Le don d'ovocytes bientôt ouvert aux femmes qui n'ont jamais eu d'enfant

Très encadré, le don d’ovocytes devrait être bientôt ouvert aux femmes n’ayant jamais eu d’enfant. Selon Libération, un décret le permettant devrait être en effet bientôt publié.

Le don d'ovocytes bientôt ouvert aux femmes qui n'ont jamais eu d'enfant
© Photographee.eu

Les femmes et les hommes qui n’ont pas encore eu d’enfant pourront bientôt faire don de leurs gamètes (ovocytes et spermatozoïdes), selon un document que s’est procuré le journal Libération. Le gouvernement prévoit en effet de publier un décret à ce sujet. Ce décret d’application de la loi de bioéthique de 2011 aura ainsi mis quatre ans à être rédigé. Il devrait être bientôt signé par la ministre de la santé, Marisol Touraine, et le Premier ministre.

Vers une conservation des ovocytes ? Auparavant, il fallait obligatoirement avoir eu au moins un enfant pour pouvoir donner ses gamètes. Le texte prévoit d'élargir ce droit aux femmes et aux hommes nullipares, donc n'ayant pas d'enfant. L'objectif étant d'encourager les dons, notamment d'ovocytes, dont le nombre reste très insuffisant pour répondre aux besoins des couples infertiles. Conséquence importante : le texte permet aussi aux donneurs de "conserver à leur bénéfice une partie de leurs gamètes en vue d’un éventuel et futur recours à une procréation médicalement assistée (PMA)", selon le quotidien. Une contre-partie qui éthiquement va à l'encontre du principe actuel du don fondé sur l'altruisme. Même si le texte précise, qu'"au moins la moitié des ovocytes "matures" d’un même prélèvement seront destinés à être donnés et, en cas d’obtention d’une quantité insuffisante de gamètes, la donneuse ne pourra rien conserver pour son propre usage". Aujourd’hui en France, la conservation d’ovocytes n’est pas possible. Pourtant, le Collège des gynécologues français s’était prononcé fin 2012 en faveur de l’autoconservation des ovocytes. Il souhaite en effet que n’importe quelle femme puisse congeler ses ovocytes lorsqu’elle le désire et qu’elle puisse ainsi mieux maîtriser son horloge biologique.

Un manque de dons préoccupant. Chaque année, près de 24 000 enfants naissent grâce à la PMA et dans 5% des cas, c’est grâce à un don de gamètes. "En France, le nombre de couples en attente et le manque de dons, en particulier d’ovocytes, sont préoccupants", assure l’Agence de la biomédecine. Ce sont ainsi 2 600 couples qui attendaient des gamètes fin 2013. Les couples en attente de dons d’ovocytes seraient d’ailleurs de plus en plus nombreux chaque année. Certains d’entre eux seraient même prêts à aller à l’étranger pour réaliser leur projet parental. L’Agence de biomédecine affirme ainsi qu’un "certain nombre de couples se rendent à l’étranger sans passer par l’étape d’inscription dans les centres français autorisés ; de plus, certains des couples inscrits ont vraisemblablement eu recours à un don d’ovocytes à l’étranger, avec ou sans succès".

Le don de gamètes est strictement réglementé en France. Il se pratique dans des établissements spécialisés et obéit aux principes de gratuité, d’anonymat et de consentement. Encore trop rare, le don d’ovocytes est destiné à des couples dont la femme n’a pas naturellement d’ovocytes ou à ceux risquant de transmettre une maladie génétique grave à l’enfant. Pour être donneuse d’ovocytes, il faut être majeure, en bonne santé et âgée de moins de 37 ans. Pour l’heure, "les centres pratiquant l’activité de don ne peuvent accueillir que les femmes ayant déjà procréé". Une situation qui devrait donc bientôt changer grâce au décret.