Retour à l’adoption nationale 2/2

L'adoption nationale des enfants résidant en famille d'accueil fait débat. Explications.

Ma précédente chronique évoquait la publication d’un "Plaidoyer pour l’adoption nationale" (consultable sur internet) qui attire l’attention sur le nombre d’enfants "placés", vivant donc hors de leur famille de naissance, confiés à la protection de l’enfance mais souvent oubliés par leurs parents, qui tireraient profit d’être déclarés adoptables.

Il se trouve aussitôt des lecteurs (des lectrices) pour dire : "les candidats à l’adoption veulent arracher des enfants à leurs parents de naissance, un enfant n’est jamais si bien que dans sa famille de naissance…". Je voudrais les rassurer et opérer une mise au point.

Non, il ne s’agit pas de rendre ces enfants adoptables à tout prix. La plupart d’entre eux ne le seront pas, jamais, car ils n’ont aucun intérêt à l’être. Et les candidats à l’adoption, si touchants soient-ils dans leur désir d’enfant, ne sont pas notre priorité. Il n’existe pas de "droit à l’enfant".

Mais ce qui est en jeu c’est bien l’intérêt supérieur des enfants…

Car il ne s’agit pas d’arracher des enfants à leur famille biologique mais de prendre acte du désintérêt manifeste de certains parents à leur égard. De toute façon, ces enfants ne vivent pas dans leur famille. Certains ne la revoient jamais !
Il ne s’agit pas non plus de punir ces familles, qui sont elles-mêmes très souvent des victimes de la vie, mais d’essayer de mieux intégrer leurs enfants dans cette même société, de leur redonner une chance.
Il s’agit de se pencher sur le cas de chaque enfant et de se demander s’il est possible de lui apporter un plus : un plus de présence adulte chaleureuse, un plus d’ouverture culturelle, un plus de découvertes… Des vacances hors de la famille d’accueil, dans un autre milieu (et pourquoi pas à la ville si la famille d’accueil est rurale), un parrainage au long cours par un adulte pour lequel il sera enfin "unique", une délégation d’autorité parentale à un tiers qui se propose de l’élever…
L’adoption n’est pas l’unique solution, même si elle en est une. Car il s’agit aussi d’appliquer la loi qui permet de déclarer adoptable un enfant trop manifestement délaissé, il s’agit de tenir compte du fait que statistiquement les enfants adoptés s’en tirent mieux dans la vie que les enfants restés en familles d’accueil.
Même dans le cas de l’adoption, il ne s’agit pas de couper définitivement ces enfants de tout contact avec leur famille d’origine, car l’adoption simple permet le maintien des liens antérieurs.
A nous, parents par adoption et candidats à l’adoption, de nous préparer à accueillir ces enfants-là tels qu’ils sont avec leur passé et leurs liens affectifs déjà constitués, tels qu’ils sont et non tels qu’on les rêve, en faisant notre priorité de l’intérêt supérieur des enfants.