Adoption : l'enfant et sa nouvelle fratrie 1/2

Lorsqu'un enfant adopté arrive dans une famille déjà constituée, les parents peuvent s'interroger sur le lien futur de la nouvelle fratrie. Éléments de réponse.

La question est d’importance, car le plus souvent l’enfant adopté n’est pas un enfant unique. L’enfant adopté par une célibataire reste plus souvent enfant unique que l’enfant adopté par un couple, il y a peut-être un peu plus d’enfants uniques dans les familles adoptives que dans les autres, mais le souhait de la plupart des parents qui adoptent est d’adopter deux ou trois enfants, selon le modèle classique de la famille française actuelle. Beaucoup y parviennent.

Le problème posé par les fratries adoptives est au moins triple, et je ne pourrai pas aborder ces trois aspects dans la même chronique.
La première question est : comment se construit la fratrie lorsque les parents adoptent des enfants qui n’ont pas de lien entre eux ou adoptent un enfant (ou plusieurs) en présence d’enfants déjà nés de leur couple, ou encore conçoivent un enfant après en avoir adopté un ? Est-il facile pour ces enfants de se considérer comme frères et sœurs ?
La seconde question est : est-il facile, souhaitable, d’adopter ensemble des enfants qui constituent une fratrie « de sang » ?
La troisième est : il n’est pas rare qu’un enfant adopté ait des frères et sœurs (ou des demi-frères et sœurs) dans son pays d’origine. Quel lien garde-t-il intérieurement avec eux ?

Répondre à la première question (comment se constitue la fratrie en l’absence de liens de consanguinité ?) est assez simple : comme dans toute autre famille, par le fait de la vie commune. Le lien entre enfants est même souvent plus facile, plus rapide à créer, que le lien aux parents. Jouer ensemble, être dans la rivalité et dans l’imitation de l’autre, vivre dans une étroite proximité, voire promiscuité, c’est d’abord cela qui crée le lien de fratrie. Avec ses querelles, ses jalousies, et ses crises, comme dans n’importe quelle famille. Et par conséquent aussi avec, parfois, des haines inexpiables, comme cela arrive dans les familles dites "biologiques". La présence d’une fratrie déjà là est presque toujours facilitatrice pour l’enfant adopté à son arrivée. Les enfants s’adoptent très vite entre eux, aussi vite qu’ils se disputent …

Si le lien de fratrie ne pose guère de problème aux enfants adoptés : il en pose hélas aux voisins, aux étrangers à la famille, qui souvent, et en présence des enfants, se permettent de poser la question qui fâche "Ils sont vraiment frères et sœurs ?". Je n’ai jamais entendu un voisin demander à une mère de famille "biologique" si tous ses enfants étaient du même père, aucun ne se le permettrait, mais cela ne gêne personne de poser ce genre de question à des parents adoptifs, sans voir la stigmatisation que cela impose aux enfants qui, en général, détestent avoir à y répondre. Ils sont frères et sœurs, point. Ce n’est pas là que le bât, éventuellement, les blesse.

Lire la suite : "Adopter une fratrie : est-ce plus facile ?"