Et si les troubles du sommeil étaient héréditaires ?

Insomnies répétitives, terreurs nocturnes, difficulté à s'endormir… La qualité du sommeil de la mère influencerait celle de l'enfant selon une étude anglaise. Explications.

Et si les troubles du sommeil étaient héréditaires ?
© Georgerudy - 123RF

En 15 ans, les enfants ont perdu 15 à 20 minutes de sommeil en moyenne, selon un rapport dévoilé dans le Parisien du 15 septembre. Si les rythmes scolaires ne sont pas en cause, les nouveaux modes de vie et la méconnaissance des parents sur le temps de sommeil nécessaire pour leurs enfants ont été, entre autres, pointés du doigt par les auteurs de cette étude.

Une récente enquête démontre par ailleurs que certains troubles du sommeil des mamans, sans qu'elles ne s'en rendent compte, ont des répercussions sur le sommeil de l'enfant, pourtant indispensable à leur bon développement physique et psychologique. Pour mettre en lumière cette causalité, les chercheurs de la faculté de la psychologie de Bâle et de Warwick, dans une étude publiée dans la revue spécialisée Sleep Medicine le 31 août 2017, ont étudié le sommeil de 191 enfants âgés de 7 à 12 ans et en bonne santé grâce à l'électroencéphalographie (une méthode qui mesure l'activité électrique des neurones et qui identifie les différents stades du sommeil), puis, ont interrogé leurs parents sur leurs comportements nocturnes. Résultats : les chercheurs ont constaté que les enfants dont la mère présentait des symptômes d'insomnie s'endormaient moins vite, se réveillaient plus souvent la nuit et étaient moins longtemps dans une phase de sommeil profond que les autres enfants. En revanche, aucun lien n'a été démontré entre la qualité du sommeil des pères et celui des enfants. En effet, l'impact du sommeil de la mère serait lié au temps qu'elle passe avec son enfant, en moyenne plus important que pour le père.

Plusieurs hypothèses. Selon l'équipe de recherche, plusieurs mécanismes pourraient expliquer la relation entre le sommeil des parents et celui des enfants. Premièrement, l'enfant aurait tendance à imiter les habitudes nocturnes de ses parents et particulièrement celles de sa mère. Deuxièmement, le rapport montre que les mères souffrant de troubles du sommeil portent trop d'attention à leurs problèmes nocturnes ainsi qu'à ceux de leurs enfants : "le fait de les surveiller de très près, voire de manière exagéreé, pourrait avoir une incidence négative sur la qualité du sommeil", précisent les chercheurs. Troisièmement, l'ambiance générale dans la maison et particulièrement "les conflits familiaux dans la soirée, qui surviennent juste avant de dormir peuvent empêcher toute la famille de passer une bonne nuit de sommeil", ajoutent-ils. Enfin, il pourrait y avoir une raison génétique : l'enfant partagerait avec sa mère des gènes prédisposant à des troubles du sommeil. Les résultats de cette étude pourraient permettre un meilleur suivi des enfants dont les parents présentent des symptômes d'insomnie en leur proposant notamment une prise en charge préventive.