pas sa clientèle. Nous n'avons pas choisi de soigner des enfants extrêmement violents. Ils nous ont été adressés par des enseignants, des pédiatres, etc. J'ai décidé d'écrire ce livre pour plusieurs raisons. Tout d'abord pour communiquer le résultat de nos recherches et le mettre à la disposition des citoyens car j'ai pris la précaution de l'écrire pour tout public. Je décris aussi le dispositif de soins pour aider les autres équipes qui sont souvent très démunies. Mais surtout, je montre que dans 90 % des cas, on aurait pu éviter de telles situations. Et qu'il ne sert à rien de pleurnicher. Notre pays refuse de prendre en compte les connaissances qui viennent d'autres pays. Nous n'avons que la violence que nous méritons.

Bonjour, je vous rejoins juste à l'instant. J'ai un enfant de 8 ans hyper agressif à la maison alors qu'à l`école, il est tout réservé, tout effacé. Il a peur des autres et n'arrive pas à s'affirmer à l'école...

Cette forme d'agressivité est beaucoup moins grave que ce que je décris dans mon livre car les enfants barbares sont violents partout. Il faudrait en savoir plus sur vos relations avec votre enfant. Je vous suggère d'en parler avec un psychologue ou un pédopsychiatre.

"Notre pays n'a que la violence qu'il mérite"

Dans votre livre, vous dites que la France refuse de voir la réalité en face. Vous pouvez nous en dire plus ?

Le Québec, le Canada, l'Angleterre ont mis en place des dispositifs de prévention dont l'efficacité est validée avec 40 ans de recul et qui donnent une diminution de la violence des enfants. Dès qu'on propose d'utiliser ces dispositifs en France, des idéologues brandissent le spectre de Big Brother, du flicage, ce qui empêche de protéger les enfants les plus exposés. C'est ce qui nous a mené à la situation actuelle. Ces dispositifs consistent en des visites à domicile à un rythme intensif dès la grossesse et pendant les deux années qui suivent la naissance de l'enfant. Ils travaillent avec les parents sur la gestion de leurs émotions, de leur colère et les aident à comprendre les messages émis par leur bébé. Cela passe souvent par l'utilisation de la vidéo avec l'accord des parents parce que tant qu'on se contente de la parole, ces parents ne se rendent pas compte de la manière dont ils agissent avec leur enfant. En France, l'aide à la parentalité n'a souvent aucun axe directeur.

C'est la fin de ce chat, nous laissons le mot de la fin à notre invité.

Je suis assez réaliste donc assez pessimiste. Je pense que nous allons vers une augmentation de la violence et que les mesures qui seraient nécessaires sont maintenant d'une telle ampleur que je ne vois pas quel homme politique oserait les mettre en place. Pour les situations d'agressivité plus banales, je trouve qu'on a beaucoup déconsidéré l'autorité des parents et que ceux-ci ont du mal à s'appuyer sur le groupe social qui est trop permissif et qui ne transmet plus de règles claires. Je peux dire aux parents que les valeurs essentielles comme celles de se faire respecter et comme celles qu'aucun enfant ne peut pas tout avoir tout de suite, sont essentielles à imposer. S'ils veulent que leur enfant soit capable d'accepter les réalités de la vie.

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