Adopter une fratrie : est-ce plus facile ? (2/2)

Lorsqu'un enfant adopté arrive dans une famille déjà constituée, les parents peuvent s'interroger sur le lien futur de la nouvelle fratrie. Éléments de réponse avec cette dernière chronique.

Est-il facile, et est-il souhaitable, d’adopter ensemble des enfants qui constituent une fratrie «de sang» ? C’est une question à laquelle doivent répondre les candidats à l’adoption, certains préférant adopter les enfants un par un, comme c’est le plus fréquent dans les familles «naturelles», d’autres demandant à adopter une fratrie.
Plus facile ? Si l’on entend par là, plus facile d’obtenir l’agrément pour une fratrie, non, ce n’est pas plus facile au contraire. Les commissions d’agrément sont conscientes des difficultés ultérieures que vont rencontrer les parents pour faire face à l’arrivée de plusieurs enfants à la fois, dont inévitablement un ou des enfants déjà grands (sauf rarement avec des jumeaux tout bébés). En revanche, si l’agrément est obtenu pour deux, voire trois enfants, il est alors assez facile d’obtenir un apparentement, car les fratries sont assez peu demandées et cependant assez nombreuses dans les pays d’origine, lorsqu’une fratrie entière a été retirée à sa famille pour négligence ou maltraitance, ou se retrouve abandonnée par le décès des parents… Les pays d’origine essaient en général de ne pas séparer les fratries, les enfants eux-mêmes sont souvent attachés à leurs frères et sœurs, le délai d’attente diminue alors très rapidement.

Faut-il en conclure que les candidats à l’adoption devraient plus souvent demander à adopter une fratrie ? Malheureusement non, et les commissions d’agrément ont raison d’agir avec prudence face à cette demande, car le risque est réel que les parents soient débordés par la situation… Demander à adopter une fratrie nécessite une vraie réflexion préalable, voire une formation, une préparation (accueillir deux ou trois enfants pendant des vacances, en passant par le secours catholique ou le Secours Populaire est une manière de se tester physiquement, de mesurer la fatigue, la disponibilité nécessaire, le choc de la vitalité des enfants et de leur éducation dans une autre culture… même si l’investissement affectif dans la durée n’est pas du tout le même !). Demander à adopter une fratrie suppose également de s’assurer un environnement aidant, des «parrains» et «marraines» disponibles et prêts à aider sans capter l’affection des enfants dans la période où ils n’ont pas encore adopté leurs parents. Cela suppose de mettre sa carrière professionnelle entre parenthèses, souvent un long congé sans solde pour un des parents, et cependant une aide matérielle salariée pour alléger la fatigue !
On est amené à donner deux conseils contradictoires : «pensez à demander une fratrie, car il existe des fratries abandonnées qui ont besoin de parents», mais aussi «ne demandez pas de fratries juste pour vous épargner une seconde période de démarches, car vous allez au devant de lourdes difficultés avec ces enfants et vous aurez besoin d’une santé physique et psychique à toute épreuve».     

Lire la 1ère chronique :

Adoption : l'enfant et sa nouvelle fratrie

Crédit photo : Tatyana Gladskih - Fotolia.com