Rédaction, récit d'invention… Pourquoi les élèves sont-ils (aussi) fâchés avec l'écriture ?

Presque la moitié des élèves de 3e ne rédigent pas ou très peu, selon la dernière enquête du Conseil national d'évaluation du système scolaire. Comment expliquer ce constat ?

Rédaction, récit d'invention… Pourquoi les élèves sont-ils (aussi) fâchés avec l'écriture ?
© Dolgachov - 123RF

Écrire un récit imaginaire, rédiger la suite d'une histoire, ou encore être confronté à un sujet d'argumentation n'est pas la tasse de thé des jeunes français ! Car savoir rédiger un texte nécessite de maîtriser un geste physique et technique, une langue et sa construction, et requiert aussi de mobiliser des connaissances, de savoir les structurer tout en étant créatif. Toutes ces étapes doivent être apprises dès le plus jeune âge, mais aussi et surtout, pratiquées régulièrement pour pouvoir les assimiler. Alors, les élèves français maîtrisent-ils cet exercice complexe ? "Avec des difficultés pour un bon nombre d'entre eux", constate le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) qui publie un bilan complet sur les acquis et le niveau des élèves français en matière d'écriture et de rédaction, ainsi que sur les pratiques enseignantes et leur efficacité. En effet, "40 % des élèves de 3e ne rédigent pas ou très peu lorsqu'ils sont sollicités pour produire un texte d'argumentation ou d'invention", précise le Cnesco.

Pourquoi ? Le Cnesco a une explication : "dès le début de l'école primaire, les activités de lecture l'emportent sur celles d'écriture : les enseignants accordant deux fois moins de temps à l'écriture". Puis en fin de primaire, peu d'enseignants proposent à leurs élèves de réfléchir sur la langue - bien qu'ils mettent presque tous en place des exercices traditionnels comme des dictées, des entraînements de conjugaison, des exercices de mémorisation de mots… - et, au moment de la correction, ils se concentrent plus sur la forme que sur le fond et se focalisent davantage sur les fautes d'orthographe et sur la syntaxe que sur la pensée de l'élève, la structuration de ses idées ou même la ponctuation. Conséquences : les jeunes français développent une appréhension lorsqu'il s'agit d'écrire, ont tendance à peu écrire lorsqu'ils doivent répondre à des questions ouvertes, ne maîtrisent pas le geste et les irrégularités de la langue française, font des fautes d'orthographe et ne savent pas écrire de textes longs, d'ailleurs trop souvent réservés aux évaluations de fin de séquence. Et parmi les causes, le Cnesco souligne le manque de formation des enseignants dans ce domaine : en effet, "40 % des enseignants de CM2 affirment n'avoir reçu aucune formation à la langue française, son apprentissage et son enseignement", rappelle le rapport.

Comment redonner aux élèves le goût d'écrire ? "Plus l'élève produit des textes, plus il développe des automatismes et plus il progresse dans l'écrit. L'enseignant doit donc fournir des occasions fréquentes aux élèves d'écrire", assure Nathalie Mons Présidente du Cnesco. Pour palier les difficultés des élèves dans l'écriture et la rédaction, le Cnesco a dressé une liste de dix recommandations concrètes sur le thème "Écrire et rédiger : comment guider les élèves dans leurs apprentissages ?" visant à éclairer les formateurs et les enseignants, en particulier ceux du primaire, dans leurs pratiques quotidiennes. Le Cnesco encourage les enseignants à initier les enfants de grande section de maternelle à l'écriture, à mettre en place de travaux d'écriture en groupe ou encore, de proposer, de temps en temps, aux élèves de primaire d'écrire des textes sur l'ordinateur.