La durée de l'allaitement, loin des recommandations

La durée moyenne de l'allaitement en France a augmenté depuis les années 1990, mais reste loin des recommandations de l'OMS. L'étude Elfe publiée ce mardi se penche sur les facteurs qui influent sur la durée de l'allaitement maternel.

La durée de l'allaitement, loin des recommandations
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Le lait maternel couvre à lui seul les besoins nutritionnels du nouveau-né durant les 6 premiers mois de la vie et a des effets bénéfiques sur sa santé ainsi que sur celle de la mère. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d'ailleurs un allaitement exclusif (sans aucun autre aliment ou boisson) jusqu'à l'âge de 6 mois, suivi d'un allaitement partiel jusqu'à l'âge de 2 ans. En France, le Programme national nutrition santé (PNNS) préconise quant à lui un allaitement exclusif, si possible jusqu'à 6 mois, et au moins jusqu'à 4 mois.

Les jeunes mamans allaitent-elles assez longtemps ? Selon l'étude Elfe, menée auprès de 18 000 enfants nés en 2011 dans 320 maternités françaises et publiée ce mardi dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH), la durée de l'allaitement en France est bien loin de ces recommandations. "Malgré son allongement depuis les années 1990, la durée de l’allaitement en France reste très éloignée des recommandations du PNNS et encore plus de celles de l’OMS", précisent les chercheurs de l'Inserm et de l'Université Paris-Descartes. Sa durée médiane totale est d'environ 4 mois (17 semaines), avec seulement 7 semaines pour un allaitement "prédominant", (c'est à dire avec du lait maternel, et éventuellement de l'eau et des jus de fruits). Dans le détail, seules 9,9 % des jeunes mamans suivent les recommandations de l'OMS en allaitant leur bébé jusqu'à 6 mois de manière prédominante. A la naissance de leur enfant en revanche, elles sont nombreuses à tenter l'allaitement : près de 70 % d'entre elles nourrissent leur enfant au sein, mais cette proportion chute à 53,8% environ un mois après l'accouchement. Six mois après, elles ne sont plus que 19,2 % à poursuivre l'allaitement, "contre 50 % en Allemagne et 80 % en Norvège", précise Sandra Wagner, chercheuse à l'Inserm et auteure de l'étude. 

Pourquoi les mères s'arrêtent-elles d'allaiter leur bébé ? Selon l'étude, "les limites à l’allaitement prolongé sont associées à la fois à la situation familiale, à la situation vis-à-vis de l’emploi et à des facteurs liés à l’éducation et à la culture". Si la durée de l'allaitement est plus longue dans les pays nordiques, c'est aussi en raison d'un congé maternité plus long, la reprise du travail pouvant parfois être un frein à l'allaitement. L'étude précise d'ailleurs que les femmes ayant pris un congé parental allaitent plus longtemps leur enfant que les autres, de même que les mères cadres ou celles ayant suivi des séances de préparation à l'accouchement. A l'inverse, "la durée totale d’allaitement était plus courte chez les mères âgées de moins de 30 ans, vivant seules, ayant un faible niveau d’études ou ayant repris le travail moins de 10 semaines après l’accouchement".

Le rôle des pères. Les jeunes papas jouent aussi un rôle important qui influe sur la durée de l'allaitement. Les chercheurs ont ainsi remarqué que les mères donnaient davantage le sein à leur bébé lorsque les pères avaient assisté à l'accouchement

Le biberon, c'est tout aussi bien ? 

Les recommandations de l'OMS et de nombreuses études ont prouvé les bénéfices de l'allaitement pour la santé de l'enfant et de la mère. Mais il faut savoir qu'en France, la composition du lait artificiel est parfaitement adaptée au nourrisson. Aussi, les mères ont le choix de donner le sein ou le biberon. Il faut avant tout se sentir prête et être bien accompagnée pour allaiter son enfant dans de bonnes conditions. Donc si vous ne souhaitez pas allaiter au sein ou que vous souhaitez arrêter rapidement, inutile de culpabiliser !