Un étudiant sur vingt serait déjà parent

En 2016, 110 000 étudiants français avaient au moins un enfant, soit un sur vingt, selon un rapport de l'Observatoire national de la vie étudiante.

Un étudiant sur vingt serait déjà parent
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A la fin de l'année scolaire 2015-2016, l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE) a réalisé deux enquêtes auprès des étudiants, relayées par l'Institut national d'études démographiques (Ined). Comment a évolué la parentalité étudiante ces dernières années ? Ces étudiants-parents rencontrent-ils plus de difficultés dans leur scolarité ? Pour répondre à ces questions, la première enquête a interrogé 46 340 étudiants sur leur situation (études, emploi, etc), leurs conditions de vie et sur leur état de santé. La deuxième enquête, quant à elle, s'est portée sur la sexualité, les pratiques contraceptives, la planification des grossesses ainsi que la prévention des grossesses non désirées et des infections sexuellement transmissibles de 18 875 étudiants. Résultats : ce rapport montre qu'en 2016, 92 000 étudiants avaient au moins un enfant, soit 4,5 % de la population étudiante. "Le champ de cette enquête ne couvrant pas l'ensemble des établissements scolaires, on peut extrapoler à 110 000 le nombre d'étudiants-parents en France", précisent les auteurs de l'étude. La part d'étudiants-parents est plus grande chez les filles (5 % d'entre elles sont maman) que chez les garçons (3,8% d'entre eux sont papa). Par ailleurs, l'étude montre que la proportion de parents étudiants a légèrement baissé depuis 10 ans, passant de 5,4 % en 2006 à 5 % en 2016. Toutefois, ce sont les 16-24 ans qui sont davantage touchés par ce fléchissement : ils étaient 0,7 % à être parents en 2006, ils ne sont plus que 0,3 % en 2016.

Des disparités entre les pays. Le taux d'étudiants déjà parents en France est l'un des plus faibles en Europe. En effet, 25 % des étudiants norvégiens et 20 % des étudiants suédois et estoniens ont au moins un enfant. Pour les auteurs de l'étude, cela peut notamment s'expliquer "par un système éducatif qui diffère d'un pays à l'autre". En France, "les études supérieures s'inscrivent très souvent dans la continuité du secondaire et les reprises d'études sont peu fréquentes tandis que la formation est davantage continue tout au long de la vie dans d'autres pays, comme en Suède", ajoutent-ils. Raison supplémentaire, les structures scolaires des pays baltes et scandinaves semblent "plus adaptées pour concilier vie de famille et apprentissage".

Plus d'étudiants-parents à l'université. Selon les filières, la parentalité étudiante est variable. C'est à l'université, dans les "grandes écoles" et dans le domaine de la santé qu'elle est la plus élevée (supérieure à 5%), alors qu'en classes préparatoires et en sections de technicien supérieur (plus communément appelées BTS), elle est quasi inexistante (moins de 1%). Comment peut-on expliquer ces écarts ? C'est principalement à cause de la moyenne d'âge, plus élevée, des étudiants inscrits en fac et en santé. Aussi, "les reprises d'études sont bien plus fréquentes dans ces filières", précise l'enquête.

Vie de parent et études. "Avoir un enfant peut compliquer le déroulement des études et avoir un impact évident sur l'organisation", indique l'OVE. En effet, lorsque la grossesse survient hors couple, 25 % des étudiantes qui résident quotidiennement ou presque avec leur(s) enfant(s) ont avoué ne pas pouvoir assister à tous les cours et rendre tous leurs devoirs à temps, contre 10 % des étudiants garçons. Sont mis en cause, des contraintes familiales, des difficultés d'organisation, des problèmes de garde ou encore des problèmes financiers. De ce fait, seulement un étudiant sur deux avec enfant a validé son premier semestre d'examen en 2016. Enfin, dans la mesure où les étudiants papas résident moins souvent avec leur(s) enfant(s) que les jeunes mères, "les conséquences de la parentalité semblent moindres pour eux", estime l'étude.

Des grossesses majoritairement non souhaitées. Dans la plupart des cas, les grossesses survenues durant les études se soldent par une interruption volontaire. Aussi, "la période estudiantine correspond pour beaucoup aux premières expériences amoureuses et sexuelles, avec des comportements préventifs qui ne sont pas toujours au rendez-vous", déplore l'OVE. Ainsi, 19 % des sondés indiquent ne pas avoir utilisé de préservatif lors de leur premier rapport sexuel et 7 % estiment n'avoir rien fait pour éviter une grossesse. "La population étudiante apparaît ainsi comme une cible à privilégier en termes de campagnes d'information et d'accès à la contraception", conclut l'enquête.