Bonbons et sirops au goût alcool : faut-il s'en méfier ?

Mojito, Spritz, Piña Colada... Les bonbons, sirops et yaourts aux saveurs des cocktails estivaux se multiplient. Les addictologues craignent que les enfants sous-estiment le risque de l'alcool en grandissant. Explications.

Bonbons et sirops au goût alcool : faut-il s'en méfier ?
© okate-123rf

"Tout le cocktail Mojito dans un bonbon sans alcool", peut-on lire sur le paquet Mojito Ball de Lutti, qui a récemment sorti des paquets au goût Piña Colada et Spritz. Le marché des produits au goût alcool se multiplie dans les rayons des supermarchés. On trouve également des sirops aux saveurs de cocktails estivaux, mais aussi des yaourts, des glaces, et même des gels douches ou des crèmes pour le corps. Une tendance marketing qui plaît aux petits et aux grands. En effet, les enfants apprécient ces nouveaux parfums, et ont même l'impression de faire comme papa et maman, qui sirotent leur cocktail entre amis...

Reste que ces bonbons imitent le goût du Mojito, du Spritz, du Gin-Fizz ou de la Piña Colada sans pour autant contenir d'alcool. Alors pourquoi inquiètent-ils les addictologues ? "En termes de santé publique, c'est d'une bêtise folle. Les souvenirs d'enfance jouent un rôle, une fois adulte. Cela les conduira plus tard à sous-estimer le risque de l'alcool, c'est la même farce qu'avec le Champomy", déclare William Lowenstein, président de SOS Addictions, au journal Le Parisien. Par ailleurs, les enfants risquent d'associer ces bonbons à des événements festifs et la banalisation de l'alcool pourrait favoriser leur consommation lorsqu'ils grandiront. "D'un côté, on a interdit l'alcool aux mineurs ainsi que la publicité, il y a une volonté de protéger le consommateur et de l'autre, on fait la promotion de la fête", prévient Christophe Moreau, sociologue spécialisé dans les conduites addictives. Pour aller plus loin, il faudrait même que ces produits portent la mention "L'abus d'alcool est dangereux pour la santé", estime la Direction générale de la santé, car ils font tout de même référence à des produits alcoolisés, et cela peut être considéré comme "de la publicité indirecte". Quant aux industriels, ils se défendent de cibler les adultes, alors que ce sont principalement les enfants qui consomment ces bonbons tout ronds et colorés. 

Rappelons que l'alcool tue chaque année 50000 personnes en France, soit 12 fois plus que les décès liés aux accidents de la route. En 2009, l'alcool était la deuxième cause de mortalité évitable, après le tabagisme.