Les devoirs à la maison, facteurs d'inégalités en primaire ?

Selon une note du conseil scientifique de la FCPE, les devoirs à la maison à l'école primaire "pénalisent les plus faibles, accentuent la compétition et contribuent au renforcement des inégalités scolaires".

Les devoirs à la maison, facteurs d'inégalités en primaire ?
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"Ils alourdissent la journée des enfants, sans pour autant leur apporter de plus-value éducative", dénonce la fédération de parents d'élèves (FCPE), opposée aux devoirs à la maison à l'école primaire. Dans une note du conseil scientifique, Etienne Douat, maître de conférences en sociologie à l'université de Poitiers précise qu'ils seraient même facteurs d'inégalités supplémentaires. En effet, il faut aussi prendre en compte les conditions de vie, notamment des familles nombreuses. Certaines, par exemple, ne possèdent pas de bureau, ou d'endroit au calme pour permettre aux enfants de se concentrer. "De la même manière, les horaires de travail atypiques des parents, leur fragilité professionnelle, leur expérience du chômage, etc. déterminent des rythmes familiaux décalés qui ne facilitent pas non plus l'apprentissage", déclare-t-il.

En outre, l'élève a besoin de son professeur pour progresser, estime la FCPE. "Les devoirs peuvent être sources de malentendus, lorsque les parents n'appliquent pas les mêmes méthodes que l'enseignant, ou lorsque les attendus ne sont pas clairs". Sans compter le coût du soutien scolaire qui est largement soutenu par l'Etat, rappelle le sociologue. Par conséquent, le système des devoirs pénalise les plus faibles, accentue la compétition et contribue au renforcement des inégalités scolaires", ajoute la fédération de parents d'élèves.

Rappelons par ailleurs que les devoirs écrits à la maison sont interdits depuis une circulaire de 1956, qui reste néanmoins ambiguë puisqu'un autre texte précise que "l'interdiction de donner du travail hors l'école n'est jamais totale" et "qu'il y a toujours lieu d'apprendre des leçons, parfois de se livrer à d'autres activités scolaires". Pour Etienne Douat, les politiques doivent "étudier sérieusement" l'absence de devoirs à la maison, avec "un réexamen des programmes et des pratiques pédagogiques dans la classe, une profonde réflexion sur la formation des enseignants, une remise en cause de la structuration concurrentielle de notre système éducatif et du soutien de l'Etat au marché florissant des cours particuliers et du soutien scolaire".