Elles ne veulent pas être mères Oser être childfree et répondre aux attaques

Nombreux sont les childfree qui se sentent jugés et sont critiqués. Comment répondre à ces attaques ? Edith Vallée, psychologue, conseille les femmes.

Voici comment répondre à 3 séries d'attaque :

 Quand la femme est jeune et qu'on lui dit "tu vas changer d'avis plus tard" :

"Oui en effet, je peux changer d'avis et je te donne rendez-vous plus tard, quand moi je l'aurais décidé".

 Quand la femme a dépassé l'âge de procréation et qu'on s'inquiète pour elle "Mais comment vas-tu faire maintenant ? Tu vas te sentir seule !" :

"Je ne suis pas assez égoïste pour me servir d'un enfant comme d'une béquille. J'espère bien rester assez vive et intéressée au monde pour continuer à profiter des fruits de la vie".

 Enfin, l'attaque la plus grave qui consiste à rejeter l'autre et lui dire qu'elle avait un désir d'enfant mais qui est barré :

"L'essentiel n'est-il pas d'être en phase avec soi-même ?"

répondre aux critiques.
Répondre aux critiques. © ra2 studio - Fotolia.com

Les parents pointent souvent le bonheur qu'apporte un enfant, expliquent que cela change leur vie, que c'est une évolution. Que répondre ?

Concernant cette observation de la part des parents, je pense que cette situation me semble idéalisée. Tous les jeunes parents disent que leur source de joie est leur enfant. Mais quand on les interroge à divers moments de leur vie sur ce qui fait leur bonheur, l'enfant arrive après la vie de couple ou les amis. Il est vrai que l'état de grossesse est un moment merveilleux et qu'il y a des femmes qui s'épanouissent complètement avec un enfant. Et j'ai envie de dire, heureusement ! Mais ce que j'ai à dire c'est : qu'est-ce que le bonheur ? Pour moi, il se réalise à travers deux désirs qui sont :

 Renouer avec le paradis perdu. Il y a chez tout le monde ce sentiment de quelque chose de perdu et qui est à retrouver. Quand vient-il pour la première fois ? Vers 2 ans. L'enfant se rend compte qu'il a perdu la proximité avec sa mère. Il souhaite alors renouer avec ce temps et voudrait faire un enfant avec sa mère pour être celui qui prodigue les soins. C'est là le premier temps de formation du désir d'enfant, peu connu du grand public. Pour un certain nombre de Childfree, le bonheur se trouve donc dans l'amour à deux (un enfant serait un tiers intrusif), dans l'exercice d'une passion (spirituelle ou autre), ou la liberté de mouvement (une partie des Childfree est en communion avec la nature). En somme, ces femmes ne veulent faire qu'un avec ce(lui) qu'elle aime. Tout autant qu'une mère avec son enfant... Par définition, un désir n'est jamais comblé. La quête du paradis est toujours en action.

 Le deuxième désir sur lequel se fonde la quête du bonheur émerge vers 4 ans au moment de la situation oedipienne, dont tout le monde a entendu parler. Là s'origine le désir de dépasser ses limites. A partir de là, certaines font donc un enfant pour se dépasser, se surpasser, et d'autres , comme les Childfree, avanceront en se consacrant seulement à leur quête de réussite. Parmi elles, les businesswomen, les femmes qui veulent profiter de la vie. Il y a aussi celles qui ne veulent pas faire un enfant dans un monde violent, celles qui rompent avec un passé familial lourd... (Certaines femmes se séparent  aussi d'un passé difficile en devenant mères.) Les Childfree qui rompent avec la marche du monde ou avec leur passé accomplissent leur réalisation en rejoignant les femmes qui renouent avec le paradis perdu, ou qui veulent dépasser leurs limites.

Le désir d'enfant est une énergie qui s'oriente différemment, en quête de liens avec le paradis perdu, en envie de se dépasser.

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