Soeurs : une relation passionnelle Christine : "J'ai coupé les ponts"

Quelles relations entretenez-vous avec votre sœur ?

J'ai coupé les ponts depuis plusieurs années. J'ai fini par me rendre compte qu'elle me voyait comme une rivale, que tous mes actes étaient des affronts pour elle et la mettaient en situation de frustration. Tout ce qui comptait était de me battre, quel qu'en soit le prix. Et quand elle a mis nos enfants au milieu, j'ai dit stop.

En quoi ce lien est-il particulier ?
J'attendais beaucoup de ce lien, de pouvoir me confier et compter sur elle, mais ça n'a jamais été possible. Je parlerai plutôt d'une non-relation. Enfant, elle voulait me dominer. Adolescente, si je lui demandais de m'emmener avec elle (elle a 3 ans de plus que moi), c'était non car elle avait peur que je lui pique son petit ami. Pourtant, j'aurais bien aimé pouvoir me confier à ma sœur et être complice, mais à chaque fois que j'ai essayé, elle s'en est servi plus tard comme moyen de pression pour obtenir quelque chose, ou bien elle racontait tout aux parents. 

Et à l'âge adulte ?
Rien ne s'est arrangé. Adulte, c'est moi qui ai fini par l'éviter. Il y avait encore plus de terrains de rivalité : boulot, mari, enfant, maison, etc. Tout était bon pour se mesurer. J'envie ces familles où ce lien est fort, et où les sœurs s'aiment, mais je me suis fait une raison. Je me sens beaucoup mieux depuis que je ne la vois plus. Adieu rivalité malsaine !

"Je me sens mieux depuis que je ne la vois plus"

Ce lien diffère-t-il de celui d'un frère ?
Avec mon frère, c'est différent, nous avons toujours été complices. J'ai joué (et je joue encore) ce rôle de grande sœur qui m'a tant manqué. C'est d'ailleurs ce que j'inculque à mes enfants : l'amour fraternel. Pour moi, cela correspond à de l'entraide et au soutien, sans pour autant être intrusif.

Comment expliquez-vous qu'avec votre frère tout soit plus simple ?
Depuis toujours, je suis allée vers lui. Je l'ai protégé à l'école, l'ai emmené en boîte, l'ai consolé de ses chagrins d'amour. Je ne l'ai jamais considéré comme un boulet, contrairement à ce que ma sœur me faisait ressentir. Nous avons tissé des liens, il sait qu'il peut compter sur moi et moi sur lui.

Comment inculquez-vous l'amour fraternel à vos enfants ?
Je leur explique que chacun est différent, et qu'il faut accepter les autres comme ils sont. Quand ma fille est née, mon fils de un an et demi était assez jaloux de cette chose qui venait rompre son équilibre. Plus tard, je lui ai simplement expliqué qu'il n'était pas obligé d'aimer sa sœur mais qu'elle était là, et qu'il devait juste ne pas lui faire de mal et la respecter. Elle aussi a été jalouse de lui, et je lui ai tenu le même discours. Nous faisons attention avec mon mari à nous ménager du temps en famille, mais aussi avec chacun d'eux : chacun est unique, même en faisant partie de la famille. Et puis, tout naturellement, les liens se sont tissés. Bien sûr, ils se chamaillent mais ils savent faire front ensemble, se soutenir et s'entraider. C'est ma plus belle réussite.

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