"Vrai" ou "faux" jumeaux : qu'est-ce que ça change ?

L'arrivée de jumeaux dans une famille est forcément vécue comme un chamboulement. Outre l'organisation, les parents se posent aussi des questions sur la manière d'éduquer leurs bouts de chou. Les jumeaux sont-ils toujours fusionnels ? Faut-il les habiller de la même manière ou les différencier ? Conseils.

"Vrai" ou "faux" jumeaux : qu'est-ce que ça change ?
© Evgeny Atamanenko-123rf

Lorsqu'on parle de jumeaux, le premier mot qui nous vient à l'esprit est bien souvent "ressemblance". Or, ce n'est évidemment pas toujours le cas. Les "vrais" jumeaux, ou jumeaux monozygotes, ne représentent d'ailleurs qu'un tiers des jumeaux. La grande majorité étant des jumeaux dits "fraternels", de même sexe ou de sexe différent.

Jumeaux monozygotes ou dizygotes ?

"Vrais" ou "faux" jumeaux, cette notion peut avoir une incidence sur le comportement des parents et de l'entourage vis-à-vis des deux enfants. Et c'est là où le bât blesse. Il semblerait en effet que les jumeaux monozygotes soient quelque peu idéalisés : ils sont forcément fusionnels, font tout ensemble et s'entendent à la perfection. Contrairement aux jumeaux dizygotes... Dans son livre "Quand les jumeaux grandissent", Muriel Decamps donne la parole à une jumelle : "Etant jumeaux de sexe opposé, nous n'avons pas été "élevés" comme des vrais jumeaux". A croire qu'il y aurait une éducation type pour les monozygotes ! Comment ces a priori conscients ou inconscients influencent les parents ? Cela commence dès la grossesse, selon la journaliste. "Les parents ont déjà une idée de ce qu'il faut ou ne pas faire suivant le type de gémellité de leurs enfants. (...) Monozygotes, on aura les deux extrêmes : les laisser ensemble car c'est leur 'destin' ou bien les séparer à tout prix pour qu'ils puissent s'épanouir chacun de leur côté. Dizygotes, on aura plus tendance à 'laisser faire', puisque ce ne sont après tout que des frères et sœurs."

Les jumeaux sont-ils forcément fusionnels ?

Dans l'imaginaire collectif, les jumeaux se ressemblent physiquement, s'entendent merveilleusement bien, font tout ensemble... Bref, ils sont fusionnels, un vrai "couple" parfait ! Mais est-ce le cas pour tous les jumeaux ? Bien évidemment, non. Au risque de décevoir certaines personnes, les jumeaux, monozygotes ou non, peuvent eux aussi connaître des hauts et des bas. Comme l'explique très bien Muriel Decamps dans son ouvrage : "Il est toujours dommage de voir des jumeaux ne pas s'entendre, mais comme il est dommage de voir des membres d'une même fratrie ne pas s'entendre. La gémellité n'est pas une assurance d'amour à tout prix". Elle donne la parole à des parents de jumeaux qui assistent, parfois un peu déroutés, aux disputes de leurs enfants. "Par moment, elles jouent ensemble. Par moment, elles ne se supportent pas. Ce sont des amies-ennemies, des rivales qui s'aiment et se détestent à la fois", décrit une maman. Cet aspect amour-haine est le lot de toute relation très forte et, ici, complexe. Bien heureusement, après ces moments parfois difficiles, "les choses rentrent naturellement dans l'ordre". Mais dans certains cas extrêmes, non "gérables 'en famille'", comme l'indique Muriel Decamps, une aide extérieure peut s'avérer nécessaire. Preuve qu'au pays des jumeaux, tout n'est pas toujours rose...

Faut-il habiller ses jumeaux de la même manière ou au contraire les différencier ? 

Des jumeaux habillés exactement pareil, vous trouvez ça vraiment trop craquant ? Peut-être, mais ce choix vestimentaire renforce l'impression que les jumeaux ne font qu'un et ne sont qu'un. En réalité, ils fonctionnent plutôt comme un couple. Cette idée, mise en évidence par René Zazzo, psychologue français, implique que les jumeaux s'influencent naturellement. Muriel Decamps, également mère de jumelles, évoque dans son ouvrage une anecdote qui illustre parfaitement cette notion... "Dès que mes filles ont eu l'âge de se débrouiller, lorsqu'elles voulaient regarder un DVD, c'était toujours la même qui se chargeait de lancer la séance. C'était comme ça, nous n'y prêtions guère d'attention. Et puis, lors d'une absence de cette dernière, sa sœur a voulu regarder un film. Et là je me suis aperçue avec stupeur qu'elle n'avait aucune idée de la manière de procéder."

