Chômage : les Français repoussent l'arrivée du premier enfant

Le chômage aurait une influence directe sur le projet de naissance des chômeurs sans enfant, selon une récente étude de l’Ined. Les personnes sans emploi ont en effet tendance à retarder l’arrivée du premier bébé.

Chômage : les Français repoussent l'arrivée du premier enfant
© Tydav Photos

La France fait partie des rares pays d'Europe à avoir une fécondité stable et élevée, et ce malgré la crise économique mondiale. Toutefois, une situation de chômage retarde l'arrivée du premier enfant, selon une récente étude de l'Ined menée par Ariane Pailhé et Arnaud Régnier-Loilier. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé l'enquête Etude des relations familiales et intergénérationnelles qui a interrogé les mêmes personnes à plusieurs reprises entre 2005 et 2011 sur leur désir d'enfant et les naissances effectives. Ils ont ainsi pu analyser l'influence d'un épisode de chômage sur la fécondité.

Les chômeurs sans enfant ont moins l'intention d'en avoir un. La forte progression du chômage chez les moins de 35 ans depuis le début de la crise en 2008 ne s'est pas accompagnée d'une baisse sensible de l'indicateur conjoncturel de fécondité. Celui-ci est en effet resté autour de deux enfants par femme en France métropolitaine (1,98 en 2014 contre 2,01 en 2008). Les chercheurs ont cependant observé que les femmes tout comme les hommes ont moins l'intention d'avoir un premier enfant dans les trois ans lorsqu'ils sont au chômage. En 2005, 24% des hommes et 38% des femmes sans emploi déclaraient ainsi souhaiter un enfant dans les trois prochaines années, contre 43% des hommes actifs et 53% des femmes occupant un emploi. L'étude a par ailleurs constaté qu'il n'y a en revanche "aucune différence significative" dans le désir d'enfant entre les chômeurs et les actifs occupés qui ont déjà au moins un enfant.

Report du projet de naissance. L'étude met aussi en évidence que les chômeurs sans enfant réalisent moins souvent leur projet. En effet, "après 3 ou 6 ans, les personnes qui souhaitaient un enfant ont moins souvent engagé une grossesse lorsqu'elles ont connu une période de chômage", expliquent les chercheurs. Cela s'explique par un report de la mise en couple pour les hommes et l'attente d'une situation professionnelle stable pour les femmes. Par ailleurs, il a une nouvelle fois été constaté que le chômage n'affecte pas le projet d'avoir un enfant chez les individus déjà parents.

Des effets de long terme limités. Le contexte actuel de crise peut amener à s'interroger sur les effets de long terme du chômage sur la fécondité. Les chercheurs affirment toutefois que "le déclin de la fécondité observé en période de hausse du chômage est temporaire et souvent suivi d'une reprise des naissances au retour de la prospérité. En outre, le chômage ne semble pas à ce jour remettre en cause la réalisation des projets de fécondité des personnes ayant déjà un enfant".