Familles recomposées : quatre mamans témoignent Laëtitia : "Au début tout allait très bien"

Pouvez-vous nous décrire votre famille ?

Je me suis installée officiellement chez mon compagnon en septembre 2007. Nous sommes ensemble depuis janvier 2004. Pendant ces trois années, nous avons vécu chacun dans notre maison à 700 mètres l'un de l'autre. Nous partagions de nombreux moments, repas ou autres. Chaque famille retrouvant son intimité ensuite. Mon compagnon est veuf. Il a deux filles de 18 et 16 ans. J'ai un fils de 19 ans.

Comment la cohabitation s'est-elle passée au début ?

Les filles se montraient distantes par moment, ne répondant pas à mes "bonne nuit", par exemple. Il y avait aussi des réflexions au sujet des plats que je cuisinais : "J'aime pas". La plupart du temps, nous passions de bons moments. Nous ne nous sommes doutés de rien pendant longtemps. Il y avait réellement une bonne ambiance, avec moi et aussi avec mon fils.

Des conflits ont-ils éclaté ?

Tout allait très bien au début de notre relation. Lorsque l'abcès a éclaté, nous avons découvert tout le ressenti des filles de mon compagnon. L'aînée, Julie, s'était toujours montrée froide, distante et hautaine. Elle n'avait rien dit jusque là. Elle se montrait impolie et me manquait de respect par moment. Son père la reprenait très peu. Je ne me plaignais jamais mais quand il assistait à une impolitesse, il me disait de me faire respecter, de ne pas me laisser faire. Je me suis toujours refusée à me disputer avec elle. J'estimais que je n'avais pas à m'imposer, qu'avec le temps... 

Et avec la plus jeune ?

Avec la plus jeune, Amandine, il n'y avait jamais eu de problème. Lorsque Julie est devenue étudiante, elle s'est installée dans un appartement. Nous sommes allés lui rendre visite pour de brefs week-ends sans problème. Lors des vacances de la Toussaint, elle est pratiquement restée muette, répondant seulement par oui et par non. Ensuite, cette ambiance s'est dégradée. Cet été, son père s'est fâché. Il lui a dit que cette mauvaise ambiance lui pesait et lui a conseillé de revenir quand elle serait de meilleure humeur. En sa présence, sa petite sœur se montre aussi distante. Elle prétend que son aînée le lui impose.

"Un soir en revenant de week-end, ma belle-fille avait fait disparaître toutes mes affaires"

Comment s'est passée votre installation ?

Lors de mon installation, la maison étant en travaux d'agrandissement (pour permettre à chacun d'avoir sa chambre), la plupart de mes affaires sont restées dans des cartons. Je n'avais déballé que deux bibelots dans le séjour. Au cours des vacances scolaires, en notre absence, Julie l'aînée, changeait tout de place. Mon compagnon ne s'apercevait de rien et moi je n'en parlais pas, replaçant chaque objet à sa place. Je n'étais pas sûre de savoir qui déplaçait ces objets. C'est mon fils qui m'a tout révélé cet été.

Elle a fait disparaître certaines de vos affaires ?

Oui. Lors de la disparition de presque toutes mes affaires, il m'a expliqué qu'elle prenait tout en main de façon très théâtrale en menaçant de les casser. Elle avait aussi retourné des cadres photo de mon chien décédé. Ces cadres étaient dans notre chambre, dont une sur ma table de nuit. C'est ce qui m'a blessé. J'ai ressenti ce geste comme une intrusion dans mon intimité : notre chambre. A notre retour de vacances, les enfants étaient absents. Nous avons trouvé mes affaires dans un placard. Elles étaient entassées visiblement sans soin, les plus fragiles dessous, etc.

"Il n'y a pas de tendresse entre nous"

Comment a réagi votre compagnon ?

Il a immédiatement compris. Là, je n'ai rien eu à faire. Sans m'en parler, il a téléphoné à ses filles chez leurs grands-parents. Il s'est mis en colère, a eu des mots très durs envers elles et leur a dit que je leur en voulais terriblement. A leur retour, elles me craignaient vraiment. Elles étaient honteuses et parlaient encore moins qu'avant. Je les ai ignorées complètement. Je leur ai donné tort, elles n'ont pas réussi à me mettre en colère. Je n'en ai jamais reparlé avec elles.

Avez-vous tout de même des sentiments pour les filles de votre ami ?

Là encore, il faut distinguer les deux filles. Je peux excuser la plus jeune, Amandine, parce qu'elle est influençable. Ses défauts sont liés à l'éducation qu'elle a reçue, à la longue maladie de sa maman puis à son décès. Je l'apprécie comme quelqu'un de précieux pour mon compagnon. Je prends soin d'elle mais il n'y a pas de tendresse entre nous. Mes sentiments pour Julie sont plus négatifs. Heureusement, nous avons très peu de contact. Elle est méchante et jalouse. Elle a aussi beaucoup d'importance pour mon compagnon mais comme elle est moins fragile, je me sens moins redevable. Et puis, je ne vois pas comment apprécier quelqu'un qui exprime tant de haine envers moi.

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