La psychogénéalogie n’est pas de la généalogie

Il n’est pas du tout nécessaire de faire un arbre généalogique pour prendre conscience de sa psychogénéalogie et la travailler. Chantal Rialland nous explique les différences entre la psychogénéalogie et la généalogie...

En psychogénéalogie, nous nous intéressons uniquement à votre génération, à celle de vos parents, à celle de vos grands-parents et parfois à celle de vos arrières grands-parents. Il est d’ailleurs rare que l’on connaisse l’ensemble de ses huit arrières grands-parents. La psychogénéalogie s’intéresse aux membres de la famille que vous avez connus. Elle s’intéresse aussi à ceux qui ont influencés vos parents - même s’ils étaient décédés quand vous êtes né ou que vous étiez encore en bas âge.
Ce qui importe en psychogénéalogie, ce n’est pas la vérité historique mais ce sur quoi vous vous êtes construit. J’ai eu la chance de faire travailler les cinq sœurs d’une même famille. C’est rarissime car généralement les membres d’une même fratrie, s’ils choisissent les uns et les autres de travailler sur eux-mêmes, souhaitent avoir leur thérapeute particulier et ne pas le partager.En l’occurrence, cela ne gênait pas ces cinq femmes qui voulaient chacune approfondir leur psychogénéalogie de toutes travailler avec moi.
Je savais que les frères et les sœurs de mêmes parents n’ont pas la même psychogénéalogie. Mais à ce point là, quelle ne fût pas ma surprise ! La vision sur sa famille de chacune de ces sœurs était totalement particulière et complètement divergente… Chacune avait "sa" famille. L’histoire familiale, les évènements, les origines et les personnalités des membres de la parenté étaient perçus tout à fait différemment. La vérité historique était dès plus malmenée !
Il faut dire, évidemment, qu’elles n’avaient pas fait l’objet des mêmes projections. Être la fille aînée n’est pas la même chose que d’être la cinquième fille, sans naissance de fils entre temps. Leurs identifications aux membres de leur famille n’étaient pas du tout semblables d’autant qu’il y avait quinze ans d’écart entre la première et la dernière. Et, bien sur, les répétitions n’étaient pas du tout identiques. Mais elles avaient bien, chacune, une psychogénéalogie spécifique et opérante.
Il arrive que vous n’ayez que très peu d’informations concernant les membres de votre famille maternelle ou, à l’inverse, ceux de votre famille paternelle. Cela veut toujours dire quelque chose. Par exemple, la famille de votre mère n’a pas accepté le mariage avec votre père et celle-ci a pris ses distances. Ou bien, votre père n’avait pas de bonnes relations avec sa famille et il a pris son indépendance très tôt sans renouer ensuite. Ou encore, votre père a quitté notre mère rapidement après votre naissance sans donner de nouvelles ou a été banni par la famille de celle-ci.  Chaque cas est particulier mais avoir des manques d’information est toujours révélateur pour mieux comprendre ce qui s’est joué pour l’un de nos parents ou pour les deux. Et donc pour vous…
Connaître ses ancêtres est toujours source d’enseignements. De plus en plus de personnes effectuent des recherches généalogiques. Sans doute est-ce parce que notre société a beaucoup évolué en un siècle et que les familles sont davantage dispersées depuis l’avènement de l’ère industrielle. D’autre part, l’existence et le développement de l’Internet aident puissamment les investigations.
Malheureusement, plus l’on remonte dans les générations qui nous ont précédées, plus les renseignements se limitent à l’état civil. Nous pouvons connaître les dates de naissance, de mariage, de la naissance des enfants, de décès. Nous avons également accès aux noms et prénoms, aux professions, aux lieux de résidence. Mais nous ne pouvons appréhender la personnalité, les traits de caractères, les passions, les intérêts de nos ancêtres. Or c’est ce qui constitue la base de la psychogénéalogie.