Comment bien punir son enfant ?

Eduquer sans punir, tous les parents en rêvent. Pourtant, la punition permet de poser les limites nécessaires pour la construction de l'enfant. Alors, comment s'y prendre ?

Existe-t-il une punition idéale ?

Ca dépend de ce que l'on veut sanctionner. On ne va pas réprimer de la même façon une transgression majeure et une bêtise. Et puis, il faut prendre en compte les aspects culturels. D'une génération à l'autre, les choses changent. Il y a une cinquantaine d'années, toutes les maisons étaient équipées d'un martinet. Aujourd'hui, cela paraît inconcevable. Le barême de sanction n'est donc pas le même en fonction de l'âge, de la culture... D'autre part, la punition ne doit pas être disproportionnée par rapport à la bêtise. Elle doit être juste, raisonnable et applicable. Si un enfant casse un pot de fleur, la sanction peut être de le nettoyer, de le réparer ou d'en racheter un avec son argent de poche. Dans ce cas, l'enfant ne sera pas choqué par la punition. Par contre, s'il vole de l'argent, il faut le sanctionner mais également comprendre ce qu'il se passe. Car c'est un acte illégal et transgressif. On est dans un autre registre que celui de la simple bêtise. 

Que pensez-vous des punitions corporelles ?

Je suis complètement contre les gifles car elles donnent un sentiment d'humiliation à l'enfant. Tout ce qui est sadique est également à proscrire. Il faut savoir pourquoi le parent fait cela. S'agit-il d'un adulte énervé qui se soulage, de sadisme, est-ce un rappel de ce qu'il a subi plus jeune ? Par contre, une fessée donnée à un moment où l'enfant dépasse les bornes peut être une solution. Un bambin a besoin de savoir où sont ses limites. C'est ainsi. Les parents doivent les lui signifier et le sanctionner pour dire : "Attention, ça ce n'est pas possible". Les limites sont structurantes. Ce sont elles qui vont permettre à l'enfant de devenir un adulte et de pouvoir vivre en société.

"Donner des limites à l'enfant, c'est lui dire ce qui est acceptable ou non"

Certains parents n'osent pas punir, que leur conseillez-vous ?

Les parents doivent différencier leur histoire et les besoins de l'enfant. Par souci et par respect pour lui, des balises doivent être posées. Des parents qui ne punissent pas ne donnent pas de repère. Il ne faut pas s'étonner que leurs bambins fassent des bêtises, qu'ils aient des problèmes à l'école... Donner des limites à un enfant, c'est lui dire ce qui est acceptable ou non pour vivre en collectivité. C'est le préparer à la vie. Beaucoup de parents confondent le fait de poser des limites et l'idée que ce serait agressif. Prenons l'exemple d'un enfant de deux ans. Ca ne viendrait à l'idée d'aucun adulte de le laisser mettre les doigts dans la prise. Si l'enfant recommence, on lui donne une petite tape sur la main pour qu'il comprenne qu'il ne doit pas le faire. C'est cette position que les parents ont du mal à saisir.

Dans l'hôpital où vous exercez, rencontrez-vous de plus en plus d'enfants tyrans ?

Oui, bien sûr. Ces enfants sont dans la toute-puissance. Ils explorent les limites à la crèche, à l'école... Plus tard à l'adolescence, ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas avoir le dernier jeu vidéo à la mode. Mais cela a commencé dès 2-3 ans. L'enfant va tester l'absentéisme, l'alcool, le cannabis. Il va chercher les limites de son corps, des autres, de la société. Cela va l'amener à se confronter à l'extérieur, à chercher celles dont il a besoin.

Mais lorsque les parents n'ont jamais puni, est-il encore possible de donner une punition à l'enfant devenu adolescent ?

Il n'est jamais trop tard. Il faut lui expliquer que s'ils prennent des mesures limitantes (argent, horaires...), c'est parce qu'ils estiment que c'est nécessaire pour lui. Ce n'est pas par sadisme. Par contre, il est indispensable que les parents soient prêts à entendre des paroles blessantes telles que : "Vous êtes nuls", "Vous ne m'aimez pas". Mais il faut persister face à ces paroles et surtout être sûr du bien-fondé de son action. Il vaut mieux promettre peu mais être sûr de tenir. Rien n'est plus fiable que des parents qui mettent à exécution une punition. L'enfant sait alors que s'il rencontre un jour un gros problème, il pourra compter sur eux.

Face à un enfant qui ne respecte pas la punition, comment réagir ?

Beaucoup de parents peuvent être débordés et donner une punition de façon excessive. L'enfant peut alors trouver cela injuste. Les parents doivent prévoir entre eux et se demander "on fait quoi si ça recommence". La punition ne dépend pas de l'humeur ou de la journée de travail qu'on vient de passer. Et puis, cela dépend de la gravité de la bêtise. De même, il se peut tout simplement que l'enfant ne puisse pas tenir la punition. Demander à un bambin de deux ans d'aller au coin pendant une heure, ce n'est pas possible. Par contre, si l'adolescent remet systématiquement en question les punitions et les transgresse allègrement, c'est que finalement, il n'est pas très impressionné. Si ça se répète souvent et de façon régulière, il est indispensable que les parents réajustent leur position afin de redéfinir un cadre de bonne conduite mutuelle. Les parents doivent reprendre les choses en main. Dans ce cas, je leur conseille de demander un avis extérieur, de prendre conseil auprès d'un psychologue ou d'un médiateur. Sinon, ils rentreront dans un système de relation qui ne sera pas bon.

Si on a dépassé les limites et qu'on le regrette, doit-on s'excuser ?

S'excuser, non. Mais on peut dire : "J'ai été au-delà de ce que je voulais, je le regrette, mais on est deux à devoir veiller à ce que cela ne se reproduise pas". Mais il faut également dire à l'enfant qu'on compte sur lui pour qu'il ne recommence pas sa bêtise. 

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