Focus
19/03/2007
Dyslexie : l'identifier pour réagir
Être attentif aux signes La dyslexie est un trouble de l'apprentissage de la lecture qui survient chez 5 à 10 % des élèves scolarisés (dont 75 % de garçons). Il se dépiste en général à l'âge de 5 ou 6 ans. Il recouvre une mauvaise association des lettres et des sons, des inversions de lettres et de syllabes, une lecture lente et saccadée, une absence de ponctuation, des fautes d'orthographes (notamment en recopiant un texte), une mauvaise compréhension du sens des textes lus ou écrits, une méthode de travail lente et un manque d'organisation. Autrement dit, ce trouble est délicat à déceler puisque tous les élèves, lors des premières leçons de lecture, rencontrent plus ou moins ces difficultés. Ces signes ne sont donc pas nécessairement annonciateurs d'une dyslexie mais sachez que s'ils persistent, se systématisent et surtout se manifestent au sein d'un "réseau de troubles" touchant à la fois la lecture, la parole, l'orthographe et parfois même le calcul et s'accompagnent de difficultés à écrire sur une ligne et à distinguer sa droite de sa gauche, vous devez agir. Plus la dyslexie est décelée tôt, plus la prise en charge s'avère efficace. Établir un diagnostic Vous pouvez commencer par consulter le médecin scolaire ou votre pédiatre qui pourra éliminer (ou non) les autres causes possibles à ce problème (déficit visuel ou auditif, trouble psychologique, retard mental) et vous adresser, si besoin, aux différents spécialistes concernés : ophtalmologue, pédopsychiatre, neuropédiatre... Dans le cas contraire, il vous enverra chez un orthophoniste pour réaliser un bilan. Sachez que les causes de la dyslexie sont multiples et encore très discutées. D'après les spécialistes, un terrain génétique favorable doublé d'un accident au cours de la grossesse, de l'accouchement ou des premières années de vie entraîneraient une anomalie de la maturation des cellules du lobe gauche du cerveau (la zone du langage). L'orthophoniste prévoira alors des séances de rééducation à raison d'une par semaine pendant au moins 6 mois, parfois pendant 3 ans. On ne guérit pas de la dyslexie mais il est tout à fait possible que l'enfant progresse suffisamment pour mener à bien sa scolarité. Associer l'école Il n'existe à ce jour aucune classe publique spécialisée pour les élèves souffrant de dyslexie. Et la formation des enseignants du public ne comprend pas les troubles du langage... Il est donc crucial de faire part des conclusions de l'orthophoniste à l'équipe éducative. Même si on ne vous le propose pas, n'hésitez pas à solliciter auprès du directeur de l'école, une réunion constituée de l'enseignant, du RASED (réseau d'aide de l'école), de l'orthophoniste et de la psychologue scolaire. Cet échange peut déboucher sur un suivi personnalisé de l'enfant d'une année sur l'autre mais aussi sur un soutien scolaire spécifique. Dans tous les cas, elle permet d'assurer une prise en charge globale de la situation et une cohérence du travail effectué dans et en dehors des murs de l'école. Elle met aussi souvent un terme à une mauvaise interprétation des profs concernant l'attitude de l'élève dyslexique considéré à tort comme flemmard et provocateur. Elle permet aussi d'éviter une mauvaise orientation de l'élève vers des structures médico-pédagogiques totalement inadaptées à son profil. Pour connaître les adresses des établissements privés spécialisés sur la dyslexie, consultez l'ouvrage de Sophie Chavenas, Le guide des écoles pas comme les autres. Rassurer son enfant Concernant l'attitude à adopter avec votre enfant, privilégiez la transparence. Expliquez lui la nature de son trouble, les solutions existantes et citez-lui les grands noms de ce monde qui présentaient la même caractéristique : Léonard de Vinci, Albert Einstein ou encore Auguste Rodin. Bref, montrez lui que son problème n'est ni insoluble ni dramatique et insistez bien sur le fait qu'il n'en est pas moins intelligent. Son hémisphère droit plus développé le prédispose d'ailleurs à exceller dans des domaines aussi pointus que l'informatique, les sciences ou l'art ! Enfin, et c'est sans doute le plus important, déculpabilisez-le. Le plus dur pour un enfant dyslexique est de se croire responsable de son trouble et donc de la colère de ses parents et de ses enseignants qui ne comprennent pas son mode de pensée. Sans compter que la confiance en soi constitue un atout majeur pour surmonter les obstacles et assumer sa différence. Soulignez ces efforts, récompensez ses progrès, mêmes petits, et trouvez des méthodes d'apprentissages ludiques qui correspondent à sa manière de réfléchir. Un soutien thérapeutique parallèle peut aussi aider votre enfant à reprendre confiance en lui.
En savoir plus Lire aussi Katrin Acou-Bouaziz, Journal des Femmes
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