Quels droits aux grands-parents sur leurs petits-enfants ?

Les relations entre les parents et leurs enfants deviennent parfois conflictuelles à la naissance des petits-enfants. Les grands-parents sont alors exclus de leur vie, et doivent recourir à la justice pour faire appliquer leurs droits, notamment de visite. Comment faire valoir ses droits de grand-mère et de grand-père ? Comment améliorer les rapports ? Témoignages et conseils.

Quels droits aux grands-parents sur leurs petits-enfants ?
© 123rf-Ruslan Huzau

Les relations familiales sont parfois si tendues et épineuses que l'arrivée d'un enfant, de fait petit-enfant, peut cristalliser les conflits. Ce dernier devient un nouveau motif de confrontation, tandis que les parents refusent aux grands-parents toute implication dans la vie du petit. "Je gardais ma petite-fille de 4 ans tous les jours, et du jour au lendemain, plus rien. Je n'ai même jamais vu le petit dernier âgé de 12 mois", déplore une internaute sur le forum du Journal des Femmes, qui ne sait pas comment renouer avec son fils. Certains parents, ayant des "histoires de famille" a régler, prennent parfois en "otage" leurs enfants, en les privant d'aller chez papi et mamie pendant les vacances ou pour les fêtes de Noël par exemple. "Mon fils me fait du chantage : il me laisse voir ma petite-fille âgée de deux ans et demi puis, plus rien pendant plusieurs mois". Sans parler des belles-filles et de leurs relations avec leurs beaux-parents, qui se vengent d'une petite querelle en décidant de ne plus donner de nouvelles. Que faire dans de telles situations ? Quels sont les droits des grands-parents qui se retrouvent impuissants et démunis lorsque les relations s'enveniment ? Comment aller de l'avant face à ce qu'ils ressentent parfois comme des "punitions affectives" ?

Quels sont les droits des grands-parents ?

En cas de rupture, certains parents se résignent en construisant leur vie sans trop y penser. "Pour ma part, cela fait bientôt 18 ans que je ne vois plus mon fils unique. En 2011, j'ai essayé de le relancer sur les réseaux sociaux, mais en vain. J'ai refais ma vie et j'ai retrouvé un beau-fils formidable", témoigne un père de famille. "Je ne cherche plus à le recontacter, car la vie continue et que je ne vais pas me rendre malade", ajoute-t-il. Mais d'autres se battent pour faire appliquer leurs droits. Comment s'y prendre ? Avant d'entamer une procédure devant le tribunal, il est préférable de trouver un arrangement à l'amiable car "les procédures sont longues, coûteuses, aléatoires et souvent traumatisantes et douloureuses pour l'ensemble de la famille", prévient l'association de l'école des grands-parents européens, qui recommande la procédure judiciaire en dernier recours. Pour cela, ils peuvent faire appel à un médiateur familial (voire à un ami ou à un membre de la famille) afin de trouver un terrain d'entente. Il existe aussi la solution du conciliateur, qui a pour mission de trouver une solution au conflit. 

Enfin, lorsqu'aucun compromis n'a été trouvé et que les relations intrafamiliales sont rompues, une action en justice peut être menée, avec l'aide d'un avocat. Le juge aux affaires familiales du tribunal de grande instance du domicile des petits-enfants doit alors être saisi. Il pourra entendre les petits-enfants pour connaître leur avis. Ensuite, c'est lui qui accordera ou non un droit de visite ou d'hébergement. 

- Le droit de visite permet aux grands-parents de recevoir l'enfant pendant la journée. 
- Le droit d'hébergement les autorise à l'inviter à dormir. 
- Le droit de correspondance permet l'échange de courriers, appels téléphoniques, mails pour garder contact. 
- Le droit de participer à l'éducation autorise les grands-parents à éduquer l'enfant, tant qu'ils ne se substituent pas aux parents. 

Dans quels cas le juge peut-il refuser aux grands-parents de voir leurs petits-enfants ? Incapacité, alcoolisme, brutalité des grands-parents et même refus des petits-enfants, sont quelques-uns des critères qui peuvent inciter le juge aux affaires familiales à mettre en suspens cette relation. Que les parents soient mariés, séparés, divorcés ou que l'enfant soit adopté ou non, les droits de l'enfant restent les mêmes. 

