Pédagogie Freinet : tout sur cette méthode alternative

Steiner-Waldorf, Montessori... A l'instar des autres pédagogies alternatives, la méthode Freinet essaye de répondre au mieux aux besoins de l'enfant, privilégie les apprentissages progressifs, la valorisation des projets personnels et les travaux coopératifs. Est-elle adaptée à votre enfant ? Que prône-t-elle ? Réponses.

Pédagogie Freinet : tout sur cette méthode alternative
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Repenser la façon d'apprendre à lire et à écrire ? Voici le travail du pédagogue Célestin Freinet, instigateur de la pédagogie qui porte son nom. Tout commence en 1934, lorsque cet instituteur doit inculquer à sa fille Madeleine les bases de la lecture et de l'écriture. Au lieu de lui soumettre des "leçons traditionnelles" - presque mécaniques - le père de famille laisse sa fille tâtonner, esquisser des dessins, des gribouillis, l'invite à inventer de petites histoires et lui propose de regarder des textes imprimés : c'est ce que l'instituteur appelle l'auto-apprentissage. Petit à petit, la fillette réalise des dessins de plus en plus précis, commence à calligraphier des lettres et à lire des courtes phrases. Le maître d'école est alors convaincu qu'en n'imposant pas de modèle à l'enfant, puis en passant par la libre-découverte et l'expérimentation, ce dernier stimule sa curiosité, s'exprime librement et prend ainsi plus facilement possession de l'orthographe, de la lecture ou du calcul.

Toutes ces réflexions autour de l'enfant, Célestin Freinet les regroupe dans un ouvrage qui s'intitule "Méthode naturelle de lecture", une démarche d'apprentissage basé sur le tâtonnement expérimental. Car plutôt que de se contenter de reproduire, l'enfant aurait ainsi besoin d'observer, d'explorer par lui-même, de se tromper, de réessayer, d'imaginer, de déduire, de vérifier... jusqu'à acquérir les bases d'un apprentissage. Près de 80 ans plus tard, "la pédagogie Freinet a un peu évolué, mais le principe de base reste le même : cette méthode place toujours l'enfant en tant qu'acteur et auteur de son éducation", souligne Catherine Chabrun, enseignante et membre de l'Institut Coopératif de l'Ecole Moderne - Pédagogie Freinet (ICEM). Quelles sont les différences avec un enseignement classique ? Où se renseigner pour scolariser son enfant dans une école Freinet ? Réponses.

Une pédagogie au plus proche des besoins de l'enfant

Comme la plupart des pédagogies alternatives (Montessori, Steiner-Waldorf...), Freinet s'adresse à tous les enfants,essentiellement de la maternelle et du primaire. Les enfants sont réunis en "classe de cycle" de 20 à 30 élèves : on regroupe les CP/CE1, les CE1/CE2 ou les CM1/CM2 en fonction des écoles.  La classe Freinet n'est pas une classe classique où les élèves, assis sur leur chaise, écoutent la leçon du professeur. Il y a des moments très individualisés : chaque élève peut participer à différents ateliers (peinture, géographie, histoire, activités manuelles...). Pour cela, la classe est aménagée en plusieurs petits espaces : un espace pour la peinture, un espace pour les mathématiques, une table d'écriture, une bibliothèque...  Ainsi, le maître ou la maîtresse propose aux enfants de former librement de petits groupes de travail tout au long de la journée. Les enfants sont accompagnés et guidés, mais ils peuvent choisir leurs activités en fonction de leur sensibilité personnelle : c'est ce qu'on appelle l'expression libre. On ne leur impose pas de matériel spécifique ou de suivre un modèle particulier. "Mais il y a tout de même un cadre et des règles. Aussi, l'émulation naturelle des enfants fait qu'ils sont demandeurs d'un savoir et de savoir-faire, actifs et force de proposition", précise Catherine Chabrun.

Ecole Freinet : quelles différences ?

  • A l'image de la pédagogie imaginée par Maria Montessori, les écoles Freinet prônent l'exploration, l'expérimentation et le fait d'apprendre à son propre rythme. Le professeur suit néanmoins les programmes officiels de l'Education nationale, mais libre à lui de définir l'ordre dans lequel il va composer ses leçons : par exemple, pendant une semaine, il va enseigner la géographie, puis l'algèbre, puis des sciences naturelles.
  • La classe est surtout un lieu d'échange où l'ouverture à l'autre et la différence vont être abordées avec le plus de bienveillance et d'entraide possible : on parle au sein de la classe de la spécificité des enfants, de ceux avec un profil et des besoins particuliers, ainsi que de la différence, qu'elle soit physique ou morale, du handicap.
  • "La parole de chacun est vraiment prise en compte : chaque enfant participe à la vie de la classe", précise la spécialise. Les règles de vie collective et les sanctions sont décidées par les enfants lors d'un conseil réunissant toute la classe. 
  • La pédagogie Freinet mise beaucoup sur le travail personnel et les exposés : l'enfant choisit la thématique de son choix (même si le sujet de l'exposé ne s'inscrit pas dans le programme officiel), s'investit dans une recherche documentaire, élabore un dossier et le présente devant la classe. L'exposé est ensuite amélioré grâce à des réflexions de groupe, et l'enfant qui a présenté son travail remplit une fiche auto-corrective.
  • L'enfant est acteur de son évaluation. Dans la pédagogie Freinet, on ne note pas la copie de l'élève. On l'annote et précise lorsqu'il y a des fautes. On préfère s'asseoir à côté de lui pour lui ré-expliquer ce qu'il n'a pas compris ou lui proposer de faire son auto-correction. De même, "on n'est pas pour le redoublement : on préfère accorder du temps supplémentaire à un enfant de CP qui ne sait toujours pas lire à la fin de l'année scolaire en le regroupant avec des CE1 par exemple", précise la spécialiste. 
  • La pédagogie Freinet prévoit un SAS entre la cour de récré et l'intérieur de la classe : on prend une dizaine de minutes en début de matinée ou d'après-midi pour que chaque élève, s'il le souhaite, puisse s'exprimer ou partager un ressenti.

Et après la primaire...

L'enfant, dès l'âge de 11 ou 12 ans, va pouvoir rejoindre une classe coopérative (des classes du secondaire intégrées dans le système public qui s'inspirent énormément des principes de la pédagogie Freinet), directement rattachée dans un collège ordinaire. Il pourra suivre les programmes officiels du collège et passer son brevet en fin de troisième, puis aller dans un lycée classique. "En France, les écoles officielles Freinet sont au nombre de 10, mais il y aurait à peu près 5 000 professeurs qui enseignent dans une classe coopérative au sein d'une école ordinaire, s'inspirant très fortement de cette pédagogie", conclut l'experte. 

Intéressé par une école Freinet ? Demandez conseil à l'ICEM : des conseillers vous renseigneront sur l'école la plus proche de chez vous. 

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