Avoir un bébé : un frein à la carrière pour près d'une femme sur deux Elles se taisent, de peur de représailles

Face à toutes ces situations où la jeune maman se sent fragilisée, sa réponse est le silence, dans 40 % des cas. C'est qu'elles ont peur. Comme l'indique le graphique ci-dessous, les femmes interrogées ont pu se sentir isolées, n'ont pas obtenu la promotion qu'elles souhaitaient, n'ont pas retrouvé l'intégralité de leurs fonctions, ce qu'elles relient directement à leur maternité. Mais leur réaction face à ces faits demeure le silence en premier lieu : 39 % d'entre elles n'ont rien dit de peur de représailles (Ce sont les CSP – qui sont les plus fragilisées : 41 % se taisent contre 38 % des CSP +). 26 % d'entre elles en ont parlé à la direction, 9 % des sondées ont démissionné de leur poste, 8 % d'entre elles ont souhaité rencontrer la DRH, 7 % en ont parlé aux représentants du personnel et 6 % ont pris les conseils d'un avocat. Seules 3 % d'entre elles ont entamé une procédure.

les femmes se taisent dans 40 % des cas
Les femmes se taisent dans 40 % des cas © auremar - Fotolia.com
Elles se sentent vulnérables

"Le moment de la maternité peut fragiliser un équilibre ", souligne Aline Crépin. "On se sent moins protégée, alors que dans les faits, on l'est. On se dit que l'employeur, pendant 16 semaines, a fait sans nous, ce qui implique ce sentiment de fragilité de façon naturelle vis-à-vis de son poste. C'est logique que dans ces conditions, les femmes se taisent. Le zoom devrait plutôt se porter sur le manager : comment gère-t-il ou non ce retour de maternité pour en arriver à une telle situation ? C'est le management de proximité qui est la clé dans la reprise du travail. Mais pris dans son quotidien opérationnel, le manager ne pense pas à mettre quelque chose en place si on ne le sensibilise pas. Pour lui, la maternité apparaît comme une contrainte et le retour, comme un nouveau bouleversement". Ces femmes qui se taisent, Le Défenseur des droits les entend parfois : "Nous sommes saisis, mais pas suffisamment... Lorsque le Défenseur des droits était encore la HALDE, nous avions élaboré un dépliant concernant la grossesse et la discrimination. Lors de sa diffusion, nous avons vu augmenter brutalement les saisines. Nous avons renouvelé l'opération au Défenseur des droits, et avons constaté une nouvelle augmentation des saisines. Il y a donc un manque d'information. Il faut montrer aux femmes qu'il y a des choses à faire et qu'il ne faut pas se résigner. Elles hésiteront moins si elles connaissent mieux leurs droits." Par ailleurs, notre enquête inspire à Christine Jouhannaud que les femmes ne cherchent pas le tribunal à tout prix : " Leur première réaction lorsqu'elles parlent, c'est de consulter les Ressources Humaines (pour 26 % d'entre elles) : cela montre bien que les femmes pensent que les soucis peuvent se régler à l'amiable, et qu'elles ne sont pas procédurières. Elles tentent de trouver des compromis, d'arranger les choses. A noter, elles ne semblent pas trouver dans les représentants du personnel le soutien nécessaire : 6 %, c'est peu ! Les syndicats font beaucoup d'efforts depuis plusieurs années mais il y a une réticence des femmes, peut-être ne savent-elles pas vers qui se tourner alors qu'il y a des associations ou une institution comme le Défenseur des droits pour les aider", analyse la directrice du département " Protection sociale,Travail et emploi "

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