Perturbateurs endocriniens et grossesse : les effets sur le fœtus se confirment

Une étude menée par l'Inserm démontre qu'une exposition simultanée à plusieurs perturbateurs endocriniens pendant la grossesse risquerait d'affecter le futur appareil génital et reproducteur de l'enfant.

Perturbateurs endocriniens et grossesse : les effets sur le fœtus se confirment
© Dolgachov - 123RF

Pesticides, cosmétiques, produits d'entretien, alimentation… Les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans notre quotidien et des mises en garde sur leurs dangers sont régulièrement émises par les scientifiques. L'Inserm, au cours d'une étude inédite menée au sein de l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset) et publiée dans la revue Environmental Health Perspectives, s'est intéressée à l'exposition simultanée à plusieurs de ces substances qui aurait des conséquences sur le développement du système reproducteur du fœtus. Pour ces chercheurs, l'utilisation massive de nouveaux matériaux, de produits, de procédés industriels et agricoles serait responsable de la contamination de nos environnements domestiques et alimentaires par de nombreuses molécules chimiques, et "plusieurs d'entre elles ont été identifiées comme exerçant des effets perturbateurs, et plus particulièrement comme anti-androgènes (qui bloquent la synthèse de la testostérone)", signale l'Inserm dans son communiqué. Ces conclusions permettent de rappeler l'importance d'informer les femmes enceintes sur ces substances (phtalates, bisphénol A, solvants, etc) et comment les éviter.

Une démarche expérimentale inédite. Pour la première fois, les recherches se sont appuyées sur les risques liés à une exposition simultanée à ces substances et non à un produit chimique seul, ce qui a permis d'identifier la formation d'un "effet cocktail", qui serait jusqu'à 1 000 fois plus néfaste chez la femme enceinte qu'une exposition à une substance seule. Onze molécules potentiellement perturbatrices endocriniennes ont ainsi été identifiées, dont certaines pour la toute première fois chez l'Homme. Elles ont été mélangées entre elles et testées sur le testicule fœtal humain. Même si la preuve de l'existence de ces "effets cocktails" n'a pas encore été démontrée chez l'Homme, leurs impacts sur la santé humaine ont quant à eux été mis en évidence selon "des modèles de prédictions mathématiques" développés "à partir des profils toxicologiques individuels des molécules", précise l'étude. Ces modèles vont donc permettre de poursuivre les recherches et d'évaluer précisément les risques liés à l'exposition à des mélanges de perturbateurs endocriniens chez l'Homme, et particulièrement chez la femme enceinte

Les femmes enceintes et les nouveaux-nés sont particulièrement sensibles aux effets des perturbateurs endocriniens. Comment s'en protéger ? Quelques conseils peuvent être adoptés pour limiter l'exposition quotidienne aux perturbateurs endocriniens

  • Limiter l'utilisation de produits cosmétiques et de lotions pendant la grossesse et l'allaitement. Apprendre à déchiffrer l'étiquette et toujours choisir des produits sans parfum. A noter qu'il est déconseillé de se parfumer pendant la grossesse ou l'allaitement. 
  • Se fier aux labels écologiques comme Ecocert Cosmétique biologique, BDIH ou Natrue qui certifient une composition saine et respectueuse.
  • Eviter de colorer ses cheveux pendant la grossesse ou l'allaitement.
  • Privilégier les aliments frais et bio pour limiter l'exposition aux pesticides. 
  • Préférer des récipients en verre qu'en plastique, surtout si le plat doit être réchauffé au micro-ondes.
  • Après avoir acheté des objets ou des vêtements pour bébé, bien penser à les laver. N'acheter pour le bébé que des jouets répondants aux normes Françaises et conçus pour son âge, garantis sans phtalates.
  • Limiter les produits d'entretien et préférer le vinaigre blanc, le bicarbonate de sodium ou le savon noir.