Comment accompagner l’enfant doué (2) ?

Une fois le diagnostic "d'enfant doué" posé, les parents se sentent parfois un peu perdus... (2e partie)

Quand il est question d’un enfant doué, il est généralement préférable de ne pas appliquer les règles toutes faites,  abondamment dispensées dans la littérature : des ajustements fréquents et nombreux sont nécessaires.

Ses réactions affectives souvent explosives, par exemple, demandent un certain doigté.

On peut d’ailleurs s’étonner qu’un enfant plutôt discret à l’extérieur dans les manifestations de ses émotions devienne tellement démonstratif une fois chez lui.

Il a très tôt compris qu’il allait, au dehors, se heurter à toutes sortes de malentendus, aggravant son cas, et qu’il ne tarderait pas à passer pour un enfant difficile, voire problématique, source d’ennuis pour lui et pour ses parents, moralement obligés de «consulter» afin de recueillir l’avis d’un spécialiste qui saura soigner cet enfant différent.

Ainsi, si votre enfant ne veut plus aller à l’école parce qu’il s’y ennuie à plaisir alors qu’il en attendait tant, s’il préfère rester à la maison où tout est plus enrichissant et intéressant, on vous dira  qu’il veut simplement rester à la maison à cause d’un manque patent de maturité provoquant un refus manifeste de grandir et on étayera ce diagnostic péremptoire en ajoutant que, d’ailleurs, il a des difficultés d’adaptation au groupe, il n’est pas intéressé par l’enseignement, il ne manifeste aucune vivacité d’esprit. En fait, il est en CP, il sait lire, écrire compter, additionner et soustraire, il ne comprend pas très bien ce qu’il fait là, il aimerait partir, ces interminables journées de contraintes sans contrepartie deviennent de plus en plus pesantes, même pour le plus patient des enfants.

On s’étonnera alors  à peine s’il dit calmement, tranquillement et d’un ton posé, comme on profère une évidence, qu’il préfère mourir. Cette route morne, grise, ennuyeuse, sans le moindre fait saillant et intéressant lui semble, en effet, mortelle, il serait donc plus simple de mourir franchement au lieu de trainer durant toute une éternité dans ces lieux dépourvus de tout attrait. On saute simplement une étape, celle de l’existence, la destinée serait réduite à ses deux moments cruciaux, faisant l’économie de la pénible traversée reliant ces deux points importants.

Il est, bien évidemment, préférable de ne pas trop dramatiser cette annonce : les enfants n’abandonnent pas si vite leur intense curiosité d’esprit ni leur vitalité. Ils veulent simplement échapper à un ennui profond qui durera peut-être toutes les longues années de scolarité. On leur fait régulièrement miroiter un avenir plus joyeux : «tu verras, à la Grande Ecole, au Collège, au Lycée, l’école devient beaucoup plus intéressante…» et ils n’ont rien vu venir, si ce n’est la découverte de quelques émois plus doux une fois adolescents.

Ce besoin de passion peut être alimenté par des activités artistiques : là, un enfant peut exprimer toutes les émotions qui l’envahissent, il n’en aura que plus de talent. Enfin, il ne sera pas obligé de s’aligner sur la moyenne. Son professeur de musique, de chant, de théâtre, de dessin sera enchanté d’avoir un élève aussi talentueux, il l’encouragera et, pour une fois, l’enfant doué se verra renvoyer de lui, par un adulte qu’il apprécie, une image flatteuse, vivante, correspondant bien davantage à sa nature profonde. Il ne sera plus l’enfant bizarre et difficile à comprendre décrit par la plupart de ses maitresses.

Les filles en particulier, adorent faire de l’équitation et nourrissent une véritable passion pour leur cheval.

On ne doit pas non plus oublier que les enfants doués disent généralement qu’ils sont «nuls» et que leur mère les gratifient de toutes sortes de compliments parce qu’elles sont aveuglées par leur amour, mais les compliments adressés par un professeur, reconnu comme spécialiste dans sa matière, et ses félicitations prennent toute leur valeur.

En outre, l’exercice de ces activités très éloignées de la scolarité leur apprend à se comporter différemment en fonction de l’action du moment. Ce n’est pas tout à fait le même enfant qui tient le rôle d’un Prince Charmant, d’une Princesse romantique et qui calcule un périmètre.

De la sorte, plus tard, il saura s’adapter plus facilement aux divers personnages qu’on doit représenter selon le moment, le lieu et l’attente de l’entourage.

Multiplier les voies possibles rassure les enfants doués sur l’intérêt de l’existence.

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