Les femmes enceintes surexposées au mercure, quelles précautions ?

Près de la totalité des femmes enceintes sont exposées à des métaux lourds pendant leur grossesse, selon une étude de Santé publique France. En cause ? Une consommation élevée de produits de la mer.

Les femmes enceintes surexposées au mercure, quelles précautions ?
© Vadim Guzhva - 123RF

Après avoir passé au crible la présence de phtalates et de pesticides chez les femmes enceintes dans son premier volet périnatal , le programme national de biosurveillance, mis en œuvre par Santé publique France, s'est penché sur les éventuelles présences de métaux lourds dans les corps des futures mamans. Résultats : à l'exception de l'uranium, les métaux lourds et métalloïdes étudiés (plomb, aluminium, arsenic, chrome, étain…) ont été retrouvés en concentration élevée chez les 4 145 femmes enceintes participant à l'enquête et le mercure a quant à lui été détecté chez 91 % des futures mamans. Ainsi, les femmes enceintes françaises seraient sur-imprégnées par l'arsenic et le mercure, et ce niveau anormalement haut, comparé aux Américaines et aux Canadiennes "trouverait une explication dans la consommation élevée de produits de la mer", précise l'étude. Toutefois, les auteurs de ce nouveau volet constatent que, grâce aux réglementations strictes et aux changements de modes de vie (moins de pesticides, interdiction de l'essence plombée…), les taux mesurés en mercure et en plomb sont plus faibles que ceux observés dans les études françaises antérieures (Étude nationale nutrition et santé 2006-2007). De plus, même si on estime que "tous ces métaux sont cancérigènes (d'après le Centre international de recherche sur le cancer) ou suspectés d'être des perturbateurs endocriniens, on ne sait pas à quelle dose ils peuvent avoir un impact sur la santé de l'enfant et la mère", modèrent-ils.

Où trouve-t-on ces métaux lourds ? Sans surprise, "l'alimentation est la principale source d'exposition, mais pas que", précise l'étude. En effet, le plomb provient du tabac, de l'alcool, mais également de l'eau du robinet, du pain, des légumes traités avec des pesticides, des crustacés, des cosmétiques et des médicaments. On trouve par ailleurs de l'arsenic dans certains poissons, crustacés, pesticides, additifs alimentaires ou produits pharmaceutiques. Quant au mercure, il est potentiellement présent dans les poissons, les crustacés, les cosmétiques et les médicaments.

Quels produits de la mer faut-il privilégier ? L'idéal serait-il de manger moins de poisson ? On sait déjà que huîtres, saumon et autres fruits de mer sont déconseillés aux femmes enceintes, lorsqu'ils sont consommés crus, en raison du risque de listériose. Toutefois, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) estime que la consommation de poissons ne présente pas de risque pour la santé car son apport en mercure est "inférieur à la dose journalière tolérable". De plus, "contrairement à la viande, le poisson apporte certains acides gras qui ne sont pas substituables". Ainsi, au vu de ses bienfaits nutritionnels (acides gras essentiels, protéines, vitamines…), elle recommande de consommer du poisson deux fois par semaine (soit 150 g pour les femmes enceintes et 60 g pour les enfants de moins de 30 mois). Elle conseille aussi de privilégier, pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants en bas âge, les maquereaux, les sardines, les anchois ou les harengs, moins contaminés par le mercure en raison de leur taille. A l'inverse, on limitera les poissons les plus contaminés : requins, saumons, lamproies, espadons, marlins et sikis.