Enfant du milieu : comment trouver sa place dans la fratrie ?

Le rang de naissance peut-il avoir une influence sur la personnalité ? Y a-t-il un risque que le cadet se sente lésé et ne parvienne pas à trouver sa place ? Réponses d'Yvonne Poncet-Bonissol, psychologue clinicienne.

Enfant du milieu : comment trouver sa place dans la fratrie ?
© Anna Kraynova-123rf

La place dans la fratrie est vécue différemment selon les enfants, qu'ils soient aînés, cadets ou benjamins. Et ce n'est pas toujours facile à vivre au quotidien pour les enfants du milieu. Parce qu'ils ont l'expérience du premier, les parents se sentent peut-être un peu plus détendus face aux questions relatives à l'enfance et en particulier à la santé du nouveau-né. Leur investissement sur l'enfant peut donc  sembler moindre du point de vue de l'enfant. Tout de même, celui-ci attirera à son tour tout l'amour de son entourage jusqu'à la naissance du petit dernier. "Il peut donc vite se sentir écrasé par le benjamin", explique Yvonne Poncet-Bonissol, psychologue clinicienne. Et s'il y a peu d'intervalle entre lui et son aîné, il peut aussi y avoir une certaine rivalité, le second pouvant être victime de jalousie. A l'inverse, lorsque l'écart d'âge est important entre le premier et le second, l'enfant du milieu peut se sentir protégé par son aîné.

Place du milieu dans la fratrie : quelles conséquences sur le cadet ?

Cette place médiane force l'enfant à faire ses preuves au quotidien. En effet, celui-ci aura besoin de s'imposer et de s'affirmer davantage par rapport à ses frères et sœurs, explique la psychologue clinicienne. Sa capacité d'adaptation peut par conséquent l'amener à devenir plus sociable que l'aîné, qui lui, ne cherche pas forcément à se faire accepter. L'enfant du milieu pourra par exemple être plus généreux ou avoir plus d'empathie, cherchant toujours à protéger les plus sensibles et notamment les plus petits. Parce qu'à force de se positionner en second plan, l'enfant du milieu fini par détester l'injustice. Par ailleurs, le cadet, contrairement à l'aîné, grandira avec plusieurs figures d'identification. Son grand frère ou sa grande sœur représentant pour lui un modèle, tout comme ses parents. 

Fratrie : des moments privilégiés avec le cadet

Si l'enfant du milieu peut parvenir à s'affirmer et à s'adapter aux autres, il peut tout autant être introverti et étouffé par son aîné. Dans les relations frères et sœurs, il peut y avoir de la jalousie, d'autant plus lorsque l'écart d'âge est peu important, précise Yvonne Poncet-Bonissol. L'aîné peut alors exercer une certaine emprise sur son petit frère. Ce dernier peut alors se sentir "étouffé", mis à l'écart, et aura du mal à se faire une place au sein de la fratrie. Dans une telle situation, les parents doivent faire en sorte de le sortir "des griffes" de son grand frère ou de sa grande soeur. Comment ? En le valorisant, par exemple en organisant des activités seules avec son enfant, parce que chacun à le droit à un moment privilégié, sans partage, avec ses parents.

L'enfant du milieu, mieux préparé à la vie que les autres ?

Pour autant, cette place dans la fratrie présente aussi des avantages, comme l'expliquait Rachel Hosie, une journaliste britannique, dans un article écrit en 2017 sur le site The Independent et dans lequel elle partage son expérience. "Je crois que le fait d'avoir été l'enfant du milieu m'a rendue plus forte et de manière générale, mieux préparée à la vie", déclare-t-elle. Selon elle, les cadets sont plus indépendants puisqu'ils dépendent moins de leurs parents que les autres. Aussi, le fait de toujours vouloir les rendre fiers et tenter d'attirer leur attention les rend aussi plus ambitieux. Ils chercheront toujours à en faire plus et à s'améliorer, ce qui les aidera probablement pour se démarquer professionnellement. Et ce n'est pas tout, "de nombreux enfants du milieu apprennent à devenir d'excellents négociateurs" ajoute Rachel Hosie. En effet, lorsque les parents favorisent l'aîné et le petit dernier, le cadet doit trouver d'autres solutions pour parvenir à ses fins et se faire entendre. Selon la psychologue Lynne Griffin, "les enfants du milieu sont plus aptes à faire des compromis, donc à argumenter avec succès". Enfin, parce qu'ils évitent souvent les situations conflictuelles, ces petits sont plus sociables que les autres en grandissant. Il n'y a donc pas de quoi s'inquiéter pour leur avenir...

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