Comment leur apprendre à se "séparer" ?

Le rôle des parents est donc d'aider leurs jumeaux à se "séparer" afin qu'ils se construisent une identité et des aptitudes propre, c'est ce qu'on appelle la différenciation ou la degémellisation. Mais comment faire dans la pratique ?

  •  Opter pour des prénoms bien distincts : pas de Caroline et Coralie, par exemple
  •  Ne pas habiller ses jumeaux de la même manière
  •  Ne pas les appeler "les jumeaux"
  •  Chaque enfant doit avoir son coin personnel avec une décoration ou des couleurs différentes par exemple
  •  Inscrire ses jumeaux dans une crèche ou une halte-garderie pour qu'ils s'ouvrent aux autres
  •  Eviter les comparaisons 

Les clés pour rendre vos jumeaux plus autonomes

Favoriser l'autonomie des jumeaux est indispensable à leur bon développement. Voilà pour la théorie, mais comment cela se passe-t-il concrètement ? Voici quelques idées qui aideront les parents de jumeaux à passer à la pratique.

  • Organiser des moments sans le co-jumeau : les grands-parents se feront un plaisir d'accueillir l'un des enfants pendant que le second restera avec papa et maman. Les retrouvailles n'en seront que plus savoureuses.
  • Encourager vos jumeaux à avoir une activité différente : s'ils souhaitent malgré tout pratiquer le même sport, pas de panique, Muriel Decamps a ses astuces. Vos filles veulent faire de la danse ? L'une peut opter pour la danse classique, l'autre pour du modern-jazz, par exemple. Et même si elles veulent "tout pareil", pensez à des horaires ou lieux différents.

Mais gérer deux emplois du temps, d'un point de vue logistique, n'est pas donné à tout le monde... La spécialiste des jumeaux pense que c'est un non-problème : "Posons-nous la question : comment ferions-nous avec deux enfants d'âge différent ? Comme la majorité des parents ! Nous irions en courant du tennis du grand à la gym du petit, passerions de la leçon d'anglais à l'apprentissage de la lecture !".

Faut-il mettre les jumeaux dans la même classe ? 

Une première rentrée scolaire est toujours un peu stressante, mais pour les parents de jumeaux, elle s'accompagne d'une question incontournable : faut-il mettre ses enfants dans des classes différentes ? Deux écoles s'affrontent à ce sujet.

"On ne sépare jamais des jumeaux"

C'est la tendance actuelle selon Muriel Decamps, du moins pour la première année. Une rentrée en maternelle étant déjà une grande étape à franchir, beaucoup de parents ne veulent pas qu'elle devienne en plus synonyme de séparation pour leurs enfants. "On les imagine plus forts à deux, mieux armés pour affronter le changement, la nouveauté, l'absence des parents", écrit l'auteure de "Quand les jumeaux grandissent". Mais les jumeaux ne sont peut-être pas non plus mûrs pour une séparation. L'essentiel est avant tout d'écouter leurs désirs. "L'idée est simplement de se dire que chaque enfant est prêt à son rythme. Il faut donc veiller à percevoir le petit déclic, le "go". Cela peut intervenir dès l'entrée en maternelle, comme bien plus tard au cours de la scolarité", précise la spécialiste des jumeaux.

"On sépare toujours des jumeaux"

Acquérir de l'autonomie, ne pas être comparé à son jumeau, éviter la jalousie de l'autre sont autant d'arguments mis en avant par les adeptes des classes différentes. Alors ensemble ou non ? "Quel que soit notre choix, notre conviction, il est essentiel d'en parler aux enfants, de leur expliquer pourquoi et de les faire adhérer à ce que l'on croit bon pour eux. Sans cette nécessaire étape de préparation, les meilleures intentions du monde peuvent donner le résultat inverse de celui escompté", conclut Muriel Decamps.

Autour du même sujet