La fessée : « même pas mal » ?

Une nouvelle étude canadienne publiée aux USA vient de lier la fessée à un risque de maladie mentale. La fessée et d'autres châtiments corporels aux enfants seraient responsables de 2% à 7% des troubles de santé mentale à l’âge adulte. Ces punitions augmenteraient également le risque de dépendance aux drogues.

Encore une étude qui démontre que la fessée n’apporte rien de bon à l‘enfant. D’autres études ont déjà prouvé que la fessée peut être à l'origine des mauvais résultats scolaires ou qu'elle comporte un danger sexuel, car les coups portés à cet endroit peuvent déclencher des sensations puissantes et involontaires de plaisir sexuel. Cela peut arriver à de très jeunes enfants, en dépit d'une douleur intense et clairement désagréable. Il est possible que cette fixation lui occasionne des problèmes dans sa vie adulte.

Et pourtant, la plupart des parents français est adepte de ce grand classique de l'autorité parentale qu’on juge «pédagogique». Souvent, les parents ont reçu eux-mêmes ce type d’éducation qu’ils reproduisent spontanément. Ces mêmes parents se défendent souvent par un «Eh alors, moi aussi, on m’a souvent donné une fessée et cela ne m’a pas traumatisé pour autant !» Il est vrai que la plupart des enfants qui ont reçu parfois des fessées ne semblent pas nécessiter un suivi psychologique ou une thérapie – d’après eux. Mais le terme «traumatisé» désigne aussi le fait de laisser des traces psychologiques négatives. Personne ne dira que la fessée était un moment «formidable» ou «agréable».

Depuis maintenant trente ans, la Suède, pays réputé pour son modernisme en matière d’éducation, est dotée d’une loi interdisant la fessée. D’autres pays européens ont suivi son exemple : Finlande, Norvège, Autriche, Chypre, Danemark, Lettonie, Croatie, Bulgarie, Allemagne, Ukraine, Islande, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas, Grèce, Portugal, Espagne.

En France, le gouvernement ne voudrait pas se mêler de cette “affaire familiale”. Aussi surprenant qu’il soit, le droit français ne comporte aucune interdiction formelle de châtiments corporels à l’école et une « correction légère » est tolérée, semblable à celle des parents.

Pourtant “frapper" est un interdit majeur dans notre société que l’enfant doit intégrer. Mais comment doit-il l’adopter s’il y a apparemment des exceptions. Un enfant qui a été frappé dans son enfance, risque d’imiter ce comportement parental à un moment de sa vie. Par exemple quand il se retrouve dans une impasse. Comme le parent quand il donne la fessée. Ne devrait-on pas en tant que parent respecter et vivre la non-violence que l’on demande à son enfant ?

Quel message véhicule la fessée pour l’enfant ?

– Quand on est petit, on doit se soumettre à la violence de ses parents.

– Si je suis méchant, je mérite des coups.

– Même si j’ai mal, c’est normal d’être frappé.

– Si papa et maman ne sont pas d’accord avec moi, ils ont le droit de me frapper.

– On frappe aussi mes copains. Donc, c’est normal de frapper les enfants.

– Aimer c’est aussi faire mal.

– Quand on est plus fort, on peut battre les plus faibles.

Surtout, la fessée n'apporte rien à l'enfant, car ce n'est pas une punition éducative. Pourquoi ne serait-elle pas éducative ? En fait, la fessée agit sur les mécanismes de la peur. L'enfant est donc plus dans la crainte que dans l'apprentissage des règles. Il apprend à obéir par la peur et cela ne l'aide pas à grandir et à s'autonomiser. Pour éviter la fessée, l’enfant commencera à mentir.

Le mot de la fin

Il devient de plus en plus clair que les parents ont réellement besoin de meilleure alternative pour poser des limites à leur enfant. La fessée n’est visiblement pas la bonne solution pour gérer des problèmes éducatifs.

Certes, il serait difficile de calculer la probabilité avec laquelle une fessée de temps en temps conduira l'enfant à des maladies mentales. Mais un risque faible ne justifierait-il pas l’abandon de la fessée ?

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