Les collégiens des zones prioritaires ultra-connectés mais peu accompagnés

La majorité des collégiens de 6e et de 5e, scolarisés en zone prioritaire, n'a aucune difficulté d'accès au numérique. Mais son usage manque encore d'encadrement, révèle une enquête publiée le 20 septembre.

Les collégiens des zones prioritaires ultra-connectés mais peu accompagnés
© Josep Suria

Une large majorité des collégiens de 6e et de 5e scolarisés en zone d'éducation prioritaire ont un ordinateur chez eux ou y ont accès. Ils s'estiment cependant peu accompagnés dans le cadre scolaire, selon le baromètre annuel Trajectoires/Afev publié à l'occasion de la 9e Journée du refus de l'échec scolaire.

Plus de 80% des collégiens ont un ordinateur ou une tablette. Menée en mai et en juin dernier, cette enquête a été réalisée auprès de 548 collégiens âgés de 11 à 13 ans et scolarisés en réseau d'éducation prioritaire (REP). Elle s'est intéressée au numérique et aux inégalités éducatives. Et il apparaît que les collégiens des quartiers prioritaires sont très équipés en outils numériques. Ils sont en effet 98% à avoir le wifi chez eux, 87% un ordinateur et 80% une tablette. Ils sont par ailleurs 86% à posséder un téléphone portable, dont 94% ont un smartphone. Si 9 élèves sur 10 n'utilisent pas Internet à l'école que ce soit en classe, entre les cours ou au CDI, les trois-quarts l'utilisent dès qu'ils sont rentrés chez eux. 61% vont sur le web après le dîner, 47% avant de se coucher et 27% au lit. En ce qui concerne le temps passé sur un équipement numérique en semaine, 43% des collégiens y sont durant plus de deux heures par jour et 21% pendant plus de quatre heures. D'ailleurs, plus de la moitié des parents ne limitent pas le temps passé sur Internet par leurs enfants. Un constat particulièrement inquiétant lorsque l'on connaît les dangers des écrans sur les enfants et les adolescents.

Des jeunes conscients des dangers. Près de la moitié des collégiens ont parfaitement conscience qu'Internet peut être dangereux. Près d'un tiers sont d'ailleurs déjà tombés sur des images qui les ont choqués et 28% d'entre eux n'en ont pas parlé. Ils sont par ailleurs 8% à avoir déjà été blessés par une photo d'eux ou un commentaire postés sur Internet. Mais les jeunes utilisent surtout Internet pour se distraire. Les réseaux sociaux sont évidemment très appréciés des adolescents. Ils sont ainsi 75% à être inscrits sur Snapchat, 59% sur Facebook et 58% sur Instagram. Ils sont par ailleurs 85% à y écouter de la musique ou à y regarder des vidéos. Ce sont aussi six élèves sur 10 qui y font des recherches scolaires.

Mais les élèves s'estiment peu accompagnés. Pour une majorité de collégiens, l'école n'est pas le lieu où ils peuvent débattre librement de ce qu'ils voient sur Internet : seuls 29% des collégiens ont déjà débattu avec un professeur de ce qu'ils ont vu sur le web. Les collégiens estiment toutefois que leurs professeurs ont un rôle à jouer dans leur apprentissage et dans leur accompagnement. En effet, la majorité des collégiens estiment que ces derniers peuvent leur montrer des sites intéressants à consulter (68%), les aider à comprendre ce qu'ils voient et lisent sur Internet (67%), ou les aider à faire des recherches sur Internet (61%).