Grossesses pathologiques : les complications de la grossesse

Diabète gestationnel, hypertension, maladies infectieuses... On parle de grossesse pathologique ou à risque lorsque des complications surviennent en cours de grossesse. Mais rassurez-vous, les femmes enceintes bénéficient d'un suivi plus régulier ou d'une prise en charge particulière. Le point avec la sage-femme Sandrine Brame

Grossesses pathologiques : les complications de la grossesse
© 123RF / Dmitrii Shironosov

Qu'est-ce qu'une grossesse pathologique ?

Chaque année en France, 20 % des femmes sont confrontées à des grossesses pathologiques qui entraînent un risque pour la santé de la maman comme pour celle de son bébé. C'est pourquoi, dès le début de la grossesse, un suivi médical est mis en place afin de prévenir ou de diagnostiquer le plut tôt possible les complications qui pourraient survenir. On fait le point avec Sandrine Brame, sage-femme hospitalière dans le Pas-de-Calais également membre de l'Ordre des Sages-Femmes.

Grossesse pathologique : quelles sont les grossesses à risques ?

La grossesse est souvent révélateur de la santé future de la patiente : "Si elle est sujette à avoir de l'hypertension ou du diabète plus tard, ces pathologies sont susceptibles d'apparaître à ce moment-là" note Sandrine Brame. Vous souffrez déjà d'une pathologie ? En principe, cela ne vous empêchera pas de tomber enceinte, mais vous entrerez dans la catégorie "grossesse pathologique" impliquant un suivi plus sérieux.

Le diabète gestationnel

Parmi les principales complications de ces grossesses dites "à risques" il y a la survenue d'un diabète gestationnel vers la fin du 2e trimestre. Il peut durer le temps de la grossesse ou être révélateur d'un diabète antérieur et se manifeste par une intolérance au glucose. Résultat, le taux de glycémie augmente chez la femme enceinte pouvant, dans les cas les plus graves, entraîner une pré-éclampsie ou un accouchement prématuré. Le fœtus reçoit quant à lui une surdose de glucose susceptible de provoquer une macrosomie, une détresse respiratoire, une hypoglycémie néonatale et un risque de développer en grandissant un diabète de type 2. D'où la nécessité de le dépister afin que la future maman puisse suivre un traitement évitant ce type de complications.

L'hypertension artérielle

Complication de la grossesse la plus fréquente, l'hypertension artérielle gravidique ou HTA est une augmentation de la pression du sang sur la paroi des artères. Elle se développe généralement au cours du 3e trimestre de grossesse et sa complication principale est la pré-éclampsie. L'hypertension artérielle apparue durant la grossesse disparaît généralement dans les 6 semaines après l'accouchement mais implique un suivi pendant la grossesse afin notamment de s'assurer de la bonne croissance du fœtus

Les maladies infectieuses

Les examens durant la grossesse consistent également à détecter et traiter une éventuelle infection urinaire, dépister la toxoplasmose et la rubéole (si la future maman n'est pas immunisée), la listériose (bactérie présente notamment dans les fromages au lait crus, la charcuterie et les crustacés), le cytomégalovirus ou une infection sexuellement transmissible (MST) pouvant engendrer de graves séquelles sur le fœtus. En outre, "certaines conduites à risque comme la consommation de tabac, d'alcool, de médicaments ou la toxicomanie peuvent majorer les risques d'avoir une grossesse pathologique" prévient la sage-femme. 

Grossesse pathologiques : quelles sont les causes ?

Enceinte de jumeaux 

Certains facteurs peuvent accroître les risques de grossesses pathologiques. C'est le cas des grossesses multiples notamment en raison des accouchements prématurés plus fréquents. Tout dépend aussi du type de grossesse gémellaire."Une vigilance est accrue en cas de grossesse monochoriale (un seule ovule est fécondé et divisé en deux) car les cordons peuvent s'emmêler, et de grossesse monochoriale bi-amniotique (1 placenta et 2 poches) le sang pouvant circuler davantage dans l'un des fœtus et provoquer une anémie chez l'autre" explique Sandrine Brame. Enfin, du côté de la mère, une grossesse gémellaire peut être plus difficile à gérer au niveau tensionnel et immunitaire. 

Obésité et grossesses tardives

La grossesse tardive et l'obésité sont également des facteurs aggravants. En effet, l'âge et le surpoids ont tendance à fragiliser le métabolisme qui a plus de mal à s'accommoder aux changements qui s'opèrent. "L'obésité implique notamment une surveillance de la tension et du diabète susceptibles de s'accroître ou de se développer durant la grossesse" souligne la sage-femme. Néanmoins, "il y a des grossesses qui se passent très bien à 40 ans, surtout s'il s'agit du petit dernier car le corps est déjà préparé au processus".

Parfois aussi, la maman ne souffre d'aucune pathologies mais son col s'ouvre tôt ou sa poche des eaux se rompt prématurément. Il y a alors un risque d'accouchement prématuré ou de fausses-couches tardives. Une hospitalisation et des examens sont alors nécessaires pour s'assurer de la bonne santé du fœtus, mais "si le travail continue ou qu'il y a un risque d'infection, on fait naître l'enfant" . 

Grossesse pathologique : un congé particulier pour les femmes enceintes

Une grossesse pathologique implique un suivi plus régulier de la future maman et de son bébé à naître afin de s'assurer du bon déroulement de la grossesse.  Dans certains cas, le gynécologue peut décider de procéder à une IMG (interruption médicale de grossesse) ou déclencher l'accouchement si l'état de santé du fœtus ou/et de mère le nécessite. Un congé pathologique peut être d'ailleurs être proposé à la future mère par son médecin traitant, son gynécologue. Ce congé allonge alors la durée du congé maternité classique de 2 semaines avant l'accouchement et est indemnisé par la sécurité sociale à 100%. 

Grossesse pathologique et prise en charge

Si votre grossesse est considérée comme "pathologique", vous bénéficierez d'un suivi médical renforcé et devrez choisir une maternité de type III c'est-à-dire disposant d'une unité de réanimation néonatale."C'est l'obstétricien qui va réorienter éventuellement vers une autre maternité au fur et à mesure de l'apparition ou de l'évolution de la pathologie" précise Sandrine Brame. En effet, rappelle-t-elle "à partir du moment où la grossesse est identifiée comme pathologique, elle n'est plus suivie par une sage-femme, l'obstétricien prend le relais". Consulter notre guide des maternités. 

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