De plus en plus de jeunes enfants intoxiqués au cannabis par accident

[Mis à jour le 22/08/18] 194. C'est le nombre de cas d'intoxication de jeunes enfants au cannabis signalés à l'Agence nationale du médicament sur la période du 1er janvier 2015 au 30 septembre 2017. C'est 2.5 fois plus que le nombre de cas rapportés lors d'une première étude menée entre 2010 et 2014 par le réseau des centres d'addictovigilance (140 cas sur 60 mois contre 194 cas sur 33 mois pour la seconde enquête). Ces intoxications au cannabis par ingestion accidentelle, qui peuvent causer de graves séquelles neurologiques, concernent principalement les enfants de moins de 2 ans - le plus jeune étant âgé de 7 mois et le plus âgé de 5 ans - et surviennent le plus souvent dans le cadre familial, particulièrement en été et lors des fêtes de fin d'année. "Aucun décès n'a été rapporté", nous indique l'agence sanitaire. 

Quels symptômes ? L'enfant présentait des signes de somnolence dans 56% des cas, d'agitation dans 30% des cas et de mydriase (augmentation de la taille de la pupille, potentiellement signe de souffrance cérébrale) dans 27% des cas. Dans les quelques autres cas, on notait les signes suivants :

• une hypotonie (manque de tonus musculaire)
• une tachycardie (accélération du rythme cardiaque)
• une bradypnée (ralentissement anormal de la respiration)
• des convulsions (spasmes musculaires involontaires d'un ou plusieurs muscles)
• 10% d'entre eux étaient dans le coma à leur arrivée aux urgences. 

L'ANSM tient donc à alerter à nouveau les professionnels de santé et le grand public sur "la gravité de ces intoxications, souvent sous-estimées, qui conduisent très fréquemment à une hospitalisation", Elle rappelle aux parents "qu'en cas d'ingestion ou de suspicion d'ingestion de cannabis, les structures d'urgences (Samu Centres 15) doivent être immédiatement prévenues".

La résine de cannabis de plus en plus concentrée. Pour les auteurs d'une étude de septembre 2017, coordonnée par la responsable des urgences pédiatriques du CHU de Toulouse et publiée dans la revue américaine Pediatrics, ce phénomène semble évidemment lié à "l'évolution des tendances de consommation", c'est-à-dire, à la banalisation de la consommation de cannabis souvent considérée comme "une drogue douce", ainsi qu'"à une plus grande puissance des formes prédominantes sur le marché, à savoir le haschisch ou la marijuana, beaucoup plus concentrées en tétrahydrocannabinol (9,3 % en 2004 contre 20,7 % en 2014)", expliquent-ils. Enfin, elle rappelle également que la France est le premier pays le plus consommateur de cannabis en Europe, avec plus de 11 % d'usagers (étude Telegraph, avril 2017).