"Allô Parents Bébé aide les parents isolés"

Lorsqu'ils se sentent un peu désemparés devant leur bébé, les jeunes parents peuvent appeler " Allô Parents Bébé ". Françoise Rosenblatt, chef de ce projet, nous en explique le fonctionnement.

D'où est venu l'idée de créer le service "Allô Parents Bébé ?"

Après vingt d'expérience dans la téléphonie sociale spécialisée dans la lutte contre la maltraitance, l'association "Enfance et Partage" voulait diversifier sa mission et passer à des actions préventives. Ses dirigeants se sont aperçus que la période de la grossesse et les deux ans qui suivaient la naissance d'un enfant déstabilisaient les jeunes couples. Le retentissement psychologique mais aussi la réorganisation matérielle qu'impliquent l'arrivée d'un bébé nous ont donné l'idée de créer un numéro d'aide sur ce thème. Plusieurs grandes marques nous ont aidés et en février dernier, "Allô Parents Bébé" était né.

Comment fonctionne le service ?

"La discussion avec un parent peut très bien durer une heure !"

Les mamans et les papas mais aussi l'entourage du couple peuvent appeler le 0800 00 3456 de manière totalement gratuite et anonyme du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 17h à 21h. Une équipe de quatre salariés composée de psychologues cliniciennes et de puéricultrices répond à toutes les questions. Ces professionnelles spécialisées ont également suivi une formation d'aide au téléphone en interne. Il faut savoir écouter, relancer, inciter les gens à trouver par eux-mêmes des solutions.

Racontez-nous le déroulement d'un de ces appels...

C'est très variable. Il peut s'agir d'une simple demande de renseignement très courte comme par exemple : "Je suis seule avec mon nouveau-né et je dois faire une course mais il fait froid. Est-ce raisonnable de sortir avec lui ?" ou bien d'un échange d'une heure avec une maman ne parvenant pas à calmer son bébé qui hurle au moment du coucher. En discutant avec elle, nous nous rendons compte qu'elle dormirait bien dans la même pièce que lui mais que son mari refuse... En l'aidant à comprendre les vraies raisons de la situation, elle a reconnu que pour le bien-être de l'enfant, le dodo a intérêt à avoir lieu hors de la chambre des parents.

Quelle est la raison de ce nouveau besoin ?

Les familles se sentent isolées. Tous les proches ne vivent plus forcément dans le même secteur géographique. Grands-parents et frères et soeurs ne peuvent plus assurer leur rôle de soutien auprès du jeune couple. Les amis, eux-mêmes confrontés à l'éducation de jeunes enfants ou accaparés par leur carrière, ne disposent pas forcément de temps pour aider non plus. Sans compter la durée du séjour en maternité qui devient de plus en plus court : trois jours seulement en région parisienne. Quand aux PMI (Protection Maternelle et Infantile), passé 17h, plus personne ne répond aux demandes. Preuve que notre constat était juste, nous avons déjà traité 1 200 appels en un mois.

Vous arrive t-il d'orienter les appelants vers d'autres contacts?

Oui, en plus de notre rôle d'écoute et de conseil, nous orientons les familles vers d'autres structures en cas de besoin. En revanche, nous pouvons les guider vers leur médecin, leur maternité, leur PMI ou encore dans des cas plus lourds vers un Centre médico-psycho-pédagogique (CMP) ou en urgence  le SAMU.  

Justement, comment faites-vous face aux situations graves ?

Le cas est considéré comme grave lorsqu'on détecte un "baby blues" qui se transforme en dépression, qu'il y a un mari absent ou tyrannique ou quand une mère très dépressive et épuisée nous dit "Je ne veux plus m'occuper de ce bébé". Nous essayons alors, par la discussion, d'amener la personne à contacter elle-même un service d'aide adapté. C'est parfois délicat mais il est possible qu'on soit améné, un jour, à briser l'anonymat si cela peut sauver la personne. 

 Lire aussi

Comment gérer le baby-blues ?
Vos techniques pour endormir un bébé