Encore des stéréotypes sexistes dans les manuels scolaires…

Les garçons font du sport, maman cuisine, les filles débarrassent la table… Si cette image peut paraître désuète aujourd’hui, c’est pourtant ce que l’on trouve dans certains manuels scolaire de lecture du CP, selon une étude publiée par le centre Hubertine-Auclert, organisme qui accompagne le ministère de l'Education dans l'expertise des manuels. Abondants de stéréotypes sexistes, ils offrent ainsi une image peu paritaire de la société. C’est pourtant à cet âge que les enfants construisent leur identité.

39% de personnages féminins. Pour arriver à cette conclusion, l’organisme qui promeut l’égalité hommes-femmes a étudié 22 manuels scolaires de dix maisons d’édition différentes. L’objectif ? Analyser la présence des hommes et des femmes mais aussi leurs présentations et leurs rapports. Cette étude met ainsi en évidence que les personnages féminins sont sous-représentés par rapport aux individus masculins, et ce "que l’on prenne chaque type de document séparément ou que l’on considère le manuel dans son ensemble". Il n’y a ainsi que 39% de femmes et de filles dans ces livres, soit presque deux personnages féminins pour 5 hommes.

Les femmes davantage dans la maison. Dans ces manuels, les femmes ont un rôle bien particulier puisqu’elles restent cantonnées à la sphère privée (activités familiales, domestiques et de loisirs). Ainsi, si les filles sont moins nombreuses que les garçons à pratiquer des activités sportives (33,2%), elles ont tendance à rester à l’intérieur et/ou à être limitées dans leurs mouvements et leurs actions. C’est aussi le cas des femmes qui sont "largement minoritaires dans les loisirs extérieurs et manuels" et sont davantage représentées dans la catégorie des arts (lecture, peinture, couture…). Concernant les activités ménagères, elles sont le plus souvent réalisées par des femmes (70% des adultes). L’étude estime que "ce type de mise en scène n’est pas problématique en soi ; c’est l’absence d’autres modèles qui limite les enfants dans leurs jeux et leur projection dans l’âge adulte".

Les sciences, un domaine d’homme ! Les femmes étant moins représentées que les hommes, elles le sont également dans la sphère publique et professionnelle. Ainsi, ce sont seulement 21,8% des femmes présentes qui ont un emploi alors que "certains manuels excluent tout simplement les femmes des leçons sur les métiers". Avec 3% de femmes représentées, il apparaît que le domaine scientifique est presque exclusivement réservé aux hommes. Un fait d’autant plus problématique que selon une récente étude, 70% des Européens estiment que les femmes ne sont pas capables d’être des scientifiques.

Vers une représentation équilibrée ? Ces manuels ont été édités depuis la dernière révision des programmes en 2008. De nouveaux doivent paraître pour la rentrée 2016/2017. "Afin que ces nouveaux manuels offrent une vision non stéréotypée de notre société et soient en conformité avec l’égalité femmes-hommes", le centre Hubertine-Auclert recommande notamment d’"assurer une représentation équilibrée des filles et des garçons, des femmes et des hommes" dans les sphères publique, professionnelle et domestique, mais aussi de "féminiser les consignes et les textes". La ministre de l’Education a d’ores et déjà réagi dans un communiqué et rappelle aux éditeurs à "ne pas porter ou conforter des stéréotypes préjudiciables à l’égalité filles-garçons".