Les ados doivent baisser le son !

Ces dernières années, les Français sont de plus en plus nombreux à utiliser un casque ou des écouteurs pour écouter de la musique. Ils en font d'ailleurs de plus en plus une utilisation fréquente et intensive puisque celle-ci a été multipliée par trois entre 2007 (4,2%) et 2014 (13,3%). Et les adolescents sont particulièrement concernés. C'est ce que vient de révéler le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de veille sanitaire (InVS). Pour arriver à cette conclusion, 4 859 personnes âgées de 15 à 35 ans ont été interrogées. Leurs comportements, leurs attitudes et leurs connaissances sur leurs pratiques d'écoute de musique amplifiée ont alors été étudiés.

Les ados, davantage exposés à des niveaux sonores élevés. Les personnes interrogées sont trois quarts à déclarer utiliser un casque ou des écouteurs pour écouter de la musique. Cette pratique, qui baisse avec l'âge, concerne la quasi-totalité des 15-19 ans. En moyenne, seulement 13% des personnes interrogées en font un usage intensif et répété mais les 15-19 ans sont les plus concernés (25,4%). Mais à l'inverse, seuls 16% des utilisateurs ont déclaré ""toujours" ou "souvent" avoir diminué le volume sonore ou réduit sa durée d'écoute pour protéger ses oreilles au cours des 30 derniers jours" alors qu'ils sont près de 61% à ne le faire "jamais" ou "rarement". Concernant les concerts et autres lieux de loisirs, près de 60% des 15-35 ans déclarent y être allés au moins une fois au cours des 12 derniers mois. Ils sont par ailleurs 21,4% à y être allés au moins 10 fois sur la même période et il apparaît que les 20-24 ans sont les plus concernés (34,3% contre 17,4% pour les autres âges). 

Lien entre pertes auditives et retard d'apprentissage. L'usage fréquent et intensif d'un casque ou d'écouteurs ainsi qu'une fréquentation répétée de lieux de loisirs (concerts, discothèques…) sont considérés comme pouvant avoir un impact sur la santé. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait récemment alerté sur la menace et la gravité pour l'audition que représente l'exposition aux bruits de nature récréative. Et pour cause, ce serait près de 50% des jeunes âgés de 12 à 35 ans qui seraient exposés à des niveaux sonores dangereux liés à l'écoute de musiques dites "amplifiées" via leur baladeur ou leur smartphone et 40% y seraient exposés dans des lieux de loisirs, selon l'OMS. Le Comité scientifique européen des risques sanitaires émergents et nouveaux (CSRSEN) de la Commission européenne avait quant à lui réalisé une évaluation en 2008 qui a confirmé que "l'écoute de musique amplifiée par le biais d'un dispositif audio personnel est une menace importante pour l'ouïe". Les scientifiques avaient également constaté que les pertes auditives seraient associées à un retard d'apprentissage chez les enfants, à des difficultés d'insertion professionnelle voire même à un risque de dépression.