"Une petite ou une grosse claque, c'est la même chose pour l'enfant"

"Oh, une petite claque n'a jamais fait de mal à personne". Eh bien si, justement. Selon la nouvelle campagne "Pour une éducation sans violence" lancée par la Fondation pour l'enfance et menée par une équipe d'experts, une fessée petite ou forte aurait bel et bien des conséquences sur la santé physique et mentale des enfants. Ce nouveau spot TV et web, coordonné par le docteur Gilles Lazimi, montre l'aspect transgénérationnel de ces violences : si un parent a été frappé durant son enfance, il aura beaucoup plus de chances de réitérer ce qu'il a vécu en assénant à son tour des coups à son petit. A l'heure où près de 50 % des parents d'enfants de moins de 2 ans déclarent avoir eu recours à des punitions corporelles dans les douze derniers mois, il parait urgent de s'interroger sur les conséquences de ces violences dites "banales" selon Gilles Lazimi. Il a accepté de répondre à nos questions.


Pourquoi avoir choisi de lancer la campagne maintenant ?
Tout simplement parce qu'on n'avait pas pu le faire avant ! C'est un sujet qui n'est pas évident à entendre, et il faut savoir qu'on empêche depuis des années le débat en France sur les violences contre les enfants. Il est vrai qu'il y a déjà eu quelques campagnes européennes, mais pas nationales. Le directeur de Publicis Jean-Patrick Chiquiar, qui a réalisé gracieusement ce spot, est la personne sans qui rien n'aurait été possible. Par ailleurs, cette campagne sort au moment où l'on s'apprête à organiser la journée internationale contre les violences éducatives, samedi 30 avril.

"Nous ne souhaitons pas faire culpabiliser les parents !"

Quel est votre objectif en lançant cette campagne ?
De convaincre, mais pas seulement. Le principal message que nous avons souhaité faire passer est de faire réfléchir les générations sur cette banalisation de la violence. Aujourd'hui on nous fait croire qu'il faut avoir peur de ses enfants, ou bien qu'ils sont des petits rois trop gâtés. Ce n'est pas vrai. Dans mon métier, je constate tous les jours que les agresseurs mineurs sont des anciens enfants qui ont été maltraités par leurs parents durant leur enfance : leur histoire se perpétue. Avec cette campagne, nous espérons sincèrement faire sortir le débat, faire en sorte que les générations se questionnent sur cette violence banalisée au sein de la famille. Nous ne souhaitons absolument pas culpabiliser les parents !


Que rétorquez-vous aux parents qui pensent qu'une fessée n'est pas si grave ?
Je leur dit d'essayer de se mettre à la place de leur enfant. Imaginez que vous pesez 10 kilos et qu'un géant de 80 kg vous donne un coup. C'est un stress extrême pour un petit ! Il est terrorisé, et sa douleur physique peut se transformer en grave douleur psychique. Les enfants deviennent moins sociables, moins empathiques et leur mémoire peut être gravement altérée. Il faut que les parents se demandent pourquoi ils en viennent aux mains et ce que cette violence évoque en eux. Il y a tellement de moyens autres que les coups pour qu'un enfant comprenne qu'il a mal agi ! Ecoles de parents, site Internet, livres sont autant de supports pour leur permettre de trouver des solutions pour calmer un enfant. On ne peut pas absolument pas justifier la violence. Frapper un enfant, c'est lui faire croire qu'il mérite des coups, qu'il est coupable de cette violence. Un enfant, c'est un être en construction, et il ne peut ni fuir ni se battre, il est sans défense face à cette violence !

 Site internet de la Fondation pour l'Enfance