L’estime de soi d'un enfant adopté

Les enfants adoptés ont souvent une assez mauvaise image d’eux-mêmes. Explications.

Un point de fragilité commun à de nombreux enfants adoptés est leur "estime de soi". Les enfants adoptés ont souvent une assez mauvaise image d’eux-mêmes, ce à quoi on peut trouver plusieurs causes qui ne s’excluent pas mais se renforcent au contraire. Un enfant abandonné a souvent été peu désiré, peu choyé : or c’est l’attention qu’on porte au tout petit qui installe en lui à la fois confiance dans la bienveillance du monde extérieur (et de sa mère en particulier) et conscience d’avoir de la valeur pour autrui. Ce soutien narcissique a souvent manqué à nos enfants. Ensuite, se dire qu’on a été rejeté par sa propre mère fait planer un doute sur le fait qu’on est un être aimable, attirant, digne d’intérêt. S’ajoute à cela le regard que les autres (sinon tous, du moins un grand nombre) portent sur lui en tant qu’adopté et souvent aussi en tant que venu d’une autre partie du monde : il se sent peu légitime à la place où il est, doté de parents dont ses copains lui disent : ce ne sont pas tes "vrais" parents, et porteur de traits physiques qui lui attirent des quolibets. Et en ce cas il n’a pas la consolation de ressembler à ses parents… Nos enfants entrent donc dans la vie avec peu de confiance à la fois dans le monde extérieur et en eux-mêmes.

            Que pouvons-nous y faire ? Bien sûr les encourager, pointer leurs réussites plus souvent que leurs échecs, mettre de la bienveillance dans les remarques qu’on peut être amenés à leur faire et toujours leur tendre un miroir positif de l’avenir : leur renvoyer d’eux une image gratifiante… ce qu’il est de toute façon souhaitable de faire avec tous les enfants. Un enfant adopté a souvent peur de décevoir ses parents, il perçoit toutes leurs attentes et craint de ne pas être à la hauteur. A nous de les rassurer sur ce point : ils font notre bonheur, quoiqu’il arrive !

            Mais je pense aussi que nos enfants ont besoin, pour s’identifier à nous, pour avoir d’eux-mêmes une image positive, de donner autant que de recevoir. Parents d’aujourd’hui, dans des familles qui ont peu d’enfants, nous aimons leur donner de l’amour, les combler de cadeaux, leur préparer des surprises agréables… Nous ne savons pas assez leur demander de l’aide, leur confier des responsabilités valorisantes, qui puissent leur permettre de montrer leur valeur et de s’acquitter de la dette que souvent ils pensent avoir envers nous. Dire "je vais te demander un service, tu vas me dire ce que tu en penses, mais il me semble que tu serais capable de…", c’est un cadeau à faire à nos enfants, en particulier dans la période qui précède l’adolescence. Et cela peut aider à aborder l’adolescence dans de bonnes conditions !

Il est parfois plus difficile de recevoir que de donner, plus généreux d’accepter de recevoir que de toujours donner !

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