Quand le plaisir de manger motive l'enfant à manger plus sain

Une récente étude de l'Inra remet en cause l'idée selon laquelle l'éducation nutritionnelle commence dès l'enfance. Ce qui prime avant tout, c'est d'éveiller leurs papilles et d'encourager leur gourmandise.

Quand le plaisir de manger motive l'enfant à manger plus sain
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"Ne mange pas trop gras, trop sucré, trop salé !", "Au moins 5 fruits et légumes par jour !", "Manger ! Bouger"... Aliments plaisirs et aliments sains sont souvent opposés dans les campagnes de santé publique, particulièrement celles à destination des enfants. Or, d'après les résultats d'une étude menée par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), la notion de plaisir dans l'alimentation ne doit pas être diabolisée. Au contraire, il semblerait que "le plaisir alimentaire pourrait servir de levier dans des interventions visant à encourager la consommation d'aliments bons pour la santé chez les enfants". En effet, ces travaux, publiés dans la revue International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, ont montré que les enfants associant plutôt l'alimentation au plaisir font des choix de meilleure qualité nutritionnelle.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l'Inra ont demandé à une soixantaine d'enfants âgés de 5 à 11 ans de participer à deux jeux. Le premier consistait à sélectionner les deux aliments qui vont le mieux ensemble, parmi trois, selon des critères de plaisir ou nutritionnels. Dans le second, les enfants devaient classer les différents aliments proposés dans les catégories suivantes : ça donne des forces, ça fait grossir (deux critères nutritionnels), c'est miam ou c'est beurk (deux critères liés au plaisir). Ensuite, à l'heure du goûter, les chercheurs leur ont proposé un buffet composé de fruits, de bonbons et de gâteaux : les enfants devaient choisir cinq aliments au choix. Verdict : les enfants qui ont le plus associé, lors des deux jeux, des aliments à la notion de plaisir sont ceux qui ont choisi le plus de portions de fruits lors du goûter. "En moyenne, ils ont choisi une portion de fruits en plus que les enfants qui avaient les attitudes les plus nutritionnelles dans les jeux", précise l'étude, avant d'en conclure que "ces résultats sont en rupture avec l'idée largement répandue selon laquelle acquérir "une conscience nutritionnelle" dès le plus jeune âge serait le garant d'une alimentation favorable à la santé". Bien au contraire, ces travaux suggèrent que le plaisir que l'on prend à manger influencerait nos choix et pourrait être un bon moyen d'encourager les enfants à consommer des produits favorables à leur santé.

Après avoir mis en lumière ces résultats, les chercheurs réfléchissent actuellement à comment revaloriser des aliments sains qui pourraient être proposés aux enfants lors du goûter (les fruits, par exemple), "un repas primordial dans le rythme alimentaire de l'enfant français et généralement propice à la consommation d'aliments gras et sucrés", rappelle l'Inra. Conclusion : proposer des aliments sains au goûter des enfants est important, mais s'ils sont aussi bons pour leurs papilles, c'est encore mieux !