Les peurs les plus fréquentes des enfants

Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur du livre "Petites peurs ou grosses terreurs" nous aide à mieux comprendre les peurs les plus fréquentes des enfants. Peur de la solitude, de la mort, peur du noir ou des monstres, angoisse de la séparation... Ses conseils pour les rassurer.

Les peurs les plus fréquentes des enfants
© Kacso Sandor-123rf

[Mise à jour du 25 juillet 2022]. "Qui n'a jamais eu peur ? Tout être humain connaît ou a connu la peur", écrit  Saverio Tomasella dans son livre "Petites peurs ou grosses terreurs", aux éditions Leduc. Pour parvenir à rassurer son enfant à chaque âge, il est essentiel de comprendre les raisons de ses peurs, au fur et à mesure qu'il grandit. Voici les plus fréquentes d'entre elles, mais tout aussi naturelles et légitimes. 

La peur de la solitude

Dès la plus tendre enfance, la peur fait son apparition. En effet, les bébés craignent l'absence de leurs parents. "Ils ont peur d'être perdus, de se retrouver seuls, d'être isolés et sans recours pour survivre lorsque papa ou maman s'éloigne", explique le spécialiste. 

Son conseil : A cet âge, c'est davantage le contact corporel, l'odeur et la chaleur du parent qui permet de rassurer l'enfant. Il a besoin de sentir que ses parents sont près de lui pour se calmer. 

La peur des inconnus

Lorsqu'un jeune enfant est en présence de personnes qui ne lui sont pas familières, il est apeuré et perturbé. "Chaque enfant a besoin de temps pour apprivoiser une nouvelle personne, avec une odeur, une voix et une présence particulières", précise le psychanalyste. 

Son conseil : "Laissez l'enfant vivre sa peur et l'exprimer. Acceptez qu'il puisse avoir besoin de se retrouver seul, dans sa chambre, ou même blotti contre vous... Quand tout le monde sera parti, discutez avec lui, racontez-lui une histoire qui reprenne la même situation et dites-lui qu'en grandissant, il aura moins peur".

L'angoisse de la séparation

Vers 8-9 mois, l'enfant a peur d'être séparé de ses parents, voire d'être abandonné. Cette angoisse peut parfois durer jusqu'à l'âge de cinq ans. Elle surgira d'ailleurs à d'autres périodes clés de la vie (notamment au moment de sa première rentrée en maternelle, où l'enfant peut se demander si ses parents viendront bien le chercher à la fin de la journée). "Il s'agit d'une terreur de la disparition. En grandissant, l'enfant réalise qu'il peut perdre ses parents de vue, donc les perdre réellement ou être perdu pour eux, ce qui l'angoisse aussi", précise le psychanalyste. 

Son conseil : s'amuser à cacher de petits jouets, un doudou ou une partie du visage, puis de le faire réapparaître aide à "mettre en scène de façon ludique cette crainte de la disparition tout en la dédramatisant". 

La peur de s'endormir et la peur du noir

Vers 2-3 ans, "l'enfant craint de se retrouver seul. Il se demande ce que vont faire ses parents et ses frères et sœurs lorsqu'il sera en train de dormir". Par ailleurs, "l'obscurité représente l'inconnu, l'insaisissable et l'incompréhensible pour un enfant". Celui-ci a donc peur de perdre ses repères et de ne pas maîtriser la situation, explique le spécialiste.

Son conseil : "Plutôt que de lui répéter de façon rationnelle et autoritaire qu'il n'a aucune raison d'avoir peur du noir, les parents ont tout intérêt à le consoler, le rassurer et à l'aider à apprivoiser l'obscurité", recommande Saverio Tomasella. Des veilleuses et lampes de poche sont aussi utiles pour rassurer l'enfant, jusqu'à ce qu'il n'en ait plus besoin et les éteigne de lui-même...

La peur des monstres

Vers 4-5 ans, les monstres, les sorcières, les fantômes, et les loups garou semblent peupler la chambre des enfants, terrorisés à l'idée d'aller au lit.

Son conseil : "Il ne faut pas trop se focaliser sur la peur de l'enfant, afin qu'elle passe plus rapidement d'elle-même". Il est cependant essentiel de rester à l'écoute et pourquoi pas, de questionner l'enfant. "A quoi ressemble ce monstre ? De quelles couleurs sont ses yeux ?"... En restant dans l'imaginaire et en créant une histoire, cela permet à l'enfant de prendre conscience qu'il ne s'agit pas de la réalité. 

Les peurs liées à l'école

Dès l'âge de 3 ans, à l'entrée en maternelle, l'enfant se pose une multitude de questions : "Comment vais-je me débrouiller ? Vais-je être à la hauteur et capable de faire ce que l'on va me demander ? Mes parents vont-ils revenir me chercher ? Et si je ne me faisais pas d'amis ?". Pour chaque rentrée dans un établissement scolaire différent (au primaire, au collège, au lycée ou en cas de déménagement), cette appréhension tout à fait naturelle se réactive. Pour autant, certains enfants peuvent ressentir cette peur dès lors qu'ils ont vécu, selon le degré d'intensité, des événements marquants tels que des moqueries ou un harcèlement scolaire

Son conseil : "Pour sa première rentrée en maternelle, je conseille aux parents de prendre le temps d'accompagner leur enfant et de le porter s'il en ressent le besoin, surtout durant la période d'adaptation. Il s'agit de bon sens : un tout-petit est rassuré par le toucher, le contact, l'odeur et l'intonation de la voix. Chaque enfant est différent, il faut donc rester à l'écoute de ses besoins pour mieux l'aider à franchir ce cap". 

La peur de la mort

Cette peur apparaît vers l'âge de trois ans et perdure à tout âge. Les enfants prennent vite conscience qu'ils ne sont pas immortels. Ils peuvent avoir perdu un petit animal par exemple ou avoir entendu des adultes parler d'un membre de la famille. Par conséquent, ils ont dans un premier temps peur de perdre leurs parents ou leurs frères et sœurs, ou de mourir eux-mêmes. Une fois de plus, la crainte de se retrouver seul, d'être perdu ou abandonné ressurgit.

Son conseil : "Le décès d'une personne proche peut devenir l'occasion de parler avec l'enfant de ses idées ou de ses croyances concernant l'au-delà, sans imposer ses conceptions et en laissant l'enfant exprimer ses propres intuitions, sa sensibilité, son imagination à ce sujet".

Quelles attitudes avoir pour rassurer son enfant ?

De manière générale, il est essentiel que les parents soient à l'écoute de leur enfant, quelle que soit sa peur. Il faut le laisser s'exprimer, lui parler et l'observer sans le juger, de manière à créer un climat de confiance pour qu'il se confie sur ce qui le tracasse. Si l'enfant ne parvient pas à mettre de mots sur ses craintes, proposez-lui de faire un dessin, un modelage, de participer à des cours de théâtre ou de danse... "L'expression corporelle est bienvenue pour exprimer ses émotions et se libérer de ses peurs, tout comme la créativité artistique", précise l'auteur. 

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