Ce que dit la loi. Depuis 2007, une loi permet aux petits et aux anciens de garder un lien, en dépit de la volonté des parents. Si l'enfant veut voir ses grands-parents, c'est son droit. Selon l'article 371-4 du code civil, "l'enfant a le droit d'entretenir des relations personnelles avec ses ascendants. Seul l'intérêt de l'enfant peut faire obstacle à l'exercice de ce droit. Si tel est l'intérêt de l'enfant, le juge aux affaires familiales fixe les modalités des relations entre l'enfant et un tiers, parent ou non". Néanmoins, cette loi est parfois appliquée au détriment des parents. En effet, il peut arriver que les grands-parents usent de leurs droits pour faire pression au niveau juridique, psychologique ou financier sur les familles. Selon l'association La Dérive 371-4, "laisser aux grands-parents (ou aux tiers), quel que soit leur comportement, la possibilité de recourir à la justice pour obtenir contre le gré des parents un droit de visite et/ou d'hébergement des petits-enfants est inutile et dangereux". Infos sur www.laderive371-4.fr

Le rôle des grands-parents

Trop présents, trop intrusifs... Les enfants estiment parfois que leurs propres parents s'immiscent un peu trop dans leur vie de famille, surtout lorsqu'ils jugent ou donnent des conseils sur l'éducation de leurs enfants. En effet, ils peuvent parfois se montrer envahissants ou culpabilisants, en prodiguant leurs conseils : "On ne fait pas ça comme ça, tu devrais lui apprendre à faire plus attention, etc.". Ces derniers peuvent par ailleurs être catastrophés par l'éducation que donne leur belle-fille, car tout simplement, les mentalités et les recommandations en matière d'éducation évoluent au fil du temps. Néanmoins, ils ne doivent pas éduquer, précise l'association L'Ecole des grands-parents européens. Il est donc essentiel de rappeler le rôle que les grands-parents doivent assurer, à savoir celui de la transmission : des valeurs de la vie, de la morale, ou encore de la sensorialité des aliments. D'ailleurs, les enfants gardent toujours en mémoire les recettes de leurs grands-mères et elles sont inégalables ! Ils ont également un rôle d'écoute et de partage avec l'enfant (passer du temps avec lui, l’accueillir), avec la responsabilité, lorsque l'enfant se confie à eux, d'amener ce dernier à en parler à ses parents, afin de ne pas briser ce lien de confidentialité.

Comment éviter les conflits avec les enfants ?

Pour désamorcer les disputes, la communication, le respect mutuel et la bonne entente sont de rigueur. Aussi, les grands-parents, doivent faire preuve de tact, et ce, dès la naissance. Prendre le bébé dans les bras dans la chambre de la maternité, sans y avoir été invité, ou faire des remarques sur les soins du bébé, peuvent en effet nuire à la bonne entente entre les parents et les grands-parents. Chacun doit pouvoir garder son rôle. Aussi, n'hésitez pas à en discuter tous ensemble lorsque vous sentez un froid au sein de la famille, afin d'arranger les choses avec calme. Enfin, nul besoin de prendre la place de l'autre puisque la présence de chacun est essentielle pour l'enfant. Vous estimez que vos petits-enfants ne viennent pas souvent vous rendre visite ? N'oubliez pas que vos enfants ont probablement un rythme effréné. Évitez donc les reproches et organisez plutôt un après-midi convivial à la maison, pour réunir tous vos enfants et petits-enfants dans la bonne humeur. 

Quelles solutions pour voir régulièrement ses petits-enfants ?

Grand-père, grand mère : si vous voulez vous rendre indispensable dans la vie de vos petits-enfants, et les voir de manière hebdomadaire, il existe une solution qui peut porter ses fruits et qui soulagera bien des parents : proposez-leur de prendre en charge les activités extra-scolaires ! Emmener les petits-enfants à la danse, au dessin ou au violon sera l'occasion de profiter d'un moment exclusif avec eux, sachant que les trajets sont propices à la confidence. Profitez ensuite d'une pause gourmande pour prolonger votre temps de complicité, et avoir des instants privilégiés avec votre descendance. Il s'agit-là d'un bon compromis pour tout le monde : les parents seront ravis de se décharger de ces tâches chronophages, vous ne pourrez être accusés d'intrusion poussive dans la vie de la famille, et aurez l'occasion de créer un véritable rendez-vous avec votre petit-fils ou petite-fille, qui l'attendra avec la même impatience que vous !

Et si vraiment vous voulez poussez le partage jusqu'au bout, inscrivez-vous à des activités intergénérationnelles, comme l'apprentissage des échecs, des ateliers de lecture ou de scrapbooking. Papa et maman ne pourront plus se passer de vous !

Vous rencontrez des difficultés relationnelles avec vos parents/vos enfants ? Témoignez sur le forum.

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