Familles recomposées : quatre mamans témoignent Sophie : "Pour moi, le prince charmant n'avait pas d'enfants..."

Depuis combien de temps vivez-vous en famille recomposée ?

Je fréquente mon amoureux depuis 2 ans et demi, mais nous n'habitons ensemble que depuis janvier 2008. Mon concubin a deux filles de 9 et 13 ans, qu'il a eues très jeune (20 ans à la naissance de sa première fille). Je n'ai pas d'enfant.


Comment s'est passée votre installation ?

J'ai cru que le fait d'habiter ensemble me donnerait une certaine légitimité pour établir des règles de fonctionnement, mais ce n'est pas flagrant. Si nous ne sommes pas là pour rappeler les règles de base : "Range ta chambre", "Descends ton linge sale", les filles ont tendance à oublier.

Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?
Il n'a pas réussi à obtenir la garde alternée, donc nous ne les avons à la maison qu'un week-end sur deux, et la moitié des vacances scolaires. Quand nous ne sommes que tous les deux, tout va bien. Quand elles sont là, c'est moins drôle. Le week-end, c'est comme à l'hôtel : il faut toujours rappeler les règles de vie. Bien sûr, c'est moi qui me charge de ces "basses besognes". Lui ne veut pas avoir l'impression de passer son temps à les "engueuler". Je m'enfuis donc le plus souvent pour ne pas hurler. Paradoxalement, elles sont très en demande d'affection, très collantes. J'ai souvent l'impression d'étouffer face à ces demandes. Conclusion, je joue souvent à la marâtre qui s'arrache les cheveux. Et en même temps, je sens qu'elles ont besoin de moi. C'est une position très bizarre et changeante, alors que ça fait déjà 2 ans et demi.


Qu'est-ce que les "basses besognes" ?
Les "basses besognes" sont le fait de toujours rabacher les choses : c'est le plus souvent moi qui demande aux filles de faire le minimum (faire le lit, la chambre, etc). "Basse besogne", parce que souvent je me retrouve à perdre patience et à m'énerver contre elles.


Où allez-vous lorsque vous vous enfuyez pour éviter de hurler ?
Je trouve une course à faire, je vais en ville, vois une copine.

"Hormis quelques coups de gueule, il y a de super moments"

En quoi votre famille diffère-t-elle des familles traditionnelles ?
J'ai souvent l'impression d'être seule face à un bloc, de ne pas faire partie de la famille. Le problème des familles recomposées, c'est qu'elles ne vivent pas ensemble à plein temps, et c'est bien le quotidien qui crée la familiarité.

D'où vient le problème selon vous ?

Le dysfonctionnement de la famille vient du fait que mon ami est laxiste (de mon point de vue, mais peut-être suis-je trop sévère). J'ai l'impression qu'il n'ose pas faire preuve d'autorité parce qu'il ne les a pas beaucoup et qu'il ne veut pas gâcher ces moments en passant pour le méchant qui rappelle à l'ordre. Pour moi, faire preuve d'autorité n'est pas de la méchanceté, mais je peux comprendre qu'il n'ait pas envie de jouer au gendarme tout le week-end.

"J'ai souvent l'impression d'être seule face à un bloc"

Pensiez-vous que ce serait dur d'avoir une famille recomposée ?

Je ne m'étais jamais posé la question. Pour moi, le prince charmant n'avait pas d'enfants... Aujourd'hui, je ne regrette pas de vivre en famille recomposée. Mais c'est parfois très compliqué parce qu'il y a aussi des angoisses à gérer.


Aimez-vous tout de même les filles de votre ami ?

Bien sûr ! Hormis quelques coups de gueule, il y a de supers moments. Je suis loin d'être une belle-mère parfaite, mais je les aime.

Avez-vous aujourd'hui réussi à trouver votre place au sein de cette famille ?

Globalement, oui, même si certaines choses me font encore hurler !


Comment voyez-vous le futur ?

Apaisé. On avance en marchant.

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